REMISO - Demo 2015

Sista Versen Records - Crust D-Beat - Suède - 1^er Novembre 2015 - 9 titres – 15 minutes

Une matinée consacrée à l’underground, et j’avais sérieusement l’impression d’avoir bien fait mon boulot. Après tout, j’avais parcouru le monde, du Mexique à l’Angleterre, en passant par les USA, j’avais tâté du Raw Black, du Math Screamo, du Hardcore, alors que demander de plus ? J’étais moi-même ébaubi de ma naïveté…Que demander de plus ? Et j’osais en plus me poser cette question lénifiante de stupidité ? Bon mais comme la dite question était adressée à moi-même, les dommages furent minimisés. Mais la réponse me crevait les yeux.

Une matinée en sous-marin, et rien sur le Crust et le D-beat ? Mis quel imbécile…LE carburant suprême ne coulait pas dans mes veines, et sans le savoir, j’allais donc passer un après-midi rongé par le remord…Il me fallait corriger ça, et le plus rapidement possible, dans tous les sens du terme. Dont acte.

Une question, cette fois ci adressée à toi cher lecteur. Lorsqu’on veut le meilleur D-beat, quel vélo prend-on pour se rendre dans quel pays ?

Tu sèches ?

Grand sot. N’ai-je donc pas assez parlé de la Suède dans mes précédents laïus ? Mais c’est bien sûr…Alors on enfourche le bicycle infernal, et on pédale jusqu’à arriver à Malmö pour y découvrir les REMISO, qui en fin d’année dernière se sont fendus d’une démo absolument hallucinante de puissance et d’inventivité.

Inventivité dans le D-beat ou le Crust ?

C’est encore possible ?

Oui, si on prend un malin plaisir à le transformer en crossover discret, mais tangible. Car effectivement, les REVERSO ne se sont pas contentés de singer les gloires, mais ont pondu leur barouf personnel, qui présente bien des caractéristiques inhabituelles. D’abord, des Suédois qui chantent en portugais, ça n’est pas banal. Mais dites-vous que tout ça est fait à dessein, puisque leur musique elle aussi emprunte quelques astuces sud-américaines pour parvenir à ses fins.

Une fois n’est pas coutume, le label responsable de la distro de cette cassette a le verbe juste, et la formule honnête et idoine.

Ils parlent d’un crossover étrange entre le Hardcore Brésilien de la fin des années 80, de RATOS DE PORAO, LOBOTOMIA, CRUCIFICADOS PELO SISTEMA, et de Thrashcore survitaminé, ce qui en soi pour un groupe de D-beat est assez décalé. Mais c’est bien ce qui rend cette démo absolument indispensable, puisque les REMISO jouent en effet une sorte de Crust/D-beat incroyablement puissant et velu, comme si les groupes pré cités avaient découvert cette forme de violence un peu en avance, pour la jouer à leur façon… 

C’est simple, en écoutant cette Démo 2015, je m’en suis voulu. Voulu de ne pas l’avoir découverte plus tôt tant elle a changé ma perception des choses quant à la scène Core nordique, qui malgré des atouts irréfutables, à tendance depuis quelques années à appliquer les mêmes recettes sans se remettre en question. Ici, tout va très vite, mais la rage déployée est si intense qu’on en reste sans voix, ce qui n’est pas le cas du groupe qui porte la sienne à un degré de violence euphorique d’une intensité incroyable. On retrouve bien évidemment les rythmiques inhérentes au genre, mais celles-ci sont transcendées d’une approche radicalement Métal, piochant effectivement dans le répertoire lusophone de la fin des années 80, lorsque le Hardcore Brésilien commençait à bénéficier du buzz autour de SEPULTURA. 

Ecoutez donc l’intro de cette démo, qui est tout sauf du remplissage de présentation. En moins d’une minute, les Suédois abordent le registre du Trashcore ricain des CRYPTIC SLAUGHTER et autres WEHRMACHT, et lancent une énorme bombe dans votre sale gueule de petits blasés de violence aseptisée. Celle de REMISO est tout sauf stérile et convenue, et plutôt du genre bienvenue, dans un underground qui commence à tourner en rond en matière de Hardcore efficace mais joyeux.

Comme en plus les guitaristes ne rechignent pas à soloïser, vous comprendrez que l’affiliation Metal n’est pas usurpée, loin de là.

Un titre comme « Hemorragia » a de quoi en effet faire saigner vos oreilles, avec son patchwork de Thrash, de Hardcore, de D-Beat et de Fastcore, mais lorsqu’on se rend compte qu’il est immédiatement suivi par la bombe Thrashcore « Violencia » qui n’a jamais autant mérité son nom, on a franchement du mal à s’en remettre. En plus, les salauds balancent encore un solo mi Rock mi Métal, le tout sur fond de riffs qui virevoltent comme une bonne paire de baffes dans la tronche d’un sale gosse.

Mais dites-vous que ce rythme infernal ne faiblit jamais, puisque les gus ont privilégié les formats courts, ce qui leur permet de garder cette cadence du début à la fin. A partir de là, on se rend très vite compte que cette démo est une vraie boucherie Crossover, bourrée de petites trouvailles incroyables, mais surtout d’une envie de bouffer la conformité par les deux bouts. Les explosions s’enchaînent sans temps mort, même si le tempo va et vient, pour ne pas tomber dans une routine fatigante, et si le pays d’origine de ces tarés n’était pas mentionné sur leur Bandcamp et leur page Facebook, il serait impossible de deviner qu’ils viennent de Suède et non pas du Brésil… 

Tiens pour vous achever, je vous dirai juste qu’ils terminent leur tape sur deux reprises couplées, l’une de OLHO SECO et l’autre de CRUCIFICADOS PELO SISTEMA, qu’ils les jouent avec encore plus de hargne que leurs modèles, et que si ça ne suffit pas à vous convaincre, je ne sais plus quoi faire et autant lâcher l’affaire. Un son qui dépote, des musiciens qui ont une niaque d’enfer, pour la meilleure démo de D-Beat qui n’en soit pas une.

Une putain de bombe je vous dis. Alors magnez-vous de voir si la cassette en question est toujours dispo et achetez là bordel. 

Sinon, vous resterez la bonne grosse bande de jean foutre que vous avez toujours été.