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Metal and Oddities Reviews
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16 mars 2016

GADGET - The Great Destroyer

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Relapse Records - Grind - Suède - 11 Mars 2016 - 17 titres – 26 minutes

A l’heure où chaque style extrême prône une ouverture certaine et ne sait plus se contenter de bases éprouvées depuis des années, il est bon de constater que certains s’accrochent à une philosophie et une éthique. Qu’ils n’ont de cesse de mettre à l’épreuve des constructions aux fondations solides, sans chercher à ajouter une fenêtre là où un mur fait parfaitement l’affaire. 

Et puis, admettons-le. Le Grind en tant qu’absolu définitif est un genre peu propice à l’ouverture. Mais en 2016, il devient quand même difficile de tomber sur un album qui en suit les codes sans les remettre en question ni les associer à des déviances qui se veulent originales. Ce qui n’empêche nullement le style d’avoir produit ces derniers mois des œuvres définitives et essentielles. Les exemples ne manquent pas, des collaborations diverses de FULL OF HELL au retour inopiné d’AGORAPHOVIC NOSEBLEED dans un registre surprenant, le Grind semble en perpétuelle renaissance, et ses plus ardents défenseurs sortent de plus en plus souvent leur habit de gala pour l’honorer comme il se doit.

 

Sauf que le Grind en soi n’en a rien à carrer des galas et des queues de pie. Tout ce qui l’intéresse, ce sont plutôt les queues de poissons, les bras d’honneur, et la vélocité à outrance. Le genre de dépassement sur départementale sans s’assurer que la voie est libre, au risque de percuter un tombereau à fumier de plein fouet. Cette sensation vous est étrangère ? Alors soyez heureux, car les vétérans Suédois de GADGET vous proposent d’en faire l’expérience. Hé là, qui voilà ? C’est GADGET bien sûr, mais n’espérez pas voir les barbares faire les malins avec des élastiques ou des gadgeto-chapeaux, ils sont beaucoup plus à l’aise avec un marteau qui frappe l’enclume bon train, sans montrer de signes de crampes aux biceps. 

GADGET, c’est avant tout dix ans d’absence. Formé à la fin des années 90 et valide dès la première démo Imitation Of The Grim Reaper en 1997, ils n’avaient pas sorti de longue durée depuis le terrifiant The Funeral March en 2006, et les retrouver tient autant du plaisir impromptu que de la surprise velue. Car à l’instar de Julio le playboy des pays chauds, ils n’ont pas changé. Ils sont toujours ceux qui vos oreilles ont ruinées, et n’ont pas l’intention en ce mois de mars 2016 de les ménager. Leur Grind est toujours aussi épais, leur destin est toujours supervisé par nos petits malins de chez Relapse qui leur ont juré fidélité, et The Great Destroyer ne vend rien sur parole, mais prouve ses dires et dézingue tout ce qui se trouve alentours.

Les huns reviennent, et se permettent même quelques collaborations de luxe, dont la plus fameuse permet à notre cher Barney Greenway d’officier dans les chœurs, ce qui vous en conviendrez est souvent un gage de qualité. Mais qui peut encore avoir des doutes quant à la valeur intrinsèque des blasts agrémentés de riffs d’acier de nos Suédois affamés ? Personne, j’en conviens le premier, et ce troisième LP ne fait que confirmer la réputation du combo en plaçant le boucan à la NASUM/THE KILL en avant. 

Pas de changement notable, la barbarie sait toujours se faire une place à table, et outre une production qui décoifferait même ce pauvre Alain Juppé, on note un surcroit d’énergie tout à fait Crust sur des morceaux comme « Collapse » qui palpitent d’un beat épidermique. A l’opposé, les ralentissements, aussi rares soient ils sont plus conséquents, et « In The Name Of Suffering » fait plus que citer EYEHATEGOD dans le texte et s’excite à décélérer le tempo pour taquiner le Sludgecore le plus outrancier.

Mais rassurez-vous, le dossier reste classé dans le casier « brutal et affolé », et la majorité des pistes n’hésite pas un seul instant à bouleverser le jeu de quilles comme un chien soumis à des démangeaisons de Blasts en hordes de puces sadiques.

Pas le temps de réfléchir, vingt-six minutes ça passe très vite et le leitmotiv de GADGET est toujours de les faire passer encore plus vite en restant bloqué sur un Crust Grind comme on en entend de plus en plus rarement. 

La sensation est la même et l’exercice simple. Vous sortez un matin d’hiver et vous vous prenez le vent et la flotte en pleine face pendant une demi-heure, ou vous alternez chaleur de sauna et fraîcheur des frimas, en plongeant nu dans un lac gelé après vous être enfermé dans une étuve à crever. Ainsi va la vie et l’œuvre de ces pourfendeurs de hippies, qui n’ont guère modifié leur approche après ce hiatus de quelques années.

Le pire, c’est qu’ils ne prennent même pas la peine d’avertir, et se dispensent d’intro pour entrer de suite dans le vif du sujet, avec un « Enemies Of Reason » qui semble en dire long sur leur opinion.

Et quoiqu’il en soit, mis à part le long final « I Don’t Need You/Dead And Gone » qui se plaît à faire durer la douleur, on dépasse rarement les deux minutes, et si vous aimez ND, NASUM, THE KILL et tous les puristes du Crust Grind qui ne jouent pas les malins Death, The Great Destroyer risque d’être votre came high pendant un bon moment tant il fait montre d’une puissance incroyable et d’une folie indéniable. 

Du bon, du solide et du frappé, comme on l’aime avant le café. Et même si ces dix années de silence vous les ont fait oublier, ils vont vite se rappeler à votre bon souvenir.

Et comme ils le disent, « Ils n’ont pas besoin de vous ». 

Par contre vous avez besoin d’eux. Alors ne finassez pas trop.  

 

 

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