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Metal and Oddities Reviews
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9 mars 2016

DYSGENIC - Dysgenic

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Grind Powerviolence - USA - 24 Février 2016 - 8 titres – 12 minutes

J’aurais pu me la jouer cool et affronter le début de semaine en choisissant une tranche d’AOR sucrée, ou un bon album de revival Thrash histoire de rester sur pilote automatique encore un petit peu. Mais la grisaille, la perspective d’une semaine aussi chiante que les précédentes…Tout ça m’a donné envie de me secouer un peu, sous peine de tomber dans une léthargie certes rassurante, mais euthanasiante sur le long terme. 

Alors autant s’agiter les puces, et plonger dès le lundi matin, 9 A.M dans un grand bain de Grind acide, proposé par une bande de ricains visiblement très fiers de faire autant de bruit. Fiers, mais pas dupes, et plutôt résignés. Tandis qu’une frange de la population Black se vautre dans des principes douteux d’eugénisme et de théories Nietzschéennes éculées, d’autres privilégient le handicap et le dysfonctionnement génétique. Ainsi, nos Américains du jour placent leurs auspices sous des conditions différentes, et mettent en avant la dysgénésie, soit le handicap génétique qui se transmet de génération en génération. Pas mal comme provocation, mais assez opposé à la musique qu’ils pratiquent qui doit nécessairement impliquer un potentiel physique optimal, mais pas forcément des capacités intellectuelles au-dessus de la norme. 

De toute façon, un groupe qui place le mot Grind dans l’URL de son Bandcamp sait déjà à quoi son public potentiel est en droit de s’attendre. Du Grind évidemment, mais visiblement, un peu plus que ça. Plutôt une synthèse ultra violente de tous les courants extrêmes en vogue, un peu Powerviolence mais vraiment violence, un peu Death sur les bords, Crust et D-beat par jeu, et surtout intense, sans baisse de régime ni faiblesse, ce qui les place en porte à faux de leur patronyme qui lui évoque plus les approximations et les coups de mou.

Les DYSGENIC viennent de Birmingham, non, pas celui de ND, l’autre, situé en Alabama, dont ils ne chantent pas la chaleur avec de jolies guitares claires et bluesy, mais bien à grand coups de riffs épais et sales comme des ongles de pied.

A partir de là, pas de prise de tête inutile, d’autant plus qu’ils vous préconisent un lavage de cerveau en introduction (« All Parts Included, Some Brainwashing Required »), qui effectivement risque de mettre vos trois neurones restants à dure épreuve. 

La méthode ? Une rythmique carton qui mène la baston, des guitares qui dispensent des cours de solfège de l’extrême eérigeant le sous accordage en tant que dogme, et un chant vomi raclant ses cordes vocales au papier de verre gros grain. On connaît le principe, mais DYSGENIC l’applique avec un entrain indéniable, et une puissance assez impressionnante. 

A mi-chemin entre le gros Death qui pue et le gros Grind qui tue, Dysgenic ne verse pas dans la finesse de ton, et annihile toute velléité de finesse déplacée. Du bon bourrinage en règle, qui récure les tympans bouchés pour les laisser cramés. On pense à un NASUM version « petit matin qui hurle » agrémenté de quelques touches de ABORTED, en gros, la crème de la poix, l’excellence dans la démence, et une avancée en forme de coups dans la tronche, le tout dopé par une production gravissime qui offre une profondeur abyssale à l’ensemble. C’est joué carré, précis, ça n’oublie pas les chœurs de gorets, mais l’enthousiasme qui s’en dégage à quelque chose d’euphorisant, surtout lorsque le boucan atteint un pic d’intensité de dément (« Autocratic Thirst »). 

Le raisonnement est logique en soi, la violence pour la violence, même lorsque celle-ci se veut un poil plus nuancée, et se permet quelques allusions Crust vite noyées dans un torrent de Death Grind aux détails imperceptibles à l’oreille humaine (« Cyclical Slaughter »). Le massacre est en effet cyclique avec ces Américains, sauf que le cycle en question est très court, et relativement éprouvant.

Ça va parfois taquiner les cimes d’un Grind limite Math («The Nostalgic Taste of The Oppressed Masses »), qui accumule les morceaux de bravoure individuels sans se départir d’une technique au poil (« Found Dead In a Ballot Box », absolument horrible dans sa débauche de violence groovy), mais quoiqu’il en soit, c’est foncièrement bourrin, et ne cherche même pas à le cacher. 

Pas novateur pour un sou, l’appareil en question ne rend pas la monnaie et vous laisse les poches vides, la tête creuse mais heureux d’avoir été malmené pendant quelques minutes. Un EP parfait pour débuter une semaine sans surprises, comme un manège qui tourne sur un axe tournant lui-même autour d’un axe. Et peu importe que votre patrimoine génétique soit déficient, cette musique faisant appel à un ressenti primaire. Nul besoin d’extraire une racine cubique de tête pour en comprendre la logique, elle s’impose d’elle-même, comme la longue débandade Death Grind qu’elle incarne. 

Du bon bestial qui tâche. Allez c’est parti, c’est lundi, dans mon lit, et tout le toutim. Et ne comptez pas sur moi pour le faire.

 

 

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