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Metal and Oddities Reviews
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4 juin 2016

HELLEBORUS - The Carnal Sabbath

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Black Plague Records / Satanath Records - Progressive Symphonic Black Metal - USA - 17 Juin 2016 - 9 titres – 54 minutes

A la base du concept, deux frères. Jerred et Wyatt Houseman, de Manitou Springs, Colorado, qui auparavant agitaient l’underground au sein d’EXECRATION, groupe de Brutal Death très réputé dans leur état natal. Bien décidés à s’extirper de cette gloire locale pour frapper un grand coup, les deux frangins ont changé leur fusil d’épaule, et procédé à quelques ajustements musicaux. Exit le Death primitif, bonjour le Black symphonique et progressif, et les nouvelles ambitions. Après tout, il n’y a aucun mal à toujours regarder plus loin et plus haut, si on veut laisser une trace dans l’histoire de l’art. 

Cette trace, Jerred et Wyatt en jettent les premières bases en ce mois de juin 2016, avec la sortie de leur premier LP qui risque en effet d’en laisser quelques-unes. Difficile de reconnaître leur passé et leur passif dans cette musique riche, agressive et grandiloquente qui risque de leur garantir des lendemains bien meilleurs, et des horizons plus fleuris.

 

Plus fleuris ? L’analogie est bonne, et en direct rapport avec leur nouvelle identité. HELLOBORUS, une fois décomposé de ses racines latines nous donne en effet « helein », suffixe qui signifie «faire mourir », et « bora », nourriture. Une fleur qui en effet est extrêmement vénéneuse et donc fatale après ingestion.

Et le duo ne pouvait en effet trouver meilleure description de sa musique. La beauté et la mort, éros, thanatos une fois de plus, duo/dualité qui prend forme au travers d’un Black majestueux, ample, luxuriant, mais terriblement puissant, noir et dangereux. Pour avoir un bref aperçu de cet album pas encore disponible sur le marché, faites un tour sur le Bandcamp du groupe qui vous laisse un morceau en écoute, dont ils disent ceci : 

« « The Carnal Sabbath » est le cœur du son de notre album. Un hymne qui brasse toute l’imagination et la magie que nous avons insufflé à notre album. Avec ce morceau, nous voulions brosser un tableau exhaustif de toutes nos influences, mais aussi coller au concept de notre musique. »

 

Ce morceau, vous le retrouverez en clôture de ce premier LP, car il est un des plus épiques du lot. Avec ses neuf minutes bien pleines, il symbolise sans conteste l’équilibre entre les différentes parties engagées, et vous dévoilera un groupe homogène mais éclectique, qui assume ses références tout en affirmant son identité. Débutant et terminant par de brefs chœurs grégoriens, il tombe vite dans un déferlement de violence purement BM, rapidement stoppé par un mid tempo presque Rock, qui nous rappelle les CREMATORY. Puis soudain, la double grosse caisse bat le rappel des troupes avant que le groupe ne retrouve sa vitesse de croisière optimale, dans un élan brutal à la MAYHEM, pour revenir et rester campé sur des positions en mid tempo, comme la majorité de la structure du morceau. Deux parties, des mélodies étranges, de la vélocité, de l’assurance, et un ensemble bipartite qui finalement ne se révèle que dans sa diversité… 

Mais ceci étant une conclusion, vous imaginez sans peine que le reste de l’album est à la hauteur de ces prémices terminaux. 

J’ai moi-même eu la chance de l’écouter in extenso, je peux donc vous en parler quelque peu.

 

Dès le départ, et hors argument promotionnel, les influences sont plantées, et les fans guidés. On nous informe d’accointances sévères avec les univers de BLUT AUS NORD, BELPHEGOR, SATYRICON, SEPTIC FLESH et même NECROPHOBIC ou DARK FORTRESS, et je reconnais que les balises sont les bonnes. Même propension à se laisser guider au gré de ses envies, même parallèle de violence brute et de mélodie, d’arrangements complexes et de structures faussement alambiquées mais réellement efficaces. En gros, un mélange de Black bien sûr, de Death envoutant, mais aussi de Symphonique grandiloquent, de Progressif éloquent et de Heavy solide et grandissant. La musique d’HELLEBORUS est pluriforme, extensive, et ne tolère aucune barrière ni frontière, même si le ton global supporte très bien la comparaison avec EMPEROR et SATYRICON. 

Loin d’être de simples faiseurs ou copieurs, les frères Houseman ont su se servir de leur propre passé pour construire leur avenir.

Tout commence par un morceau qui étale les idées fondamentales du concept, et que l’on retrouvera tout au long de l’album. Une rythmique compacte mais expressive, des guitares qui combinent riffs acérés et harmonies desserrées, clavier subtil en contrepoint qui tisse l‘ambiance, et un chant typiquement BM, grave, rauque, qui module et gémit, avant de partir dans des tonalités caverneuses effrayantes. Le son est à la hauteur des compositions, ample, généreux et luxuriant, mais pas toc pour autant. Beaucoup de profondeur sur le kit, de la précision sur les guitares et un peu d’écho sur les vocaux, équilibre parfait. 

Difficile de rentrer dans les détails sans trop en dire, mais si les titres sont tous d’une durée honorable, ce sont certainement les plus développés qui se montrent les plus captivants. Ainsi, « a Gift Of Renewal » placé en pénultième intervention se réjouit d’un mid tempo assez léger et d’une mélodie qui ne l’est pas moins, et s’en laisse porter de bout en bout, tout en introduisant au fur et à mesure des éléments externes, en forme de blasts épars, de tierces de guitare totalement NWOBHM, et d’arrangements vocaux juxtaposés. « Edge of Black Waters » au contraire, n’hésite pas à jouer la carte du Heavy Doom harmonieux et dissonant, tout en gardant cette rythmique posée dans le fond, mais démonstrative dans la forme. La thématique est souvent unique, mais soumise à des digressions, ce qui garantit une cohérence de développement sans tomber dans les répétitions handicapantes.

A contrario, « Draconian Discipline », déjà révélé sur certains sites internet, ose le BM total et fatal, et accompagne sa fureur de lignes de guitare concentriques qui hypnotisent l’oreille. 

Pour un premier LP, le résultat est pour le moins brillant, et même parfois bluffant. N’étant pas un grand fan de BM symphonique et progressif devant l’absolu, je m’incline face à cette réussite globale qui a su soigner ses détails pour présenter un concept très travaillé. 

Mais méfiez-vous, et n’approchez pas trop près. Vous risqueriez d’être un peu trop séduit au point de vouloir y goûter un peu plus.

 

Et vous le savez. Les plus belles fleurs sont souvent les plus mortelles.

 

 

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