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Metal and Oddities Reviews
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25 mars 2016

LEE AARON - Fire & Gasoline

leeaaronfirecd

Big Sister Records - Hard Rock - Canada - 25 Mars 2016 - 11 titres – 48 minutes

Bon, on ne va pas se la jouer les gars hein ? Si on s’est intéressé à la belle Canadienne dans les années 80, ça n’avait pas grand-chose à voir avec sa musique…Les Metal ladies étant plutôt rares à l’époque, et pas toujours forcément très avenantes, le cas de Lee était vite réglé…Des pochettes plutôt aguicheuses, un minois mignon et pour une fois pas en béton, c’était avec Doro et Lita notre sex symbol en l’état, celle qui nous mettait en émoi et humidifiait nos rêves de jeunes boutonneux maladroits et…puceaux. 

Je l’avoue, ses premiers disques ne m’ont jamais emballé. Un pote les avait achetés en Angleterre, et si les covers me séduisaient au plus haut point, les sillons ne me faisaient pas vraiment brandir les poings. Hard Rock mollasson, convenu et de saison, tout ça sentait le réchauffé à peine préparé. Et puis, alléchée par le marché US qui cartonnait, la belle a commencé à insuffler un peu de Rock Fm à son Heavy musclé, et la donne a changé…Son album éponyme était déjà plus abordable, mais comme pour beaucoup, j’ai fini par lâcher prise, la jolie demoiselle vieillissant, avec sa musique qui me laissait indifférent.

 

Et au moment de parler de son dernier LP, je l’avoue, j’avais bien l’intention de m’amuser. Ressasser le passé, lui parler de sa jeunesse flétrie et de son charme dépassé, enfin en gros, jouer les salauds et lui faire regarder son reflet dans le miroir sans aucune galanterie. Il faut dire que je n’attendais rien de sa musique, qu’elle joue pourtant sans discontinuer depuis ses jeunes années, car au contraire de beaucoup de ses consœurs, Lee n’a jamais jeté l’éponge, malgré une vie de famille prenante et des obligations pressantes. Elle arpente toujours les scènes, et fait parfois des rencontres qui donnent un coup de fouet à son inspiration. Celle avec Sean Kelly s’est justement révélée déterminante. Une fois amis, la belle Lee a contribué à l’ouvrage rédigée par le guitariste de Nelly Furtado consacré au Metal Canadien, et finalement, de fil en chapitres, les deux nouveaux associés ont décidé de continuer leur collaboration avec du gros son. Composition, rédaction, et après quelques mois à l’unisson, voici donc le fruit de leur réflexion, sous la forme d’un longue durée qui je le reconnais est plutôt…béton !!! 

Oui, j’ai donc du ranger mes désagréables réflexions, et admettre l’évidence…Sur le dernier Lee Aaron, on danse ! La belle a retrouvé une énergie qui lui faisait défaut sur ses dernières sorties, et nous balance sans complexe un LP truffé de Rock moderne qui déménage et qui en plus fait le ménage. Si ses premiers LP étalaient plus son corps de déesse qu’une démonstration de Hard Rock en liesse, ce Fire And Gasoline ne donne pas dans la publicité mensongère et brûle tout ce qui traîne sur le bitume et les étagères. Les albums que vous aurez placés à côté de ce dernier effort risquent fort de fondre sous la chaleur de mort qui anime des pistes qui foncent droit devant, et qui se souviennent qu’avant d’être Hard, le Rock fut fort.

 

Mais rendons à César ce qui appartient à la déesse, c’est bien Lee qui a composé la majorité du matériel de ce LP nouveau-né, et de ce côté-là, il ne diffère pas vraiment de sa production des dernières années. Sauf que l’arrivée de Sean dans l’équipe semble lui avoir donné un sacré coup de fouet (en tout bien tout honneur bande de voyeurs), et que sa guitare a dynamisé des compos qui oscillent entre un Pop/Hard Rock de première bourre (« Wanna Be » qui commence comme une ballade Jazzy un peu sexy, avant de dégénérer en Hard Rock torride et Punky), et la fausse ballade grassement Bluesy (« 50 Miles », il y avait longtemps que Lee n’avait pas sollicité ses cordes vocales ainsi).

En fait, Fire And Gasoline, plus qu’un album de plus, prend des airs d’air du temps, et synthétise tous les courants, celui du Rock adulte qui n’a pas oublié qu’il avait été enfant. C’est sans doute pour ça que l’on tombe sans prévenir sur une introduction d’avenir, qui chante comme Britney mais défonce somme Debbie (« Tom Boy », qui ressemble beaucoup à ce que la jeune génération provoc’ à la DIAMANTE peut accoucher), et transforme la douceur stéréotypée en road trip countrysant et électrifié (« Nothing Says Everything »). 

Et là, plus question de se focaliser sur le physique avantageux de la belle, l’argument n’est plus d’actualité depuis longtemps. Certes, la Canadienne est toujours aussi jolie, mais avant tout, c’est sa musique qui séduit. Certes, il faut occulter qu’elle fut en son temps une reine du Metal auto proclamée, mais après tout, le temps passe et les priorités se tassent. Alors Lee assume son âge et ses responsabilités, et joue un Rock adulte que ses enfants pourront écouter pour ne pas rester incultes (« Bitterweeet », doux amer justement, avec son groove syncopé que les radios pourraient diffuser si elles n’étaient pas si bornées), mais elle n’a pas pour autant oublié quelle sauvageonne elle était (« Bad Boyfriend », un truc aussi explosif sur un album d’Aaron, ça cartonne dans le genre up tempo qui jamais ne déconne avec refrain qui tonne)… 

Non, Lee Aaron n’est plus cette jeune amazone au glaive atone qui frappait des coups dans l’eau sur fond de Heavy Metal pataud. Elle a depuis longtemps appris à rocker, et Fire & Gasoline ne doit rien ni à Call Of The Wild, ni à Body Rock, et entre le Heavy en toc et le faux Hard Rock en stock, il a choisi l’option Rock qui parfois se dope à la Pop et au Punk mastoc.

Cette collaboration entre Lee et Sean trouve une bien belle conclusion, et j’ai bien du rengainer mon oraison…Fire & Gasoline est bon, très bon tout du long, et prouve que les années n’ont pas de prise sur nos aînés.

Mais aujourd’hui, ce n’est plus avec son minois ou sa silhouette que la diablesse fait fantasmer, mais bien avec sa musique rauque et enragée. 

Elle avait bien raison de s’accrocher et de ne pas abandonner. 

Il y a de quoi être fière de vieillir mais de toujours éblouir.                     

 

 

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