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Metal and Oddities Reviews
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13 mai 2016

SINCE WE WERE KIDS - Hard Cement No Regrets

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Irish Voodoo Records - Skatecore - USA - 5 Mai 2016 - 14 titres – 29 minutes

Imaginez-vous en Californie du sud, genre 83/84. Vous, vos potes, et des skates. Vous dévalez les rues en été, et évidemment, vous n’avez ni casque, ni genouillères, ni gants de protection. Juste vos baskets, votre t-shirt sans manches, et le béton. Le béton bouillant chauffé par le soleil, dur comme de la pierre de taille, en sachant pertinemment que la moindre gamelle risque de vous coûter un gros bout de chair et une douleur insupportable. Mais vous vous en cognez. Vous dévalez les descentes, faites des figures, et foncez, sans réfléchir. Le skate, c’est aussi çà.

La vitesse, le danger, mais ce plaisir incroyable de liberté qui fait voler votre crinière et souffle dans vos oreilles un air connu.

Celui de la jeunesse insouciante qui s’en fout et avance sans réfléchir, à fond les roulettes.

 

Sensation agréable non ? Et si vous aviez l’occasion de la ressentir, ne serait-ce que pour une petite demi-heure, sans les dangers de la route et des grosses cicatrices sur les genoux, avec les copains hilares qui se foutent de vous ?

Vous prenez ?

Bon choix, vous avez bien fait.

 

Cette sensation vous est donc proposée par procuration par un groupe venant de SoCal, qui n’a pas oublié comment se jouait le Skatecore de Venice et plus généralement de Californie à l’orée des années 80, et comment il se joue depuis. Les SINCE WE WERE KIDS sont de vieux routards du Core, et vous offrent avec l’aveu conscient Hard Cement No Regrets un bon backflip dans le temps histoire de vous retrouver dans la peau d’un jeune skateur Californien sevré de Hardcore et de virilité sur planche. Vous pouvez leur faire confiance, les rues, le bitume ils connaissent depuis un bout de temps. Et s’ils citent volontiers des références comme NO FX, LAGWAGON ou PENNYWISE sur leur page Facebook, leurs véritables références se situeraient plutôt du côté des premiers SUICIDAL et autres GANG GREEN, voire même d’AGNOSTIC FRONT qui n’avait pourtant pas grand-chose à voir avec le Metal à l’époque, mais dont la musique exsudait des boomboxes dans les skateparks improvisés. 

La recette est toujours la même, une musique fast & fresh, une rythmique qui ne chôme pas et qui se cale sur la vitesse des roulettes sur le ciment, un chant direct et sans modulations, et surtout, des riffs qui défilent comme le paysage dans une rue de Californie un après-midi estival. Et croyez-moi, ça fonctionne toujours à plein régime, surtout lorsque c’est joué avec les tripes et une passion sans failles, ce qui est le cas de SINCE WE WERE KIDS.

 

L’humeur de l’album est résolument juvénile, mais pas si puérile qu’elle n’en a l’air. Sous couvert de jouer une musique simple évoquant les plaisirs insouciants de la jeunesse, les Californiens dénoncent la futilité d’un monde qui part à la dérive, et ont l’honnêteté d’y voir clair dans leurs ambitions. Et s’ils se réclament aussi de l’héritage des POISON IDEA, je peux vous assurer que ça n’est pas gratuit. Il n’est d’ailleurs pas faux de voir en leur musique un joli crossover entre le Punk Hardcore sombre et rapide de Pig Champion et ses potes et le Streetcore de Miret et sa bande, agrémenté d’un peu de folie de la nouvelle scène revival Punk des LAGWAGON des 90’s. Un sacré mélange, détonnant, qui bien évidemment reste fixé sur la même ligne de conduite pendant trente minutes, le temps de dévaler une jolie pente et de remonter boire une bière.

 

BPM, gros riffs compacts au staccato hargneux comme un leader de gang rival, chœurs brutaux et revanchards, et morceaux courts, telle est le modus operandi des Californiens, qui toutefois savent aussi manier le mid tempo avec une redoutable efficacité. Les roues sont bien huilées et la planche roule sans discontinuer. Certains y verront de l’entêtement, voire de la redite, mais les passionnés sauront qu’il n’y a qu’une seule façon de jouer le Skatecore, celle-ci.

Alors les hits défilent à une cadence incroyable, et pas le temps de réfléchir, il faut foncer tant que la rue est dégagée.

Impossible de détacher un morceau plutôt qu’un autre, Hard Cement No Regrets a été conçu comme un tout, presque un best-of de l’atmosphère de l’époque, et s’ingurgite d’un trait, comme trente-trois centilitres de houblon lorsque le soleil tape un peu fort.  

La production est en tout point remarquable, avec un bel équilibre entre les guitares et la rythmique, et le chant est bien upfront, comme tout effort Core qui se respecte. 

Voilà, je pense avoir bien résumé l’affaire et avoir utilisé les métaphores adaptées, à vous maintenant de faire le reste. Mais il est vrai que des albums pareils sont plus que de simples tranches de musique assemblées. Ce sont des images, des souvenirs, des morceaux de vie qui traînent et qu’on retrouve comme de vieilles photos dans un tiroir. Des albums qui vous font l’espace d’un instant retrouver votre jeunesse. Du plaisir en chansons. Et surtout, de la vitesse, de l’insouciance et du fun, dans un monde qui en manque cruellement. 

Allez, sautez sur le bout de bois, et jetez un regard de travers. Vous êtes prêt pour la descente, au risque d’y laisser votre cuir sur le macadam ?

Les cicatrices font l’homme. Et puis il n’y a pas de mal à se faire du bien en se faisant du mal non ? 

 

 

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