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Metal and Oddities Reviews
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17 avril 2016

CIRRHA NIVA - Out Of The Freakshow

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Parnassus Records - Gothic Progressive Metal - Pays-Bas - 14 Avril 2016 - 8 titres – 56 minutes

Vous savez ce que c’est. Souvent, régulièrement, on suit un groupe de loin, le connaissant de nom ou de réputation, mais sans vraiment avoir écouté sa musique. Alors on se base sur des éléments extérieurs pour s’en faire une idée. Des pochettes, un look, un style, des titres d’albums, en gros, des futilités qui ne sont que forme et pas fond. Et puis un jour on écoute. Et on est surpris, enchanté, déçu, ou…quelque chose qui se situe entre tout ça.

C’est ce qui m’est arrivé ce matin, lorsque j’ai enfin décidé de chroniquer un LP des Hollandais de CIRRHA NIVA.

J’aurais pu/du m’y mettre plus tôt. Après tout, tout me renvoyait vers eux. J’aimais l’artwork de leurs albums, leur apparence m’intriguait, et puis cette façon de définir leur musique comme étant du Gothique Progressif, ça avait de quoi attiser ma curiosité. Mais j’ai attendu, jusqu’à aujourd’hui. Et j’ai été surpris. Etonné et surpris. Mais pas déçu non, au contraire, juste aiguillé sur la bonne piste.

Celle d’un Metal progressif très riche, mais pas Gothique pour un sou. Juste Heavy, et progressif. Ce qui est déjà beaucoup.

 

Les CIRRHA NIVA ont derrière eux une jolie carrière, pas de celles qui garantissent les premières pages de magazines, mais dont on peut s’enorgueillir en société. A raison d’ailleurs, puisque depuis leur création en 1993, ils n’ont pas chômé, et aligné les réalisations tout à fait dignes d’intérêt. Quatre longue durée, un EP, une poignée de démo, et pas mal de concerts bien sûr. Mais surtout, un sens aigu de l’indépendance, via un DIY absolu. Ils ne doivent rien à personne, et j’avoue avoir beaucoup d’admiration pour les groupes capable d’afficher vingt ans de parcours sans avoir bénéficié de l’aide de grosses structures. Mais lorsque j’ai écouté (attentivement, respect oblige) Out Of The Freakshow, j’ai très vite compris pourquoi. Outre une imagerie et un concept soignés, les cinq Bataves jouent une musique précieuse mais efficace, loin d’un quelconque gothique de pacotille, mais proche d’un Heavy progressif tel qu’on le pratiquait dans les 90’s, à l’instar de groupes comme DIVINE REGALE ou MIND’S EYE.

 

For Moments Never Done, leur précédent LP, avait trouvé de très bons échos dans la presse, comme chacune de leur sorties d’ailleurs. Et gageons qu’avec ces monstres de foire, cet écho ne s’évanouira pas dans l’indifférence de la nuit, tant ce nouvel effort est à la hauteur de ses prédécesseurs. Il est difficile de se renouveler dans un genre aussi cloisonné, pourtant, CIRRHA NIVA y parvient, année après année, et ce, malgré de nombreux changements de line-up. Cette fois ci, c’est Nathanael Taekema qui assure les pistes de batterie, mais Out Of The Freakshow accueille aussi pas mal de guests, comme Devon Graves des excellents PSYCHOTIC WALTZ, venu poser ses lignes de flute et son chant sur le morceau « Just Another Legacy », ou Lisette Van Den Berg (SCARLET STORIES) qui apporte une plus-value à « Afraid To Bleed ».

La sublime pochette est signée par le studio Blacklake Design, et cache huit longs morceaux, dans une veine progressive tout à fait délicate et ciselée, qui s’inscrit dans la plus droite lignée des travaux antérieurs des Hollandais.

Pas de crainte à avoir, les titres bénéficient toujours d’une grande attention au niveau des arrangements, mais ceux-ci ne servent pas de décorum. Ils sont parfaitement intégrés aux structures, et sont souvent le fruit d’une instrumentalisation élaborée et sophistiquée, et non pas de l’abus d’effets sonores inutiles et roboratifs. Après tout, les musiciens ont tous un bagage technique certain, qu’ils mettent au service de compositions complexes qui pourtant, sonnent spontanées à l’écoute. 

CIRRHA NIVA est tout sauf un groupe démonstratif. C’est plutôt un groupe « émotionnel », qui tente par sa musique de faire passer un message, et qui y parvient. Mené de voix de velours par Legrand, vocaliste sobre mais puissant, au timbre chaud et velouté sans dépasser les bornes de l’étalage lyrique, ce groupe est résolument unique dans son créneau, même si beaucoup l’affilient à la scène progressive des années 90, qu’ils jugent d’eux-mêmes « statique ».

Certes, la musique de ce nouvel album n’a rien d’actuel, mais c’est sans doute aussi pour ça que je l’apprécie tant. Pas d’esbroufe, pas de « jeunisme », mais de la sincérité. Certes, de temps à autres les cinq tentent le coup de l’air du temps, comme sur l’agressif «Time », qu’un DREAM THEATER aurait pu composer (quoique la ressemblance avec Awake évoque plutôt les early 90’s, donc pas vraiment d’innovation contemporaine), mais sur l’intégralité de l’album, l’influence qui se dégage le plus selon moi serait un genre d’adaptation de la fluidité de RUSH dans un contexte purement Metal. Ce qui vous en conviendrez, est assez séduisant… 

L’énergie est privilégiée, évidemment, mais la nuance est maîtresse. Tout au long des six premiers morceaux, l’assise Rock est affirmé, et ce, jusqu’à la conclusion, en forme de diptyque pas vraiment lié par la forme, mais plus par le fond. Car Out Of The Freakshow  se termine par deux pièces essentielles, l’instrumental sublime et fragile « Reprise Of a Beautiful Day », amas de nuages paisibles déchiré par un long solo de toute beauté et de quelques variations rythmiques éparses, qui précède l’épique « Just Another Legacy », qui avec ses douze minutes offre une clôture digne de ce nom. Douze minutes qui passent en revue tout le CV des Hollandais, avec en apport cette flûte légère et virevoltante maîtrisée puis libérée par Devon Graves, qui permet à cet ultime morceau de consacrer en union les univers oniriques de RUSH et JETHRO TULL, tout en gardant en ligne de mire cette puissance Rock/Métal qui n’en fait jamais trop. 

Sans connaître en profondeur l’œuvre des Hollandais, je pense pourvoir affirmer que ce quatrième album se rangera aux côtés des plus grandes réussites de leur histoire, ce que semblent confirmer les premières impressions des fans et webzines.

Il se pose en tout cas en album parfait dans un style progressif subtil, et fait le tour de la question en huit compositions solides, qui ménagent pourtant quelques petites surprises sinon étonnantes, du moins rafraichissantes, comme ce dernier morceau qui est vraiment un trésor à lui seul. 

« After escaping your worst nightmare you find yourself in one that’s even worse » 

C’est LeGrand qui parle, mais pourtant, il est difficile de croire que cette musique en soit un…

 

 

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