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Metal and Oddities Reviews
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3 juin 2016

THENCE - We Are Left With A Song

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BlackBay Productions - Progressive Art Rock - Finlande - 27 Mai 2016 - 7 titres – 51 minutes

« Nous sommes à l’aube du plus grand changement de l’humanité. N’est-ce pas l’année pour laquelle l’horloge cosmique va repartir à zéro jour et zéro espoir ? Les plus grandes questions de notre époque cherchent des réponses dans le passé. Nous devons faire face à une complexité tragique, la disparition des espèces…ou autre chose ? THENCE est quelque chose comme ça. Pour ressentir l’ambiance du monde qui nous entoure » 

Avec un tel préambule, vous pouvez vous attendre à tout. C’est suffisamment éloquent pour évoquer des univers différents, mais trop opaque pour que l’on puisse les deviner.

Black Metal ? Industriel ? Dreamgaze ? Progressif ?

Vous avez le choix, mais je vous conseille de suite d’occulter les deux premières possibilités. Il est éventuellement faisable d’associer les deux dernières à l’identité de THENCE, mais après écoute de ce deuxième album qui intervient treize ans après la création du groupe, le doute subsiste. Qu’avons-nous vraiment écouté ? Je pense que la réponse est simple, et se trouve dans le petit laïus délicatement sci-fi que je vous ai posé en préambule. Pour obtenir la clé de l’énigme, il faut que le futur se tourne vers le passé…au risque de ne pas exister. Car le duo THENCE est à la fois l’Alpha et l’Omega, la naissance et la mort, et se situe aussi quelque part entre les deux.

Mais surtout, loin, très loin de tous les autres…

 

Le groupe/concept a été créé en 2003 par Juha Sirkkiä (Chant, guitare, basse, claviers, piano et harmonica), mais les occupations externes des autres membres du groupe ont fait que ce second album du projet n’a vu le jour qu’en 2016. C’est en 2011, une fois la participation d’Erno Räsänen (batterie, 12 cordes) entérinée que l’affaire a vraiment décollé. Avec These Stones Cry from the Earth, premier effort fort remarqué. Décoller. Le terme est faible. A se demander si le duo évolue encore dans notre stratosphère…

 

Tout ce qu’il nous reste, c’est une chanson. Titre idoine et murement réfléchi, puisque ce LP même découpé en chapitres s’appréhende comme une globalité, une symphonie unique. Si These Stones Cry From the Earth, le premier LP fut conçu comme une seule piste de presque une heure de musique, son successeur s’autorise le découpage, mais garde le même fondamentalisme de cohérence, et privilégie les interventions amples. Je comprends que ça puisse effrayer les plus conformistes et habitués des formats Pop, mais une fois immergé dans l’océan d’idées qui déferle dès les premières secondes écoulées, la prise de conscience est totale, et l’expérience astrale entamée. Et pour une expérience, c’en est une…Qu’est-ce que THENCE au juste ? De la musique, et rien d’autre. Quelque chose qui échappe totalement aux carcans de genres, et qui se délecte de cette liberté. On trouve dans la richesse artistique du duo des éléments de Metal, de Pop, de Dreamgaze, de Rock, d’Alternatif, mais aussi de Trip-Hop, de musique électronique, le tout traité de façon progressive et évolutive. 

Je pourrais jeter des noms à la volée, pour mieux vous permettre d’appréhender le voyage avant de l’avoir entamé…Des noms aussi complémentaires qu’opposés, tels que ceux de PINK FLOYD, THE GATHERING, MASSIVE ATTACK, TEA PARTY, OPETH, MUSE, VATTNET VISKAR, et même les plus récents ANT MILL pourquoi pas, puisque les deux ensembles possèdent la même liberté d’approche, débarrassée des chaines contraignantes de catégories bien définies à l’avance…

 

Il est en même temps aussi facile de réduire We Are Left With A Song à sa globalité, tout comme son prédécesseur, que de détailler un peu son contenu. Mais puisque ses auteurs l’ont voulu ainsi, je me dois de respecter leur choix sans pour autant vous aiguiller vers un segment plutôt qu’un autre, ni les décortiquer…

 

Je pourrais dire à la rigueur qu’on s’approche parfois dangereusement de la perfection ultime, comme sur le merveilleux « Pursue », qui laisse flotter dans l’air un saxophone qui s’époumone au-dessus des nuages, dans des arrangements totalement 80’s, soudain bousculés par une basse énorme qui envahit l’espace…Dans ces instants de grâce et de beauté pure, THENCE survole les clivages, et fait un signe de la main au Metal qu’ils regardent disparaître au loin, et de fait, prennent le risque de s’aliéner une partie de leur public…Mais lorsque le splendide et épuré solo intervient, ce même public revient dans le giron des deux musiciens, la bouche ouverte et l’air hagard…

PINK FLOYD et DREAM THEATER main dans la main ? C’est une image qui me plaît, mais Dieu que ce morceau est grandiose…

 

La musique a été jouée telle quelle, et enregistrée au fur et à mesure…Ça semble simple et évident écrit comme ça, mais lorsqu’on comprend à quel point elle est simple et complexe à la fois, la performance laisse ébaudi. « Oars In Our Hands » qui suit immédiatement le chef d’œuvre dont je viens de parler, est ce genre de musique qu’on ressent, et qu’on n’imagine pas jouée dans des conditions live, mais plutôt peaufinée à l’extrême en studio, comme les BEATLES bichonnaient leur Sgt Pepper. Une entame très abrasive, et puis une suite pas du tout logique qui l’est pourtant, et qui entrecroise les mondes abstraits de Devin Townsend et Rush, introduits dans la sphère THE GATHERING. Riff immense et pluriel, chant éthéré, nappes de claviers et arrangements sophistiqués…Pourrait on appeler çà du Dream Metal sans en faire trop ?

Je ne sais pas, mais j’ose. A ce moment précis, c’est l’appellation la plus parfaite.

 

Et si le rêve se termine justement par une prise de conscience (« Life Will Get You Eventually »), la musique elle ne s’ancre pas plus dans le réel et reste onirique, aventureuse, évolutive et concentrique, tout en déliant ses nappes de synthé sur une rythmique mouvante…Un crescendo en forme de sortie du sommeil, une puissance qui devient de plus en plus palpable…et retour aux origines. Ces origines, « I Burn The Day, The Ghost », c’est justement le départ de tout. Un up tempo efficace, souligné encore une fois par cette basse à la Geddy Lee, et un faux refrain qui vous emporte ailleurs…Mais à quoi bon parler quand il suffit d’écouter ? 

Je pourrais parler d’achèvement, je pourrais parler d’un futur qui n’existe pas encore mais que les THENCE ont pourtant figé à partir de leur passé et du nôtre. 

Je pourrais parler d’une rivière de diamants qui coule le long de berges stériles. D’un pays où il ne pleut jamais, ou la nuit n’existe que par intermittence, lorsque vous fermez les yeux.

Mais je ne dirai rien puisque mes mots sont insignifiants eut égard à cette chanson que le groupe nous a laissée. Une longue chanson, presque une vie de souvenirs. Et pourtant, tout ça ressemble à une photo encore floue que peut-être, les enfants de demain pourront admirer. 

 

 

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