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Metal and Oddities Reviews
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17 avril 2016

SURGICAL METH MACHINE - Surgical Meth Machine

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Nuclear Blast - Brutal Industrial Music - USA - 15 Avril 2016 - 12 titres – 40 minutes

Un matin comme un autre. Je fouille, je mate le nom des archives, souvent tronqué, et j’ouvre. J’écoute au pif, et si un truc retient mon attention, c’est du tout bon. On s’en occupe. Et puis rarement, on ouvre un zip, on extrait, et puis le nom vient titiller les deux neurones. Genre… « Hum…ça me dit quelque chose ça »…

SURGICAL METH MACHINE…

J’avais entendu parler de ce truc via Loudwire, ou Billboard je ne sais plus et peu importe, et soudain, mon esprit s’est remis à l’endroit et je me suis souvenu.

Hallelujah.

Parce que SURGICAL METH MACHINE, c’est quelque chose d’énorme, c’est même plus qu’un truc énorme. C’est le dernier projet en date d’Al « fuckin’ » Jourgensen.

 

AL FUCKIN’ JOURGENSEN !!!!!

 

Alors dans ce cas précis, on jette toutes les autres archives à la poubelle et on loue son sixième sens d’avoir ramené aux berges de la conscience des instincts inconscients.

 

Bon, je ne vais pas vous faire la bio du bonhomme, ni un topo rapide parce qu’on s’en tape. Lorsque le nom de Jourgensen est écrit quelque part, on écoute, et on prend son pied. Pour rappel, l’homme se cache derrière bien des pseudos et des side-project, MINISTRY, je n’en parlerai pas plus que ça, mais on peut citer les REVOLTING COCKS, 1000 HOMO DJ’S, LARD, BUCK SATAN, et puis des centaines d’autres collaborations. Mais c’est pourtant de MINISTRY qu’il va me falloir parler, puisque cet énième projet en presque solo est né durant les sessions de From Beer To Eternity. 

« On avait cette idée de faire la musique la plus rapide possible pour l’homme. Et puis on a fait autre chose »

 

Oui, il a fait autre chose. Il s’est souvenu du MINISTRY le plus Indus et bourrin de sa mémoire, et il a amplifié le désastre. Mais attention, en langage Jourgensen, désastre ne prend pas le même sens. La plupart du temps, il est synonyme de succès brillant, d’idées de psychopathe. Et une fois est coutume dans son cas, le résultat est encore largement au-dessus de la masse grouillante des brailleurs de samples pas forcément inspirés et qui accumulent les boucles sur fond de riffs moisis. Et puis le mec à cinquante-sept balais, alors il sait ce qu’il veut depuis longtemps. Et le but avec Surgical Meth Machine était de faire le plus de bruit blanc possible. Et aussi, de ne pas oublier que son sens de l’humour n’est définitivement pas le même qu’un clampin lambda. Et quand on commence un projet annexe par un truc aussi hilarant et assourdissant que « I’m Sensitive », on sait pertinemment que les fans vont adorer.

Sensible Al ?

Il doit l’être d’une certaine manière, mais en l’occurrence, il se fout plutôt de notre gueule, nous les accros aux plateformes sociales, qui dépendons trop de l’avis et de l’attention des autres. Lui, il a passé six mois sur Facebook, et en est ressorti horrifié…Quelle vacuité…Alors il se marre, sort une intro rythmique digne du « Headlong » de QUEEN en version speed, et balance des vers qui donnent des trucs du genre « I don’t fucking care », avant de lâcher les BPM pour se rapprocher du Terrorcore.

Pas encore au niveau des affreux Diabarha évidemment, mais la boîte à rythme est quand même proche de la surchauffe…

 

Pour faire simple et me faire comprendre des esprits les plus primaires, MINISTRY, c’est la rage Indus canalisée, alors que SURGICAL METH MACHINE, c’est plutôt la haine Indus débridée, laissée en l’état. Un massacre annoncé, et qui finalement à eu lieu. Pour se faire plaisir. Et pour se faire plaisir, Al a blindé son truc de samples, de bruits, de larsens, de dissonances, de stridences, de cris, pour transformer un premier LP en céphalée carabinée. Et…ça marche. C’est tellement bordélique et violent dans l’électronique qu’on pense d’abord à un featuring caché d’Alec Empire, mais non, c’est bien Al et son fidèle Sam D’Ambruoso qui sont responsables de cette tuerie pour les oreilles.

