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Metal and Oddities Reviews
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1 avril 2016

DEAD HOUR NOISE - Bad Things Are Going To Happen To Good People

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Silver Maple Kill Records - Crust Grind - USA - 25 Mars 2016 - 8 titres – 17 minutes

Avec les attentats qui secouent le monde, qui emportent les vies d’êtres humains sans état d’âme, le titre du nouvel EP de ce groupe venant du Michigan est fort à propos. En effet, depuis quelques années, des choses fort désagréables arrivent à des gens très bien, et surtout, des innocents.

DEAD HOUR NOISE. Encore une fois, un nom de groupe très à propos au vu de la situation…Et musicalement, la charge est tout à fait adaptée aussi, ce qui fait de cette sortie un hasard du calendrier qui tombe pile…Ou pas. Mais après tout, l’art est ce qu’il est, une adaptation/déformation de la réalité à des fins de divertissement, ou au contraire de prise de conscience globale. Sauf que ceux-là ne veulent rien vous faire comprendre. D’où le dilemme. Si, ils le disent eux même, sur leur Bandcamp et leur Facebook, alors vous pouvez leur faire confiance. 

« DEAD HOUR NOISE est un groupe de Rock N’Roll qui ne prêche pas » 

Alors de deux choses l’une. Soit ils ne sont pas vraiment conscients de la portée de leur message et en outre, ils ont de sérieux problèmes d’audition, soient ils manient l’ironie avec un art consommé. Car d’une, ils n’ont rien d’un groupe de Rock N’Roll, à moins de concevoir la naissance du style à partir du premier UNSANE ou à la rigueur SONIC YOUTH, et de deux, ils prêchent, indirectement certes, mais ils prêchent. L’amour du bruit, et de la réalité qui nous entoure.

Et dans les deux cas, ça fait mal aux tympans, mais aussi au rêve. D’un monde meilleur, qui est déjà mort de sa moche mort il y a bien longtemps. 

Mais revenons à eux.

 

Ils se sont formés en 2013 du côté de Lansing, Michigan donc, et ont fortement été influencés par le Noise, le Grind, mais aussi le Mathcore, ce qui paraît difficile à croire lorsqu’on écoute la première partie de cet EP. Il commence en effet sous des auspices absolument furieux, lacérés de blasts et de hurlements, de tempi Crust bien mouvants, et de fait, l’emprunte Mathcore semble impossible à déceler à ce moment-là. Mais comme en plus d’être un peu fourbes, ils sont futés, les cinq olibrius ont bien caché leur jeu, puisque Bad Things Are Going To Happen To Good People fonctionne à plusieurs niveaux/couches, un peu comme un miroir sans tain qu’on observerait des deux côtés. Alors certes, « The Looming Sky » et « Performance Art Is Shit » semblent dès l’entame dériver vers une énième exaction à la ENT/DOOM/SIEGE FIRE, et font admirablement bien leur boulot d’ailleurs, mais « Gambler », en troisième de couverture brouille un peu les pistes en s’échappant vers des horizons presque Sludge pour le moins chaotiques et dissonants.

Accident de parcours ou désir de variété ?

Non, simple cassure annonciatrice d’une suite pas si prévisible que ça finalement… 

Ils nous l’avaient dit, on ne le croyait pas forcément après ce qu’on avait entendu, mais en effet, « Guerra » annonce la non couleur et place les monochromes Math en relief, tout en gardant cette forte identité chaotique qui si elle n’adopte pas tous les codes du Hardcore, en épouse bien les contours. Mais Math. Pas celui de DEP, pas le Chaotic Core des CONVERGE, plutôt un truc entre les deux, et même un peu excentré, comme si THROES ou les TRAP THEM se retrouvaient coincés dans un vortex espace-temps qui les obligeait à répéter leur plans en hésitant un peu. Puissant mais déstructuré, toujours sombre parce qu’après tout la lumière franche c’est aveuglant, et finalement, on se surprend à découvrir un tout autre groupe bien plus intéressant qu’un simple Crust act de plus à rajouter à une liste déjà trop longue. 

« Seth’s Baby » d’ailleurs, confirme la piste d’un Sludge vraiment sourd, avec son riff tirant la couverture Doom à lui, pour une courte nuit d’à peine trois minutes. Nuit très rapidement interrompue par un cauchemar bruitiste Math/Grind, terrifiant de sa guitare qui semble bloquée sur un motif horriblement strident (« Wood Chipper Abortion »), qui d’ailleurs vous laisse dans un état catatonique proche de la mort, admirablement bien décrit par le long « Dead Dreamer » qui confirme l’inéluctabilité de votre état. Le groupe utilise alors toutes les armes à sa disposition, et élabore une tentative de réveil à base de Math Chaotic Core dissonant à l’extrême, qui part un peu dans les électrochocs Free Grind, avec injection rythmique instable et couverture chauffante un peu grésillante.

« Danger Dance » résume l’aventure en se retrouvant dans toutes les étapes déjà développées, et offre une vue d’ensemble de guitares amples et noires, d’un duo basse/batterie toujours hésitant et ferme à la fois, et d’un chant diffus qui hurle ses instructions de loin. Une opération sans anesthésie, qui laisse dans les nimbes, un peu groggy, mais ravi d’avoir entrevu la vérité. Du moins, une partie. 

Alors, peut-être qu’ils disent vrai, et qu’ils ne prêchent pas. Peut-être sont-ils sincères, et tout ça n’est alors qu’un discours qu’ils se répètent à eux-mêmes. Mais quoiqu’il en soit les gars, vous n’êtes pas du tout un groupe de Rock. Le Rock détend, euphorise, exorcise. Vous au contraire, vous crispez, vous effrayez, vous intriguez, et vous stressez. Non que tout ça soit désagréable au contraire, mais dites au moins la vérité. 

Sinon vos fans potentiels vont vous prendre au pied de la lettre et vous faire beaucoup de mal. Vous savez, comme vous les dites si bien, des choses terribles peuvent arriver à des gens bien.

Mais comme en fait, vous n’êtes pas des gens bien, vous ne risquez pas grand-chose…  

 

 

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