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Metal and Oddities Reviews
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9 mars 2016

MARBURG - Polemicist

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Proto Death Grind - USA - 29 Février 2016 - 10 titres – 16 minutes

J’ai des critères de qualité assez particuliers, mais j’avoue qu’un groupe qui commence son album avec un morceau intitulé « - --.---..-.-.-..-.....--. » a toutes les chances de me plaire. C’est crétin comme raisonnement, et pourtant, c’est viable.

La preuve, c’est le cas des Américains de MARBURG, dont j’ai adoré le Polemicist. Et aucun copinage là-dedans, puisque je ne les connais ni d’Eve ni de la dent. 

Polémiste : Personne qui déclenche la polémique. 

Quelle polémique est donc en jeu ici ? 

Simple. Celle d’affirmer que le Grind, et la musique extrême par extension sont des styles figés, qui doivent répondre à des codes précis, et renoncer ainsi à toute forme de liberté d’expression artistique. D’ailleurs, ces intrus de la grande maison Death Grind prennent grand soin de préciser dès leur présentation Bandcamp qu’ils sont adeptes d’un Grind libre de toute astreinte, qui ne répond pas au téléphone et qui pique des idées et arrangements au Death, à l’Electronique, au Funk, et qui place la technique instrumentale en principe de base.

Et pour une fois, foin de flagornerie en vue, les gus en question ne sont point des plastronneurs de bas étage, mais bien des terroristes avec quelques principes en poche. 

D’où nous viennent donc ces bandits pas manchots du tout ? De Californie, Los Angeles, et on ne les attendait pas vraiment de ce côté-là. On les voyait plutôt Anglais, ou à la rigueur Français, des potes de nos CARNIVAL IN COAL et autres 6 :33 par exemple, puisque leurs influences semblent avoir quelques accointances avec l’air humé par nos gloires déjantées locales. Au menu du parfum inattendu, du Grind évidemment, mais tellement dénaturé et trituré qu’il finit par ne plus y ressembler. Et là est tout le génie de ces olibrius assez polis, d’avoir démonté la carcasse des rythmiques en blasts pour la remonter façon Death-Funk, tout en abusant de samples aussi variés que menaçants, qui agrémentent des morceaux aux structures complexes et sans complexes. 

Un quart d’heure, c’est court, mais selon les standards Grind, c’est largement assez pour caser un maximum de boucan, ce que les MARBURG font d’une certaine façon. Nous avons donc droit à du Free Punk à tendance Core qui dévore la morosité et dope le système immunitaire (« 1% Nutritional Value »), à quelques blagues de bon ton que les TOTAL FUCKING DESTRUCTION auraient pu fomenter de concert avec des INTENSE MUTILATION de plus en plus cons (« Eat Shit And Die », seize secondes et du Proto Grind à foison), mais aussi à des tableaux plus conséquents et travaillés, qui n’oublient pas quand même de se moquer (« Welcome To You’re Doom »).

D’ailleurs, c’est cette dernière tranche qui permet au repas d’atteindre des proportions honnêtes, puisqu’il traîne son spleen de guingois sur plus de cinq minutes, dans un genre de Stoner/Doom pouilleux et maladroit. Riff Indus qui se traîne les cordes, chant graveleux qui hèle avec peine, rythmique bloquée sur deux croches de grosse caisse, et basse…qui se croit autorisée à explorer tout son manche en nous donnant envie de triturer le nôtre. Mais même en ne connaissant que brièvement la horde, on se doute que ce tube de l’improbable ne saura rester constant et nous content, et c’est pourtant ce qui se passe, nous laissant chancelant de son conformisme bedonnant. 

Mais il est vrai qu’après avoir fait la foire sur un Jazz/Grind spatial et glacial (« Suicide Nets », vous savez, ces filets que l’on accroche pour ceux qui auraient trop envie de tomber), avoir évoqué ces pauvres corps sans réaction dans des lits d’hôpitaux en béton (« Vegetative State », et sa basse qui tourne en rond), avoir poétisé cru sur les émois menstruels et leur flux (« Divine Menstruation », Death, Grind, Rock, Funk, Hard, le tout si bien mélangé qu’il donne envie de lécher), ou montré son respect de fondus en forme de bras bien tendu (« Hail Sagan », ou comment Devin rencontre les CARNIVAL IN C. dans une bibliothèque Parisienne après une cure de sorgho). 

Mais en dépit de ces consonances, allitérations et formes rhétoriques dont j’abuse plus que de raison, je l’affirme sans détour, ce Polemicist va effectivement déclencher une polémique, dont je me réjouis d’avance. Il va en effet confronter les timorés à leur propre couardise, et imposer de nouveaux objectifs en matière d’extrême festif, obligeant la plèbe grouillante à presser le pas et se montrer plus audacieuse. 

Alors prenons les paris, que va il se passer à Los Angeles une fois l’affaire découverte ? Les bimbos vont-elles se rhabiller ? Les maquereaux arrêter de traînées ?

Si comme Lennon, vous croyez être le Morse face au Charpentier, la réponse est dans l’introduction. 

« - --.---..-.-.-..-.....--. »

 

 

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