PANZERWERFER - Demo

Raw Black - UK - 5 Avril 2016 - 8 titres – 12 minutes

Je continue donc à m’abreuver à la fontaine intarissable de l’underground pour y découvrir toujours plus de musiciens incorruptibles qui font ce qu’ils veulent dans leur home studio. Enfin ce home studio se résume la plupart du temps à une carte son de bonne qualité installée sur un ordinateur, ou d’un multi pistes numérique d’occasion, déjà un peu fatigué sur les bords…Ces pérégrinations m’amènent à cette heure précise dans les West Midlands d’Angleterre, à la rencontre d’un homme qui mène sa barque en solo, au sein d’un side-project assez sombre et quelque peu misanthropique…

Le Raw Black, on ne va pas encore se lancer dans des descriptions inutiles, puisque tout le monde connaît le principe par cœur.

Mais permettez-moi de présenter mon ami anglais…

Orthus, membre d’AEGORTON est un homme pluri disciplinaire, qui en sus de son projet initial s’est senti des velléités solo, qu’il a donc matérialisées via la première démo de ce projet PANZERWERFER. Pour les inclûtes ou ceux qui n’en ont rien à foutre de la seconde guerre mondiale, sachez qu’un Panzerwerfer est un semi-chenillé lance-roquettes, en gros, un truc qui avance implacablement et qu’on n’utilise généralement pas lorsqu’on est animé d’intentions pacifistes.

Le genre de véhicule qui taille sa route en balançant de jolis projectiles sur son passage pour causer un maximum de dégâts, et permettre de percer de sacrés trous dans la défense ennemie. L’ennemi d’Orthus, semble être le conformisme, et le BM surproduit, puisque cette démo, disponible en cassette comme à la grande époque du tape-trading, se contente de produire un Black très sommaire et très « brut », sans pour autant verser dans l’occulte de pacotille ou le Noise Black imbuvable.

Il le dit lui-même, dans un accès de sincérité assez louable. « Cette démo de PANZERWERFER est brute et sans pitié, agressive et bruyante. Elle m’a permis d’explorer une voie dans le BM plus violente et crue ». Argument promotionnel de bon ton qui précède d’ailleurs un conseil très pragmatique, celui d’acheter sa cassette, au visuel « sobre, mais frappant ». Effectivement, la jaquette de la démo est à l’image du son qui en émane. Orthus n’a pas cherché la complication, et s’est contenté de signer quelques riffs hautement primitifs, posés sur une rythmique pas vraiment rapide mais plutôt up. Ne vous attendez donc pas à un déferlement de blasts, là n’est pas le propos, mais plutôt à un démarquage entre les débuts de la scène scandinave des 90’s, mâtiné d’impulsions barbares héritées des premières années de HELLHAMMER, le tout chanté à la Quorthon. Pas désagréable dans le fond, assez classique dans la forme, mais ça fonctionne, même si les huit morceaux sont presque en tous points similaires. 

Mais après tout, le Raw Black c’est aussi ça. Une linéarité de ton, une crudité de son, et de ce côté-là, PANZERWERFER ne pratique pas la musique de bois, mais essaie de l’envoyer tant bien que mal. De plus, la production, pourtant sans artifices ne vrille pas trop les tympans, même si les médiums sont salement mis en avant. On parvient sans peine à distinguer la basse, qui de toute façon suit le riff principal avec une fidélité indéfectible, et la rythmique, comme toujours dans ce style, est plus ou moins reléguée en arrière-plan, d’un écho grésillant qui paraîtra légèrement agaçant à certains. 

Pas forcément désagréable, cette démo ne laissera pas un souvenir impérissable à vos oreilles, mais reste sympathique, pour peu que vous aimiez les guitares monolithiques et rachitiques, les modulations d’un demi ton, et les lignes vocales écorchées qui font mal au larynx par procuration. On n’évite pas les petites erreurs assez étranges (la note finale de « Before The Lidless Eye » qui ne sait pas trop ce qu’elle fout là), et « Nuclear Fallout », sans son mimétisme avec le DARKTHRONE le plus abstrait, est assez séduisant en l’état. 

Pas de quoi déclencher un nouveau conflit entre l’Angleterre et le reste du monde, mais en tout cas, une petite démo/cassette qui vous permettra d’en savoir un peu plus sur ce musicien totalement acquis à sa cause. Celle d’un BM très sauvage, qui n’accepte aucune influence extérieure. 

Un truc underground en fait, et qui le restera, sans aucun doute. Mais comme c’est le but recherché, je n’y vois aucun problème.