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Metal and Oddities Reviews
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26 avril 2016

KILL-TECH - Codex

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Thrash Death - Norvège - 22 Avril 2016 - 9 titres – 43 minutes

Puisque j’étais en Suède ce matin, autant effectuer un pas de côté pour me retrouver chez leurs voisins Norvégiens. Mais cette fois-ci, point de Crust à l’horizon des côtes, ni de Black Metal, mais plutôt d’une forme assez étrange de Thrash moderne, fortement teinté de Death vraiment véhément sur les bords et au milieu. Décidemment, les nordiques sont toujours aussi à l’aise dans le grand écart, et ne supportent que rarement la modération. Alors entre les groupes revival AOR et Hard Psyché et les flingués fans de Crust et de Nihilistic BM, il y a un fossé que les musiciens du cru n’hésitent jamais à franchir.

Mais là pour le coup, ce geste devait être accompli, et en écoutant ce premier album de KILL-TECH, je me dis que les locaux sont décidemment à l’aise dans tous les créneaux. Et que lorsqu’ils décident d’enjamber le dit fossé, ils plantent solidement leurs pieds du bon côté, sans jamais chanceler.

 

Quelle est donc l’histoire de ce groupe qui se réduit à l’état de duo sur sa page Facebook ? D’un côté, Butch, guitare. De l’autre, Dreggur, au chant.

Entre les deux, personne.

Mais une bio, pour une fois assez intéressante.

Pour connaître les origines de ce tandem sympathique, il faut remonter jusqu’en 2006, alors que leur entité s’appelait encore BLUE MONDAY, sans doute inspirés par le morceau homonyme des NEW ORDER. Quelques concerts, une réputation qui commence à brûler toutes les lèvres des fans d’extrême, et de fréquentes visites à Oslo, ou Trondheim pour diffuser la bonne parole. Et puis, changement de patronyme après avoir remporté un genre de Battle of the Bands local, puisque décidemment, ce nom ne convenait à personne. Exit les BLUE MONDAY et bonjour les KILL-TECH, appellation moins originale mais plus idoine. Une fois ce lifting opéré, opération premier album en vue, avec des mois de travail de composition et d’enregistrement, pour enfin aboutir au résultat tel que nous le connaissons aujourd’hui. 

Codex.

 

Alors, que cache donc ce manuscrit, dissimulé sous une couverture de toute beauté ? Des secrets antiques, de l’alchimie, des formules incantatoires inavouables ? Pas du tout. Pas de recette magique à se mettre sous la langue, mais quelques chapitres d’une musique plus étrange qu’elle n’en a l’air, et qui hume l’air du temps tout en gardant dans ses naseaux des parfums d’autrefois. Une musique pas facilement identifiable, qui dans sa forme rappelle l’énergie du Thrash, la puissance écrasante du Death, quelques touches de gothique soft, mais surtout, pas mal de liberté de ton. Un mélange pas facile à décomposer, mais qui en tant que tout, passionne et intrigue. Vraiment

 

Pour faciliter les choses et donner quelques repères, le duo mentionne quelques influences notables qui ont déterminé les grandes étapes de leur parcours, et citent notamment PANTERA, LAMB OF GOD, mais aussi MACHINE HEAD, TESTAMENT…Si celles-ci ne sont pas employées forcément à dessein, elles vous permettront d’entrevoir la direction artistique des Norvégiens. Elles sont d’ailleurs parfois assez fidèles, comme le démontre le fabuleux morceau épique « Codex Gigas » qui effectivement sait utiliser les arpèges mélodiques de la bande à Chuck Billy, mais aussi la force de persuasion de l’école Néo Death nordique. Une construction évolutive, un développement progressif, qui effleure même l’inspiration d’un STRAPPING YOUNG LAD, pour un résultat optimal, aussi harmonieux et trompeur qu’il n’est brutal et frondeur. 

Mais tous les morceaux longs ne portent pas cette marque appuyée. Ainsi, le terrifiant et implacable « Ripping Flesh » use d’un mid tempo écrasant truffé de nids de poule en double grosse caisse, mais laisse pourtant traîner des riffs en demi-teinte parfaitement délicieux, qui de temps à autres, filtrent une lumière tamisée en arpèges électriques, dignes du meilleur OPETH. Pas de trace de Doom pourtant, loin s’en faut, et cette mélancolie n’est souvent que passagère. Codex reste un document rédigé d’une plume brutale, qui ménage quelques signes de ponctuation aérant sa prose agressive.

Et lorsque l’agression atteint une sorte d’apogée, elle nous entraîne dans une sarabande de violence exacerbée, qui fricote grave avec les tranchées d’AT THE GATES, lorsque les Suédois se planquaient en embuscade («Dead Ringer »).

 

Bénéficiant d’une production parfaitement adaptée au caractère foncièrement abrasif de l’ensemble, Codex est un papyrus qui déroule ses commandements à son rythme, mais qui rappelle quand même le TESTAMENT le plus costaud (« Roar Of Death »), et qui prend beaucoup de plaisir à mélanger le Thrash moderne avec des touches de Death limite mécaniques dans le fond (« Gates Of Hell »). 

Mais en fait, il garde un pied sur chaque rive. 

Pas entièrement Thrash puisque trop sauvage pour ça, mais trop mélodique et nuancé pour se réclamer d’un Death massif, KILL-TECH est entre deux eaux, ce qui ne l’empêche nullement d’y trouver son compte. Moi-même qui suis allergique à toute forme de mélodie dans la véhémence y ai trouvé le mien, ce qui signifie que les Norvégiens ont ce petit quelque chose en plus qui les différencie de la masse. Un pont original et un peu onirique (“Gates Of Hell” encore, truffé d’arrangements finauds), une succession de frappes massives sur un up tempo diabolique (« Genocide » qui pratique l’art consommé du changement de tempo sans prévenir, pour flirter avec l’ultra violence), chaque détail a été travaillé, et on sent que le duo a mis à profit toutes ces années pour peaufiner son approche. 

Voilà, je pense avoir tout dit. Que pourrais-je rajouter ? Que les Norvégiens, les Suédois sont passés maîtres dans l’art de la transformation et de l’appropriation ?

Ça, vous le savez déjà.

Mais arrêtons-nous sur ceci.

Codex est un livre qui se dévore, et qui a été rédigé avec soin par une plume inspirée. Et pas besoin de marque page. Puisque de toute façon, une fois commencé, il faut le terminer. Non par obligation, mais par envie.   

 

 

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