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13 mai 2016

DESTRUCTION - Under Attack

destructionunderattackcd

Nuclear Blast - Thrash - Allemagne - 13 Mai 2016 - 10 titres – 47 minutes

Lorsque comme moi, on a atteint l’adolescence dans les années 80 en écoutant du Métal, il a des choses avec lesquelles on ne plaisante pas. Le Thrash par exemple, est une affaire sérieuse. Comme bon nombre d’entre vous, j’ai connu le boom des mid 80’s, et comme vous, j’ai fait l’hélicoptère sur les mêmes groupes, les mêmes albums, les mêmes morceaux. Et certains noms m’inspirent le respect, pour l’éternité, quoiqu’il puisse arriver, quoiqu’il se soit passé depuis. Des noms comme ceux de SLAYER, EXODUS, METALLICA, SODOM, KREATOR, MEGADETH ou DESTRUCTION.

Alors non, on ne plaisante pas avec ces choses-là.

Mais ça n’implique pas non plus que l’on doive avaler n’importe quelle couleuvre sous couvert d’un passé glorieux…Le respect passe aussi par l’honnêteté, la vérité et la franchise. Si EXODUS a toujours su garder le cap, plus ou moins, si Mustaine semble avoir retrouvé son talent, si SODOM est resté fidèle à sa recette, si j’admire toujours autant Mille et les siens, il y en a d’autres qui vieillissent plus ou moins mal…Je pourrais parler de SLAYER, dont la carrière stagne depuis les 90’s, ou de METALLICA, dont chaque Arlésienne est une surprise amère pour ses fans.

Et d’autres, dont la carrière a connu des fluctuations assez importantes…

 

Ma dernière rencontre avec Schmier et Mike remonte à 2007, et un Thrash Anthems que j’avais modérément apprécié. Le trio offrait alors à son répertoire un lifting à la mode qui m’avait paru plus que superfétatoire, et depuis, j’avais suivi de loin leur pérégrinations, sans m’attarder sur leur cas. Si Day Of Reckoning montrait quelques signes d’amélioration, Spiritual Genocide paraissait plutôt poussif et quelque peu laborieux, sans pour autant frôler la catastrophe industrielle. Mais depuis quatre ans, plus de nouvelles, mis à part cette participation au festival itinérant The Big Teutonic 4, sur le modèle du Big4, cercle très restreint dans lequel les destructeurs avaient largement leur place. Cette longue absence se trouve aujourd’hui comblée puisque le trio revient affuté comme jamais avec un nouvel LP sous le bras clouté, et pour l’instant, après quelques écoutes, je crois pouvoir affirmer qu’ils tiennent le bon bout, et qu’ils font montre d’une forme sinon olympique, du moins largement satisfaisante après tant d’années de carrière.

 

Car plus de trente ans passés à honorer la cause Thrash auraient pu laisser des stigmates plus graves que ce que j’ai constaté sur ce treizième album studio. Mais il faut préciser qu’une fois n’est pas coutume, le trio allemand a changé ses habitudes. Plutôt que de jouer la précipitation et d’enregistrer à un rythme RAMONES/MOTORHEAD, Mike et les siens ont joué la montre et la pluralité géographique en multipliant les studios et en étalant sur le temps. Schmier déclare d’ailleurs à ce propos : 

« Nous avons sans doute écrit plus efficacement que ces dernières années. Puisque nous avions plus de temps entre les albums, il y a eu beaucoup de créativité, mais aussi moins de pression ».

 

Et tout ça se sent dans les sillons de ce Under Attack qui mérite bien son nom. Je confirme que l’aisance sied admirablement bien à DESTRUCTION qui nous offre là certains des morceaux les plus efficaces de son répertoire, pas si éloignés d’ailleurs des standards des années 80, toute proportions gardées. Mais dès l’entame hargneuse de « Under Attack » et son intro progressive vicieuse, le groupe se montre mordant, délicieusement agressif, et toujours aussi percutant dans les refrains à reprendre le poignet clouté levé. Certes, la recette est archi-connue, mais après tout, qui peut se vanter de faire avancer la cause Thrash en 2016 ? Nous sommes donc d’accord…

 

Alors non, tout n’est pas bon, et DESTRUCTION retombe parfois dans ses travers de pilotage automatique, mais ces occurrences sont beaucoup plus rares que par le passé, et lorsque la scierie tourne à plein régime, ça ne plaisante pas. Les bougres ont d’ailleurs largement varié leur approche, qui passe maintenant par des interludes assez inhabituels, comme ce très lourd et progressif « Getting Used To Evil » qui se permet un refrain bondissant interrompant des couplets suintants. Mais pas d’inquiétude, les trois pistoleros ne nous refont pas le coup de Release From Agony et restent fidèles à la ligne du parti, et des bombes atomiques comme « Pathogenic »  et sa franchise Thrash aveugle ou « Generation Nowhere » et son chant démoniaque sauront vous en persuader.

D’ailleurs, il est utile de préciser que Schmier chante comme jamais, modulant enfin ses intonations sournoises, tout en gardant cette approche tongue in cheek qu’il affectionne tant. Mais l’homme, malgré ses heures de vol se sort les tripes et éructe comme à la grande époque, ce qui permet à certains titres plus faibles de décoller quand même. 

Pas de grosse surprise à se mettre sous la dent, les riffs tournoyants de Mike sont toujours aussi présents (« Second To None », qui sonne même comme du ONSLAUGHT post reformation), et on se demande d’ailleurs combien de guitaristes le malingre soliste a pu inspirer durant sa carrière tant on reconnait son style en quelques staccatos.  

DESTRUCTION poursuit sa route en forme de profession de foi/pèlerinage, et le prouve jusque dans ses intitulés, à l’instar du mid tempo écrasant de « Stand Up For What You Deliver », qui nous présente un Schmier au sommet de sa forme roublarde.

La pression se maintient tout au long de l’effort, qui n’en est pas vraiment un, et qui présente un groupe rajeuni qui pourtant ne court pas après sa gloire passée. Le son est très actuel, et certaines compos fleurent bon le métissage intergénérationnel, comme cet atypique « Conductor Of The Void », qui se perd dans un riff et un tempo symptomatiques du Néo-Metal le plus viril, sans pour autant perdre de vue le Thrash pas si futile. Une belle tentative risquée, mais payante, qui prouve que DESTRUCTION ne capitalise pas sur les années 80. 

La boucherie se termine même sur un dernier désossage en règle via le terrifiant « Stigmatized », qui nous ramène des années en arrière, lorsque les « Eternal Ban » ou « Mad Butcher » flottaient dans l’air d’outre Rhin. Belle conclusion….

 

C’est donc un DESTRUCTION frais et dispo qui se présente en cette année 2016 pour son treizième album studio qui à n’en point douter leur portera chance. Mais comme d’habitude, c’est Schmier qui résume le mieux l’affaire, avec cette déclaration définitive qu’on imagine ponctuée d’un rire tonitruant : 

« Comment sonne l’album ? Certainement pas comme celui d’un groupe qui a trente-trois ans d’existence ! » 

Et il a raison le bougre !

 

 

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