Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Metal and Oddities Reviews
Archives
6 avril 2016

THE DISTANCE - Radio Bad Receiver

a0646622764_10

Note A Bene / Wagram Music - Alternative Pop Metal - France - 1er Avril 2016 - 12 titres – 48 minutes

Alors comme ça les mecs, votre radio est mal calée ? Genre des parasites, une réception aléatoire qui subit l’influence des champs magnétiques ? Ou alors bloquée sur une station en Po-GO qui a bien trente ans de retard, tout du moins une bonne vingtaine ? Pas grave, après tout, ça peut être sympa de retomber sur des émissions des années 90, ça a de quoi inspirer parfois. Et j’ai comme l’impression que c’est votre cas. Dès le départ, vous voulez mettre un fossé entre vous et nous, parce que s’appeler THE DISTANCE n’est jamais un hasard. A moins que vous n’évoquiez la douce nostalgie temporelle de votre musique qui renvoie à des modes passées depuis des lustres.

Je pencherais plutôt pour cette solution, vous avez l’air assez sympa à la base, et pas du genre à jouer les divas. C’est d’autant plus clair que vous jouez une musique généreuse qui ne lésine pas sur le partage…

 

J’ai lu pas mal de choses à votre sujet. A dire vrai, à posteriori. Je ne vous connaissais pas, mais comme un pote aux goûts aussi fins que les jeans slim qu’il porte m’a recommandé chaudement d’écouter votre dernier album, j’ai suivi son conseil.

Et je ne le regrette aucunement.

Pour le gag, il m’a aussi précisé qu’on retrouvait en votre sein la section rythmique d’un ancien combo fameux et furieux, qui à priori n’a rien à foutre ici sauf le bordel. Marrant quand même, parce que SCD (je n’écrirai pas leur nom par peur des représailles à base de tripailles), c’était pas vraiment du bronze, et j’ai vraiment du mal à les imaginer jouer ces lignes rythmiques stables sans partir en couille dans des blasts affolés. Mais peut-être se sont-ils calmés…

On vieillit…

Votre musique elle, a peu de chance d’éprouver le poids du temps, puisqu’elle se situe justement en dehors. Vous avez choisi dès votre premier album de ne pas être à la mode, et c’est tant mieux. Mais vous avez aussi choisi de ne pas être totalement Hard Rock, et de ce côté-là, certains vous en ont un peu voulu. Ça vous a sans doute coûté quelques chroniques et quelques sourires grinçants, des formules de politesse en veux-tu en voilà, et un peu de chauvinisme aussi, du genre qui excuse des albums qu’on n’apprécie pas mais dont on parle quand même, parce que c’est d’ici…  

Bon, mais arrêtons là ce laïus aussi vague qu’insipide, et parlons chiffons, enfin musique. Les comparaisons les plus régulières à votre propos évoquent les FOO FIGHTERS, PEARL JAM, les QOTSA, et même U2 et RADIOHEAD. Pas mal dans le genre éclectique, mais à moitié faux en tout cas, pour au moins la moitié d’entre elles. Les FOO, pourquoi pas, après tout, vous avez l’assise Rock et les riffs francs de Dave G. Le JAM, je ne suis pas forcément contre, tout dépend des morceaux…Mais le Stoner ici, il faut vraiment le chercher pour ne pas le trouver, et je ne m’y suis même pas amusé.

Non, car Radio Bad Receiver est plutôt Rock, avec cette touche alternative des 90’s qui vous aurait permis de passer sur MTV avec un bon gros encadré « Noise », ou « Rock » en bas à droite de l’écran, histoire que les gamins sachent qu’ils devaient vous écouter.

Sauf qu’on est plus en 91/94 et que les gosses d’aujourd’hui ont des goûts de chiotte… 

Mais cet album, et ces douze morceaux m’ont rappelé d’autres trucs, plus contemporains mais aussi nostalgiques et sans étiquettes que vous. Tiens, parlons par exemple d’un sain crossover entre la fraîcheur 80’s de THE LOCAL BAND et l’énergie brute mais assez nuancée des 7 WEEKS. Oui, je sais qu’en tant que musiciens vous détestez les étiquettes, mais il faut bien expliquer les choses un tant soit peu. Vos guitares sont à mi-temps, parfois bien tranchantes, parfois en arpèges délicieusement vintage, un peu The Edge ou Yorke, mais avec cette délicatesse qui pourrait aussi rappeler la scène Indie d’Athens, il y a de l’écho, du delay, le son n’est définitivement pas estampillé 2016, et j’avoue que c’est plutôt bien senti. Et puis Mike, en tant que frontman à la double casquette, tu assures, j’aime bien ton délié de la main droite et les accents un peu mélancoliques de ta voix qui sait pourtant se faire plus ferme quand il le faut.

 

Mais en fait, tu es à l’image de ce groupe qui ne cherche pas à se fixer sur un style particulier. C’est d’ailleurs ce qui vous met en porte à faux et qui a poussé certains webzines à traiter Radio Bad Deceiver avec des pincettes. Parce qu’en sus de ce Rock somme toute très indépendant, vous n’hésitez pas à tâter de la Pop un peu radiophonique, ce qui découle sur un mélange hétéroclite qui peut en effet repousser une partie de la fanbase Metal. Mais comme le purisme m’a toujours profondément emmerdé, c’est justement vers ces petites perles pas franchement straight que mes préférences sont allées. Tiens par exemple, « More Than Serious », c’est exactement le genre de morceau que j’adore à la base, un peu STEREOPHONICS et VELVET REVOLVER dans l’esprit, avec ces lignes vocales tout en retenue qui explosent à l’occasion d’un refrain vraiment bien torché.

Même chose pour le dansant « Perfect Things », qui m’a ramené sur le dancefloor de GARBAGE, avec pour compagnie une jolie Sharleen Spiteri qui aurait pris des cours de lascivité chez Debbie Harry. Un titre pareil, Richard Patrick l’aurait inondé de distorsion, et du coup ramené vers des rivages Indus, mais pas vous, non, vous avez préféré garder cette patine Techno Wave qui finalement, vous écarte avec intelligence de la masse.

Bien vu. 

Mais évidemment, vous n’occultez pas complètement la rébellion, vous êtes trop intelligents pour ça. Et ce son de gratte bien garage sur « Mesmerize », en effet ça met dans le coton mais en restant lucide, un peu comme si Dave Grohl se réveillait la nuit en étant persuadé d’avoir trouvé le nouveau « Satisfaction ». Et en plus, vous ne faites pas de ronds de jambe. « Thanks You For Nothing », c’est malin ça comme intro, ces chœurs séduisants, ce riff un peu voilé, et puis le morceau éponyme qui cavale comme un mod poursuivi par des Rockers, avant de s’écraser sur le pavé, genre Big Rock défoncé par les GIRLS AGAINST BOYS. Non, rien de rien, je ne regrette rien, parce que nuancé ou affirmé, votre Rock est garanti original et décalé. Pas vraiment affichées vos intentions, quoique vous n’avez jamais prétendu être straight alors ça tombe bien.

En tout cas, pour un deuxième album, ça frappe fort et comme vous le dites si bien lors d’un morceau que les RADIOHEAD auraient pu entonner de concert avec SUEDE peut être, « Don’t Try This At Home ». 

Non, pas la peine d’essayer, car la radio est bloquée. Bloquée sur un programme pas d’actualité, mais qu’on écoute avec un peu de regret au coin de la mémoire.

La distance, elle sépare…Les amours, les amis, mais elle rappelle aussi qu’on peut franchir des montagnes si on en a envie.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Metal and Oddities Reviews
Publicité
Publicité