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Metal and Oddities Reviews
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25 mars 2016

METAL CHURCH - XI

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Rat Pak Records / Nuclear Blast - Heavy Metal - USA - 25 Mars 2016 - 12 titres – 62 minutes

Dans l’absolu, METAL CHURCH a peut-être été victime de la plus grande confusion qui soit dans le petit monde du Metal mordant. Vendu à tort par son label et la presse comme un énième Thrash act plus pataud que la moyenne, le groupe de Kurdt Vanderhoof a longtemps souffert de cette labellisation trompeuse, mais aussi, de l’ombre de METALLICA qui les rejetait de la lumière qu’ils méritaient pourtant amplement.

Car sincèrement, Metal Church et The Dark restent pour moi et la légende comme deux des plus grands albums de pur Heavy Metal US des 80’s, rien de moins. Mais ça, je vous en ai déjà parlé, alors je ne vais pas rabâcher, même si cette injustice m’énerve profondément. Et puis, c’est vrai, parler du passé de ce quintette, c’est occulter quelque part son présent, et ça aussi, c’est une erreur qu’il ne faut pas commettre.

 

Alors XI. Simple, lumineux, comme le onzième album d’un combo qui poursuit sa route comme il le peut. Ce nouvel album est historique, en un point très particulier. Historique parce qu’il célèbre le retour en fanfare d’un des vocalistes culte du gang, Mike Howe, qui avait pris la place encore chaude de David Wayne pour trois albums successifs, The Human Factor, Blessing In Disguise et Hanging In The Balance. Tous trois excellents évidemment, un ton en dessous des deux premiers, insurpassables, mais largement au-dessus de la mêlée brouillonne du Heavy Metal US de l’époque, en plein marasme.

Howe avait alors sombré avec le navire, à l’occasion du premier split de 1994, et Wayne avait repris le siège vacant, avant de le laisser définitivement à Ronny Munroe, jusqu’à la seconde séparation de 2009. On le retrouvait sur Generation Nothing, l’album du comeback de 2013, mais il faut avouer que ce retour n’avait pas déclenché les passions chez les fans…Pas forcément inspiré, un peu mou du genou, ce LP en avait déçu plus d’un, qui attendait donc les CHURCH au tournant…Et ce tournant, le voici donc, sous la forme d’une onzième entrée… 

«Au départ, j’étais plus qu’hésitant sur un retour éventuel dans le groupe. Et puis j’ai entendu les riffs que Kurdt était en train d’écrire, et j’ai craqué. L’appel de cette musique a été trop fort, et je voulais faire partie de l’aventure. » 

Ainsi s’exprime Mike au sujet des raisons de son retour au bercail. Mais doit-on pour autant prendre ses déclarations pour argent comptant ? Certes, des riffs, XI en contient un certain nombre. Mais sont-ils performants, tranchants, lourds, d’or ou d’argent ? Après quelques écoutes quasi religieuses, je me dois d’être objectif et mesuré. Certes XI semble pour le moment supérieur à son prédécesseur, mais nous sommes encore très loin des standards de qualité des fabuleuses années passées…il y a longtemps. J’ai d’ailleurs dû attendre le quatrième morceau de l’album pour dodeliner légèrement du faciès, tant les trois ouvertures sont convenues et plutôt « décontrastées »…Il faut en effet patienter jusqu’à l’épique n’roll « Signal Path » pour retrouver le CHURCH que l’on connaît, celui qui aiguise ses riffs sur une meule massive, et qui développe des ambiances lourdes sans jamais tomber dans un bourbier qui alourdit les pieds. Passages futés en acoustique, refrain collégial qui malgré une patine « Heavy Allemand » rentre bien dedans, solo travaillé, et long développement méchant, c’est l’archétype de la marque de fabrique du quintette, et ainsi, tout le monde est content.

« Sky Falls In » parvient à maintenir la cadence grâce à une syncope malicieuse, et rappelle même la dîme que Jeff Waters et son ANNIHILATOR devrait toujours payer aux originaires de San Francisco pour l’avoir guidé dans ses premiers pas. Un peu trouble en l’état, mais méchamment Heavy, comme un pacte signé entre CHANNEL ZERO et le ANNIHILATOR de Set The World On Fire, ce morceau signe enfin le départ d’une collaboration retrouvée inspirée.  

 

Et visiblement, ces deux morceaux successifs semblent redynamiser l’album qui décolle enfin, et retrouve les impulsions des grandes heures CHURCH/Howe, puisque « Needle & Suture », malgré son classicisme Thrash renoue avec la magie de Blessing In Disguise et Hanging In The Balance, mid tempo en avant, saccades plein d’allant et voix qui semble ne pas avoir subi les ravages du temps. C’est d’ailleurs une constatation sans équivoque possible, Mike n’a rien perdu de son talent et chante toujours aussi grand. Mais il est soutenu dans ses vocalises par une section rythmique qui trouve un second souffle dans les compos de Kurdt, comme cette basse sauvage et clinquante sur le traquenard «Shadow », qui menace comme une ombre dans la nuit et rampe comme un ennemi tapi.

Plus sournois, « Blow Your Mind » laisse dérouler une intro grondante, qui finit par exploser sur une guitare tonitruante et grinçante. Pour le coup, et avec un peu de mémoire, on se croirait replongé dans les eighties bénies, et la paire Kurdt/Mike ne fait rien pour nous en éloigner. Riff énorme et sadique, chant qui s’adapte et joue la comédie avec brio, c’est du très bon boulot… 

Et sans tomber dans le linéaire, si « Soul Eating Machine » se contente du pilote automatique qui guidait MC il y a trente ans, « It Waits » lui, virevolte à basse altitude et frappe au moment le plus opportun avec beaucoup de malice. Ton feutré, chant susurré, fausse mélodie en trompe oreille avant que la guitare ne se réveille et ne lâche quelques bombes en accords mineurs.  « Suffer Fools » n’a plus qu’à retrouver la pêche de « Start The Fire », et le bonus, « Fan The Fire » de laisser rebondir une basse à la OVERKILL le long d’une échine The Human Factor pour emporter l’adhésion générale sans retenue. 

Je l’avoue, j’ai eu très peur. Avec trois morceaux trop convenus placés en intro, XI sentait le pas de côté complètement foiré, ce qui aurait eu de quoi salement gâcher les retrouvailles tant fêtées. Mais il suffisait d’avoir confiance, et de laisser l’album dérouler pour se rendre compte que le CHURCH n’a en aucun cas perdu la main, et que Mike a su leur apporter une confiance qu’ils semblaient avoir perdue. Kurdt n’a pas oublié comment composer du gros Heavy efficace et ciselé, et signe ses meilleures chansons depuis une éternité. Certes, la cible The Dark est encore largement hors de portée, mais les trois LP signés avec Howe au chant sont facilement égalés, ce qui est déjà une sacrée victoire.

L’aventure peut donc continuer…Espérons que cette fois ci le line up soit stabilisé, et que Howe se sente suffisamment chez lui pour ne pas repartir un peu sonné. 

Mais XI a de quoi en remontrer aux petits jeunes qui auraient bien aimé enterrer la bête… 

« Parfois, je n’arrive pas à y croire moi-même ». 

Là, c’est Kurdt qui s’exprimait, en évoquant le retour de son vocaliste bien aimé. Et en écoutant XI, je crois comprendre de quoi il voulait parler…

 

 

 

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