J’exagère ? Ecoutez « Tragic Alert » alors. Vous pigerez je pense.

 

Et il s’est fait plaisir, vraiment. Pas de cohérence, juste un foutoir incroyable qui pourtant convainc, parce qu’il est si intense qu’il en devient d’une sincérité touchante, et parfaitement adapté à son époque de bruit et de fureur. Alors il reprend les DEVO à son compte et règle le sien à « Gates Of Steel », parvenant même à ne pas trop abimer le Növö et à garder son ambiance de danse de Saint Guy pour droïdes fans d’électroménager. Tiens, il en fait même un hymne, c’est tout dire.

Mais c’est bien un des rares cas de cohérence.

Ah si, « Rich People Problems ». Un genre d’hommage à son pote Mike Scaccia, disparu, le « Shredder de tous les shredders » selon Al. Alors un solo pour se souvenir de l’ami en question, et puis un morceau bien Heavy qui rappelle le plus MINISTRY. Et puis aussi des histoires de « Carte Verte », du genre qui t’accorde la Marie Jeanne sous prescription. Enfin du Jourgensen quoi. 

Le Jourgensen sans pitié, on le retrouve sur le très moqueur « Unlistenable », et son « You’ve gotta be fucking kidding me ». Une grosse pique adressée à IRON MAIDEN et LAMB OF GOD, qui selon le maître, sont des « fucking jokes ». Et en effet, pour bien leur faire assimiler le message, il balance un truc inécoutable, encore plus chargé que le reste de l’album. Mais que ça fait du bien d’être mauvais…Mais le pire, c’est qu’une fois de plus, le clown fait référence à Facebook, et tous ces haters…Dont il ne veut pas faire partie…Alors tout va bien.

 

Des intermèdes bizarres (« Just Keep Going »), de gros beats dansants comme si les GO GO’s s’accouplaient avec SKINNY PUPPY (« Spudnik »), un peu de trash Thrash, mais vu de loin au travers du prisme MINISTRY (« I Want More », qui aurait sans problème pu figurer sur un très bon LARD ou même sur Psalm 69), et puis l’ami Biafra venu faire un tour pour rigoler un coup (« I Don’t Wanna », genre de RAMONES de l’hyper espace Techno). 

En gros, du bruit, du bruit, des riffs tronçonnés, des rythmiques qui explosent, et un nombre incalculable de sons qui s’entrechoquent, se font mal. Une tuerie, une thérapie qui n’en est pas une, mais tout au plus, un nouvel épisode de la saga Jourgensen qui donne plus de spin-off qu’un soap d’Aaron Spelling. Une sorte de blague à ne pas prendre au sérieux ni à la légère, largement à la hauteur des albums les plus radicaux de MINISTRY pourtant. Et il insiste Al, il ne faut pas se prendre la tête, il le dit lui-même à Loudwire. 

«Tu sais, ça ne devait pas ressembler à ça…Les gens prennent cet album au sérieux, ce qui me scie…On l’a fait pour s’éclater, pas pour avoir un deal ou gagner du fric, et se retrouver chez ce putain de Jimmy Kimmel ou ce putain de Jimmy Fallon ou je ne sais quoi. C’est juste mon avis sur ce qui se passe, comme je le fais d’habitude avec MINSTRY, les COCKS ou LARD ». 

Oui, c’est exactement ça. Tiens, je sais en fait. C’est le « Gabba Gabba Hey » de Jourgensen, mais hurlé sur une piste de danse qui passe du ATARI TEENAGE RIOT et du MINISTRY en même temps. Et puis non. C’est juste…Un album qui va au bout des choses, et que Jourgensen aura oublié dès le mois prochain. Cinquante-sept ans, mais pas sénile pour autant. Juste un mec qui enregistre, et qui passe à autre chose. Conscience sociale, rejet de la futilité, mais aussi du sérieux.

Une éclate totale, et l’album du mois tiens.

Juste pour le faire chier.   

 

 

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