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Metal and Oddities Reviews
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27 mars 2016

MACHINAGE - Slave Nation

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Thrash - Brésil - 25 Mars 2016 - 11 titres – 58 minutes

SEPULTURA nous présentait il y a quelques années (décennies même) sa vision d’un Slave New World, mais aujourd’hui, certains de leurs compatriotes nous parlent d’une Slave Nation, ce qui vous en conviendrez, revient un peu au même. Le temps passe, mais les obsessions de la scène extrême Brésilienne ne changent pas. L’exploitation, le capitalisme, l’asservissement par le maintien dans une précarité quotidienne, la guerre que doivent mener les plus faibles et démunis pour survivre…Sauf qu’en 2016, cette situation ne concerne plus forcément les pays les plus pauvres, où les disparités sont les plus flagrantes, mais aussi le monde en général qui doit se battre sur plusieurs fronts à la fois…

 

Nonobstant cette constatation somme toute assez déprimante, laissons-nous euphoriser par ce second album des natifs de Jundiaí, petite ville à l’est de Sao Paulo, qui lui offre bien des alternatives à la morosité ambiante. Selon la page Facebook du groupe, MACHINAGE aurait vu le jour en 2007, après avoir mené carrière pendant quatre ans sous le nom de TAKEOVER.

Un seul LP pour le moment, paru en 2011 et intitulé It Makes Us Hate, mais la discographie des Brésiliens vient donc en ce mois de mars s’enrichir d’un nouveau chapitre, dont le contenant et le contenu sont en parfaite adéquation. 

Slave Nation, pour l’instant disponible en format dématérialisé est donc le résultat de cinq années de tournées, de composition, et cette expérience acquise à la force du poignet se sent dans chaque riff et chaque ligne de chant. Ce second effort respire le professionnalisme par tous les décibels, et le travail accompli par le quartette (Fabio Delibo – guitare/chant, Bauer Adriano – basse, Ricardo Mingote – batterie et Ricardo Macan – guitare) est tout bonnement gigantesque. Sans pour autant représenter un certain avenir pour le Thrash classique adapté aux impératifs de 2016, Slave Nation en incarne une vision très propre et très carrée, qui ne rechigne pourtant pas à aligner ses influences le long de morceaux parfois très longs, mais souvent inspirés.

 

Ces mêmes influences sont parfois si évidentes qu’il faudrait faire preuve de surdité ou de totale mauvaise foi pour ne pas les remarquer. « My Monster » en déborde de tous les côtés, et s’il n’y avait le chant de Fabio pour apposer le sceau de MACHINAGE, nous pourrions croire à un inédit de MEGADETH époque Youthanasia, repris par un groupe local qui aurait eu le bonheur et la chance d’en acquérir les droits.

Mais heureusement pour nous, et pour eux, la plupart du temps, ces références sont assimilées au sein d’une structure globale personnelle qui a bien retenu les enseignements des maîtres.
De manière générale, le Thrash de MACHINAGE se veut médium, et souvent empreint de Heavy lourd et puissant. Il faut dire que les Brésiliens n’ont pas choisi la facilité en se perdant le long de morceaux très développés, qui n’hésitent pas à étaler leurs idées sur plus de cinq ou six minutes. Mais loin d’être redondant, leur Métal en fusion se veut au contraire très créatif, même dans les interventions les plus médiums. Ainsi « Spirits Of War », malgré sa durée excessive, utilise une fois de plus l’approche à la Mustaine, qu’il mâtine de riffs compacts à la METAL CHURCH/ANTHRAX, en agrémentant ce classicisme de percussions brésiliennes à la SEPULTURA de Roots. Un beau mélange, hétéroclite mais dosé à la perfection, et qui résume assez bien leur conception du Thrash. 

Peu de titres courts sur ce Slave Nation, dont le quartette affirme avec fierté qu’il a été encadré par des pointures du genre. Produit par Curran Murphy (ANNIHILATOR, NEVERMORE) et mixé par le légendaire Max Norman (Ozzy, Megadeth évidemment), présenté sous un artwork superbe signé de la plume du talentueux Jean-Michel (KEEP OF KALESSIN), ce second LP est une sacrée collection de chansons puissantes aux thématiques fortes, qui laissent autant de place à l’agression pure qu’à la mélodie.

Ceci est patent dès le morceau d’ouverture, l’implacable « Slave Nation », qui alterne avec beaucoup d’intelligence passages presque Mosh à la ANTHRAX et accélérations modérées à la MEGADETH des premiers jours. Le tout est géré avec un petit feeling New-yorkais à la OVERKILL, et sans faire trembler le style sur ses bases, les renforce avec beaucoup de conviction.

Certes, en presque une heure de musique, certains trouveront le plat un peu roboratif, mais avec des riffs aussi énormes que celui servant d’ossature à «  Voices », des rythmiques aussi explosives que celle du pétaradant « Secrets Of Life », et une tension progressive aussi élaborée que celle de « Destiny », ce LP se présente sous les meilleurs auspices et démontre des capacités de composition et d’interprétation largement au-dessus de la moyenne. 

Le pari de la modération et de l’élaboration était pourtant risqué. Il pouvait de fait rebuter les plus violents d’entre vous sans séduire les plus raisonnables.

Et c’est pourtant l’inverse qui se produit, les Brésiliens n’ayant retenu que le meilleur des influences qu’ils ont assimilées, et régurgitent un Thrash de très haute volée qui n’oublie pas de proposer des mélodies et des constructions solides avant même de penser à foncer dans le tas. Réfléchi, mais suffisamment spontané pour sonner frais, Slave Nation est une brillante démonstration de Thrash médium qui n’a pas rangé la puissance au placard, et qui n’accélère que lorsque le besoin s’en fait vraiment sentir. Avec en sus un travail en solo en tout point admirable, cette nouvelle livraison pourra sans peine se ranger sur vos étagères (une fois que la version physique sera disponible bien sûr) entre le Countdown To Extinction de MEGADETH et le Horrorscope d’OVERKILL. 

Ce qui n’est pas un mince exploit vous le reconnaîtrez.

 

 

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