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Metal and Oddities Reviews
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7 mai 2016

EXALTER - Obituary For The Living

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Transcending Obscurity India - Thrash - Bangladesh - 28 Avril 2016 - 7 titres – 29 minutes

Je parlais récemment de certains labels, dont les exigences de qualité me poussent à avoir une totale confiance en leurs sorties. Je peux donc rajouter à cette liste très subjective le nom de Transcending Obscurity, maison de disques Indienne qui décidemment ne m’a jamais déçu, pas plus ce matin que par le passé. Il faut dire qu’ils n’hésitent pas à signer des groupes du monde entier, ce qui fait qu’on retrouve dans leur écurie les Australiens de THE DEAD, les Polonais de PRELUDIUM ou même nos frenchies d’AFFLICTION GATE. Musicalement, l’affaire est versatile, puisque les DA peuvent tout aussi bien se prendre d’affection pour un combo de Death, un gang de Sludge, des olibrius Doom ou des trublions Thrash.

Ce qui est justement le cas du duo/presque trio dont je vais vous parler ce matin. Visiblement, nos deux amis du samedi ont beaucoup écouté la vague Thrash de la fin des 80’s, qui provenait à l’époque du nord ou du sud des Amériques. 

EXALTER est donc un groupe qui nous vient du Bangladesh, formé au début de l’année 2013 par Tanim (guitare et chant) et Afif (batterie), toujours à la recherche d’un bassiste permanent, et qui a sorti une première démo/EP l’année dernière, intitulé avec classe Democrasodomy.

 

Si les deux comparses estiment se faire enfiler par la démocratie, ils n’en avaient pas pour autant des velléités de revanche sur ceux qui la subissent, et matérialisaient leurs vues via un Thrash d’excellente facture, que bon nombre de fanzines avaient encensé de façon plus ou moins directe. Ce Thrash a murit, n’a pas foncièrement changé, mais trouve aujourd’hui son apogée avec la sortie de ce second EP/premier LP qui pousse la recette à son paroxysme et révèle un combo certes recentré, mais terriblement professionnel. Le Thrash d’EXALTER est efficace, nuancé, et s’abreuve donc à la source de la seconde vague de Thrash US de la fin des 80’s, comme à celle des SEPULTURA de la même époque, avec toutefois plus d’emphase core, bien qu’à aucun moment la musique du duo ne se rapproche du Crossover. C’est plutôt cette basse ronde et brillante qui m’aguille sur cette voie, me rappelant les rythmiques explosives de NUCLEAR ASSAULT ou OVERKILL, et d’ailleurs, certains morceaux comme « Nuclear Punishment » ne sont pas si éloignés que ça des bombes que l’on retrouvait il y a fort longtemps sur des albums comme Taking Over.

 

L’affaire est compacte, touffue et sérieuse. Les EXALTER ne conçoivent le Thrash que sous son aspect le plus noble, et le traitent avec tout le respect qui lui est dû. Les textes sont engagés socialement, comme ceux de cette seconde vague Thrash menée par les ATROPHY et autres XENTRIX, et si les titres possèdent de nombreux points communs, ils étalent suffisamment de trouvailles pour ne pas passer pour un tout roboratif et uniforme. Compact certes, mais Obituary For The Living respire. Le duo a aménagé suffisamment d’espaces en mid tempo pour ne pas étouffer l’effort dans l’œuf. Pas question ici de Thrashcore ou de Thrash bestial, mais bien d’un solide assemblage de riffs tous hautement mémorisables, dont l’assise est renforcée par une rythmique inventive et carrée, et un chant dans la grande tradition du style.

C’est rapide mais mesuré, agressif mais intelligible, et surtout, très bien construit. Je parlais d’ATROPHY quelques lignes plus haut, et il est vrai que la référence est pertinente, mais on peut très bien en trouver d’autres aussi justes, en allant fouiller du côté de l’underground US/Allemand de la période 88/90, EXUMER, voire même quelques années avant en citant INFERNAL MAJESTY, quoique EXALTER appuie plus volontiers sur le côté New-yorkais.

 

En tout cas, vous êtes pris à la gorge dès l’intro « Tortured Innocents » qui abat ses cartes dès les premières mesures et multiplie les riffs et plans rythmiques à vitesse grand V, sans pour autant verser dans le Techno Thrash prétentieux.

Soli de qualité, frontman qui rend ses lettres de noblesse au genre, tout est là pour restaurer cet esprit agressif et mordant qui nous manque parfois cruellement. Les chœurs sont aussi très travaillés, alors que reste-il à critiquer au final ? 

Rien.

 

Obituary For a Living est un hommage de plus à ajouter à la longue liste des nostalgiques d’un Thrash franc et incisif, qui sans chercher Scott Ian à quatorze heures joue crânement la carte de la férocité instrumentale. Ils peuvent aussi fricoter avec un Heavy bien Speed que les WARFARE avaient popularisé dans la première moitié de la même décennie (« Surrounded By Evil »), ou au contraire se poser quelques instants pour plaquer un Heavy torride (« Sacrificial Immolation »). En gros, Tanim et Afif connaissent leur affaire sur le bout des doigts, se montrent habiles instrumentistes, et surtout, de vrais passionnés du genre qu’ils traitent. On en peut pas jouer du Thrash si l’on n’est pas tombé dedans quand on était petit, et gageons que le chaudron qui a baptisé nos deux amis était plein de bonnes références. 

C’est d’ailleurs tellement bien fait qu’on pourrait voir en Obituary For The Living un album composé en 1988 perdu dans les oubliettes du temps, et retravaillé en 2015 pour enfin sortir sur le marché. Et ça, c’est sans doute le plus beau compliment que l’on puisse adresser à un groupe pareil.

 

D’autant plus qu’il est sincère. Comme les morceaux de cet album. 

 

 

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