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Metal and Oddities Reviews
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14 mai 2016

UNHOPED - Sonic Violence

ypicIz5

EBM Records - Thrash Death - Finlande - 21 Mars 2016 - 9 titres – 37 minutes

Le Thrash, le Thrash…What else ? 

Je veux dire, depuis son explosion dans les eighties, ne représente-il pas la quintessence de la violence instrumentale intelligente et pourtant radicale à la fois ? La question est d’importance, puisque d’autres genres sont apparus depuis, ô combien plus violents, bruyants, mais au final, seul le Thrash offre cet équilibre entre violence et musicalité, même s’il n’est pas une fin en soi pour tout musicien qui se respecte. Mais après tout, balayons ces arguments, et ne nous perdons pas en analyses incongrues. Le Thrash, c’est la folie instrumentale, l’agressivité faire staccato, et puis c’est tout.

Et puis sincèrement, échangeriez-vous votre Beneath The Remains contre un Effigy Of The Forgotten ? Non, bien sûr que non…

 

Alors le Thrash, allons-y. Et pour une fois, bye les USA, l’Amérique du Sud, la Russie, l’Allemagne ou l’Espagne, et bonjour le climat rigoureux de la Finlande, pays pourtant peu prolifique en termes de groupes du cru, qui pourrait bien combler son handicap avec un de ses plus fiers représentants. Et aussi un des plus bruyants…UNHOPED, c’est presque dix ans d’existence au compteur et autant d’années dévouées à la cause, deux EP et un LP sur le CV pour l’instant, auquel vient s’ajouter son dernier né qui risque de les faire basculer dans la catégorie supérieure, de simple assistant à cadre sup’, en à peine neuf morceaux et moins de quarante minutes d’assaut.

 

Il faut dire que les Finlandais (Batterie - M. Huisko, Basse - S. Parviainen, Guitares - K. Laanto & A. Paasu, Chant - J. Luostarinen) pratiquent ce qu’on appelle le vol en piqué, le tir de barrage, et le blitzkrieg permanent, ce qui confère à chacune de leur sortie une intensité incroyable qui nous ramène aux heures les plus troublées de nos 80’s chéries. Ils se targuent d’aimer tout ce qui est « rapide et rude », se définissent comme un ensemble « rapide et explosif », et il faut leur concéder une lucidité assez pointue, puisque c’est exactement ce qu’ils sont. Pas de mensonges avec UNHOPED, juste du Thrash top notch comme diraient nos amis ricains, qui récite avec autant de mémoire les versets de KREATOR, DESTRUCTION, SLAYER, EXUMER, ACCUSER, et tous les cadors de l’époque. Et je peux vous garantir qu’ils connaissent les comptines sanglantes par cœur…

 

D’ailleurs, la philosophie du quintette est assez simple et radicale en soi. Privilégier les plans les plus in your face, les agrémenter d’une technique plus fine qu’il n’y paraît, n’avoir recours au mid tempo que dans les cas d’urgence, et proposer des structures simples mais riches en cadence. L’alternance de couplets Thrash jusqu’au bout du poster de Mille et de refrains qui explosent parfois d’un Death tirant sur le Grind est leur trademark personnelle, et si le schéma est assez récurrent il est suffisamment explosif pour marcher à chaque fois. Pas de surprise, mais une énergie diabolique, et un son à décoiffer Chuck Billy en plein headbanging. 

D’ailleurs, les mecs savent très bien que leur recette fonctionne puisqu’ils la mettent en pratique dès l’introductif « Whole World Gone To Hell », qui nous présente en effet un monde secoué par une tempête assez ébouriffante qui le fait trembler sur son axe de rotation. Tout y passe, les guitares en saccades, la rythmique atomique, et les enchaînements à vitesse grand V, le tout observé d’un air goguenard par un chant vraiment vicieux. On connaît le principe depuis des lustres, la rigidité et l’austérité de la scène Allemande, la fluidité des plans typiquement US, et le brin de folie qu’on retrouvait chez les OS du genre qui ne craignaient pas d’accélérer la cadence plus que de raison. La patine Death est à chercher du côté des tempi qui décollent et de la folie ambiante plus que dans le ton, qui lui reste fermement cantonné sur des positions Thrash très solides.

 

Difficile de mettre en titre en exergue, puisque tous sont construits de la même façon et sont aussi pertinents. Il serait assez facile de pousser d’un coup d’épaule l’épique « No Man’s Land », et ses sept minutes ambiancées qui rappellent le meilleur KREATOR époque Terrible Certainty/Extreme Aggression, avec une pointe de DEATHROW sinueux, mais on pourrait aussi évoquer son exact contraire avec le laminant « Club Of Swines » qui a de quoi rendre Gary Holt assez envieux avec ses riffs tournoyants et enivrants.

 

Soyons précis, les UNHOPED ne tirent pas leur inspiration de la seconde vague de Thrash scandinave, mais bien de la première, qui partageait ses vues entre une Amérique avide de finesse technique radicale et une Allemagne beaucoup plus franche et peu amicale. Les bases sont bien celles que l’on retrouvait aux alentours de 86/89, et qui ont fini par accepter l’hybridation avec le Death naissant, sans y laisser la totalité de leur ADN sur la table. Mais à vrai dire, après avoir écouté de gentils brûlots comme l’impitoyable « Assimilation » et son intro digne d’OBITUARY ou « Human Disgrace » qui danse comme un DESTRUCTION sous psychotropes, le doute n’est plus permis.

C’est rapide, agressif, violent, mais tellement jubilatoire et intense que Sonic Violence aurait très bien pu voir le jour il y a trente ans sans que personne ne trouve ça anachronique ou avant-gardiste. Et puis, tout est dans le titre après tout. 

Tout finit sur une grosse blague à la « Mon Chéri » des TANKARD qui à l’époque rendaient hommage aux NAPALM DEATH, et « Pies & Friends » de jouer l’ironie presque Grind pour refermer un second chapitre encore plus touffu et sonique que le premier.

 

Perdu au milieu de la production pléthorique du revival Thrash, Sonic Violence pourrait très bien passer inaperçu.

Pourtant il en incarne une sorte d’apogée sans complexes qui mérite d’être retenue, ne serait-ce que pour l’exubérance dont il fait preuve à chaque instant. C’est en quelque sorte un album de Thrash parfait, qui aurait représenté la quintessence du genre à l’époque idoine, et qui en incarne aujourd’hui un souvenir plus que vivant. 

Et qui à lui seul, valide cette maxime introductive… 

Le Thrash…what else ?

 

 

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