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Metal and Oddities Reviews
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9 mars 2016

ZIPPO - After Us

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Apocalyptic Witchcraft Recordings - Fuzzy Stoner - Italie - 26 Février 2016 - 8 titres – 39 minutes

Italie, terre de contrastes, terre d’asile d’artistes tous plus innovateurs les uns que les autres, je t’aime. Tu m’as offert sur un plateau des groupes qui désormais font partie de mon Nirvana musical personnel, sans que Kurt Cobain n’ait rien à faire là-dedans. Et pourtant, après avoir passé ces dernières années à me séduire par tes exportations, tu continues sans relâche à me faire de l’œil en me soumettant des albums qui décidemment ont le don de faire tomber mes ultimes réticences, comme si mon dévouement et ma soumission artistique ne t’étaient jamais acquis. C’est beau, j’en conviens. Et ce matin, tu récidives. Non avec une quelconque nouveauté affriolante, mais avec en cheval de bataille un de tes groupes les plus confirmé. Ce groupe porte un nom qui réchauffe, et qui incite à allumer une première cigarette du matin, après l’amour, celui que son nouvel album propage tous azimuts.  

ZIPPO, c’est une longue histoire, qui remonte maintenant aux alentours de 2004, et qui s’est matérialisée au travers de trois longue durée, qui viennent aujourd’hui se compléter d’un quatrième effort. Au prime abord, la question paraît simple, et la réponse unique. 

ZIPPO serait donc le plus valeureux représentant du Stoner transalpin, sauf que quelque chose cloche. Ce qui me chagrine, c’est qu’ils sont beaucoup plus que ça, beaucoup plus que de simples chantres d’un Hard Rock fuzzy puisant son inspiration dans les divines seventies. Dans un abandon d’effort, on pourrait les comparer à un CLUTCH plus enfumé, ou dans un désir de formule, à un MASTODON qui aurait trop fumé. Mais s’ils dégainent volontiers leur briquet, ça n’est pas seulement pour allumer des cigarettes qui font marrer, mais aussi pour chauffer l’ambiance, et After Us la fait monter à des températures d’étuve.

Maktub avait aussi fait sacrément monter la pression il y a maintenant cinq ans, mais After Us remporte le défi de le reléguer au rang de simple souvenir agréable, par sa diversité et sa pertinence de ton, sans oublier de parler de ces huit morceaux tous aussi variés et indispensables les uns que les autres. 

Mais ZIPPO, c’est quoi après tout ? L’idée est simple en soi dans les faits, mais assez complexe dans la forme. Les musiciens (les mêmes depuis le début, fait assez rare pour être souligné) se réclament de musique, et seulement de musique, ce qui ne fait aucun doute. Le problème est que la dite musique est si riche et dense qu’il devient ardu d’en définir les axes. Si la plupart des critiques aiment y voir un subtil mélange de Stoner et de Progressif, les Italiens se permettent quelques débordements Noisy, mais aussi de fréquentes allusions Sludge, voire même un soupçon de Post Rock discret, plus dans les attitudes que dans le rendu d’ailleurs. Mais concrètement, que propose After Us par rapport à son aîné ? Plus de déviances, des mélodies plus prononcées ? Pas forcément, et parfois, la ligne de conduite est étrangement statique et linéaire, s’apparentant à un drone de l’absolu, qui ne dévie pas d’un iota de sa litanie d’origine («Familiar Roads » ou comment rester bloqué sur un riff en volutes qui en effet suscite une nostalgie indéniable).

Mais le quatuor ne reste pas pour autant focalisé sur les effluves du passé, et s’aventure même en terrain Noisy Rock, aux systématismes presque Indus (« Comatose », que les DINOSAUR JR et le YOUTH auraient pu s’approprier de concert, avec une basse à rendre Kim encore plus blanche), tout en taquinant un bon vieux Hard Rock sauvage et saccadé (« Adrift (Yet Alive)»). 

Alors, après eux le déluge ? 

En quelque sorte. Pousser le Stoner dans ses derniers retranchements tout en donnant l’air de ne pas y toucher n’est pas donné à tout le monde. 

Alors les longues suites s’imposent naturellement, tel le final « The Leftovers » qui n’aurait assurément pas pu être laissé de côté. Riff d’intro à la SAB de 72/73, redondant et gras comme le bide d’Ozzy, percussions flagrantes qui commencent à pousser la fièvre, accents orientaux traduits en langage du désert, chant murmuré dans un dernier souffle, la progression est constante et sinueuse comme un serpent en plein soleil. Dans ces moments-là, ZIPPO incarne le Heavy Rock dans toute son ampleur, et se laisse porter par un thème unique, mais majestueux, qui pave la voie à quelques échos de guitare qui s’évanouissent comme un mirage. Dans un genre différent mais à l’amplitude similaire, « Stage 6 » introduit une basse louche et perverse, qui s’entend décidemment très bien avec une batterie roublarde, tandis que les cocottes de guitare en écho laissent présager de l’explosion d’un lick qui ne tarde pas en effet à s’imposer. Improbable rencontre au milieu de nulle part entre ALICE IN CHAINS et QUEENS OF THE STONE AGE, ce morceau est symptomatique de la démarche totalement libre de ZIPPO, qui s’amuse énormément à synthétiser les courants qu’il affectionne pour les restituer sous une forme personnelle et envoutante.   

Ne vous inquiétez pas pour autant, si tant de brouillard vous effraie, amateurs de simplicité Rock car vous n’êtes pas pour autant négligés, bien que vous soyez considérés sous un angle très ouvert. Ainsi, le pachydermique morceau éponyme à tendance à vous voir comme des amateurs de Heavy à lourde tendance Grungy, vous proposant des lignes de chant à la Scott Weiland ou Layne Staley, soulignés de chœurs très 90’s, accompagnés d’une guitare dont les MELVINS eux-mêmes pourraient s’accorder. 

Il est assez étrange de constater qu’un groupe aussi en marge réussit la gageure de signer son meilleur album en le remplissant de sa musique la plus accessible. Mais là est le caractère farouchement indépendant de ces Italiens surprenants, qui alignent les albums cohérents sans jamais se répéter. After Us, comme ses grands frères ravira les fans de Stoner qui ne craint pas de se mesurer au Rock psychédélique, au Progressif modéré, et au Heavy Rock fuzzy.

En gros, un pont tendu entre les seventies, les nineties et le nouveau millénaire, sans en avoir l’air. Mais un pont qui mène à un univers parallèle très particulier méfiez-vous. 

Mais la musique vous emmènera si haut que vous ne penserez même pas à regarder en bas…

 

 

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