Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Metal and Oddities Reviews
Archives
23 avril 2016

LA FIN - Empire Of Nothing

a3306671302_10

Post Metal - Italie - 4 Avril 2016 - 4 titres – 27 minutes

5 mai 1947. 

Evelyn McHale se jette du promontoire d’observation de l’Empire State Building. Elle s’écrase sur le toit d’une voiture garée en contrebas. Robert C Wiles fixe la scène pour l’éternité sur une photographie qui fera le tour du monde. Une photographie troublante de beauté morbide, qui présente la pauvre jeune femme, morte, dans une position d’un étrange esthétisme et romantisme. Il est possible d’être choqué par le contexte, mais il est impossible de ne pas être fasciné par ce cliché qui présente tous les aspects d’une mise en scène macabre, et qui pourtant, ne fait que décrire une réalité bien triste.

La mort, le choix de mettre fin à sa vie. Pourquoi ? Comment ?

Et surtout, cette question à laquelle personne ne saurait répondre.

Que peut-on ressentir dans les derniers instants de son existence, alors qu’on a délibérément choisi d’y mettre un terme ?

 

Cette question, les Italiens au nom prédestiné de LA FIN ont tenté d’y apporter une réponse, sous la forme d’un EP quatre titres qui sort en ce mois d’avril. Et je dois reconnaître que leurs morceaux sont à l’image de cette fameuse question énoncée peu avant.

Hermétiques, poétiques, brutaux, et troublants.

 

LA FIN, c’est tout d’abord un sextette s’articulant autour de Loris Laugelli, guitariste. En faisant fonctionner son réseau d’amis et collègues, il a réuni autour de lui Lorenzo Ruggiero (guitare 8 cordes), Michele Banfi (guitare 6 cordes), Federico La Torre (basse), Riccardo Marino (batterie) et Marco Balzano (chant). Oui, trois guitares pour un ensemble de six musiciens, histoire d’exploiter tout le potentiel de chaque instrument, Loris se chargeant lui-même de la sept cordes. Beaucoup de cordes en effet, pour beaucoup de couches et de textures, et à l’écoute de ce Empire Of Nothing, on réalise bien vite que tout ceci n’est pas qu’un caprice ou un gimmick, mais bien une configuration exploitée de façon presque optimale, donnant à l’ensemble un son gigantesque qu’il est pourtant facile de décomposer en strates. 

Conceptuellement, LA FIN n’a pas tenté d’expliquer le geste de la pauvre Evelyn, ni le réflexe de Wiles. Le groupe s’est posé en observateur extérieur, se demandant justement ce que pouvait éprouver une personne ne croyant plus en son propre avenir. De ce point de vue-là, je vous laisse vous référer aux lyrics, qui vous en diront bien plus, mais musicalement parlant, la transposition est bluffante, même si certains petits défauts inhérents à toute première production sont encore présents. Mais en très petite quantité, je vous rassure. 

Post Metal donc, bien que l’étiquette ne couvre pas forcément tout le spectre des Italiens. Disons que c’est un raccourci facile qui évite de se répandre en détails, mais il est tout à fait possible de voir en leur musique une extension du Post Hardcore moderne, teinté de Sludge, de Shoegaze, et de Metal tout court. Sur des structures évolutives, LA FIN a brodé des thèmes harmoniques très délicats, sans pour autant atténuer la puissance de ses chansons. Un peu à la manière d’un HYPNO5E, le sextette ne cherche pas à se rattacher à un courant en particulier, et reste extrême quel que soit l’angle. Ils peuvent tout aussi bien au sein d’un même morceau évoquer le Mathcore que le Sludge, le Post Hardcore ou le Metal progressif, sans qu’on puisse les rattacher à un de ces wagons en particulier (« The End », mon morceau favori, subjectif évidemment…).

Il n’est pas non plus interdit de voir en cet EP un mélange involontaire des errances sombres de CULT OF LUNA et de l’aspect contemplatif de THE OCEAN, avec une emphase mise sur la rage et l’incompréhension (« Consciousness », le titre le plus plombé du lot, qui se frotte même à NEUROSIS par moments, sans tomber dans les répétitions).

 

Mais pour une première réalisation, Empire of Nothing fait montre d’une belle maîtrise, et prouve que les deux années passées à le peaufiner n’auront pas été vaines. Il faut dire que l’alternance permanente des climats harmoniques et des poussées de fièvre Post Hardcore sont agencées avec talent, comme le démontre le complexe « The Fall », qui enfile les parties sans se montrer redondant pour autant. Le chant clair n’est pas encore très bien maîtrisé par Marco, mais ces même petites approximations apportent de la fragilité au projet, le rendant encore plus humain et donc proche de son concept de base. 

Parfois, le spectre déformé d’un Doom fortement teinté de Metalcore un peu dream fait surface, notamment sur le fabuleusement nostalgique « Time », qui juxtapose des arpèges très tranquilles et des riffs vraiment forts. Le chant de Marco est à son apogée sur ce morceau, parfois un peu triste, puis entrant soudain dans une colère gigantesque, le tout soutenu par une rythmique à l’ossature vraiment solide et inventive. En gros, du neuf avec des éléments déjà existant, comme un cycle de vie parvenu à son terme et qui se prépare à un renouveau.

Ce qui est une formule qui sied très bien à LA FIN… 

Je ne sais pas ce qu’a pu éprouver Evelyn, durant les quelques secondes précédant sa chute dans le vide. Ni ce que les badauds assistant à ce tragique spectacle ont pu penser.

 

Mais il est possible que Empire of Nothing en dévoile des bribes de réponses. 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Metal and Oddities Reviews
Publicité
Publicité