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Metal and Oddities Reviews
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13 mai 2016

MALISA BAHAT - Moments We’re Lost In

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Screamo - Croatie - 14 Mars 2016 - 6 titres – 13 minutes

Vous est-il déjà arrivé de vous retrouver coincé dans une situation inextricable, sans entrevoir la moindre porte de sortie qui puisse vous offrir une alternative acceptable ? De voir un gigantesque mur devant vous, et de sentir un ravin s’effriter sous vos pieds, juste derrière ? D’être perdu, de ne pas trouver de solution, de vous noyer dans une peur insondable ?

Certains appellent ça la dépression, d’autres…le quotidien.

Mais pour beaucoup, la seule solution possible en dehors de fermer ses yeux et d’espérer que tout se remettre en place par miracle reste le cri primal. Celui qui n’arrangera rien, mais qui fera office de catharsis dérisoire, d’ultime appel au secours que personne n’entendra. Ou peut-être trop tard…Le désespoir, la rage, la frustration. Il peut y avoir beaucoup de raisons à cela.

Mais peu d’options au final. 

Long préambule certes, mais il me fallait planter le décor, et tenter de vous faire comprendre ce qui vous attend lorsque vous écouterez le premier EP des Croates de MALISA BAHAT.

 

Si dans un désir ironique, le quatuor (Zmer – batterie, Crni – basse, Sanyo – guitar et Gec – chant), plante des graines d’influences disparates (KINOKLUB, GIBONNI et…BON JOVI), sa musique est en tout point sérieuse et surtout, très solide. Lorsque l’accroche « French Screamo from Croatia » a brûlé mes rétines, j’ai bien failli passer à autre chose. Si vous me connaissez un peu, vous savez à quel point j’abhorre ce style musical qui tourne en rond dans les rangs d’une jeunesse faussement désabusée depuis des années. Un truc futile et superficiel réservé aux Emo de cour d’école qui ne savent ni se peigner ni écrire avec sobriété leur tristesse. Mais nous ne sommes plus aux temps des skyblogs, et il faut savoir faire des efforts parfois. Pardonne, mais n’oublie pas…

Et le pardon a du bon, puisqu’il m’a permis de me faire les doigts sur un EP de très grande qualité qui se rapproche plus d’un Screamo trempant sa guitare dans le Chaotic Core que de l’Emo nonchalant et emballé dans du cellophane.

 

Les Croates ont la rage, et ça se sent. Leurs guitares sont assassines, les hurlements de Gec sont vraiment investis et terrifiants, et l’ambiance générale, coulée dans des mélodies amères et acides est assez dérangeante, sinon novatrice. Six morceaux pour même pas un quart d’heure de musique, il leur fallait frapper très fort pour laisser une grosse impression à leur public potentiel, ce qu’ils sont parvenus à faire.   

 

Si vous souhaitez un résumé de toute l’affaire, l’initial « . » et son absence de titre volontaire se montrera parfait pour vous offrir un survol du EP. Sample tiré du film Patch Adams, description désabusée d’un quotidien qui n’offre qu’une survie en lieu et place de la vie heureuse qu’on aurait souhaitée, temps qui passe inéluctablement…La philosophie est là, celle qu’on retrouve dans le Screamo depuis ses origines, mais la musique propose bien qu’une sempiternelle complainte répétitive. Elle est violence, rage, et se matérialise autour d’une guitare qui déchire ses entrailles et un chant qui adopte la même ligne de conduite. La démarche trouve d’ailleurs son apogée dans le terrifiant « Kids », qui déchaîne sa rythmique sur fond de riffs traumatiques et d’une basse qui implose, multipliant les breaks sur une durée pourtant réduite…

 

Mais il est certain que les Croates ne manquent pas d’idées. Ils ne se contentent pas de recycler les clichés du genre, et frisent parfois le chaos absolu dans une tentative désespérée de Post Hardcore qui se nourrit de samples, de silence déchirés par des hurlements de souffrance, de sursauts de colère…A tel point qu’il est assez difficile de parler de Screamo au final, spécialement lorsque des titres aussi rapides et agressifs que « You Are The Reason » rebondissent sur vos tympans déjà malmenés…Très Crust dans la forme et le fond, ce final n’a rien à envier à l’intensité des NAILS ou de TRAP THEM, et referme la porte d’un premier EP aussi intense que faussement présenté… 

Alors non, la vie n’est pas belle parfois. Souvent. Régulièrement.

 

Et des groupes comme MALISA BAHAT prennent un malin plaisir à vous le rappeler avec cruauté. Mais il est bon de souffrir parfois…Pour ne pas oublier que la vie est un combat qui n’est jamais gagné d’avance. 

 

 

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