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Metal and Oddities Reviews
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4 juin 2016

ALCHEMY - Never Too Late

Cover

Street Symphonies Records - Hard Rock - Italie - 31 Mai 2016 - 9 titres – 48 minutes

D’ordinaire, je ne suis pas très attiré par les sorties purement focalisées sur le Hard-Rock/Heavy-Metal. Non que je renie mon background et mes années d’apprentissage, mais il est certain que ce ne sont plus mes styles de prédilection.

Trop « purs » ? Passéistes ?

Je n’en sais rien, toujours est-il qu’un groupe se complaisant dans la tradition a intérêt à sortir le grand jeu pour m’impressionner.  Je ne sais pas ce qui m’a décidé à chroniquer le premier album des Italiens d’ALCHEMY. Après quelques minutes d’écoute, le Hard à tendance Heavy des originaires de Brescia ne s’est pas vraiment imposé comme une priorité, mais j’y ai senti quelque chose non de différent, mais de…puissant. Et une fois de plus, mon instinct ne m’a pas trompé.

 

Quoique. Le quintette (Marcello Spera – chant, Cristiano Stefana – guitare, Andrew Trabelsi – claviers, Matteo Castelli – basse et Luca Cortesi – batterie), tout en pratiquant une musique agressive assez traditionnelle, se permet quand même de jolis mélanges et une belle ouverture d’esprit. Au gré des morceaux, on passe allégrement et sans transition mais sans heurts d’un Heavy classique à un Hard mélodique, abordant même le registre d’un léger Hard/Glam des années 2000, sans cracher sur un brin de progressif tout sauf pompeux. Un passage en revue assez exhaustif, qui ne tombe jamais dans les extrêmes de la mièvrerie ou du tronçonnage à la régulière et sans nuances.

Niveau bio, pour une fois, les informations ne manquent pas.

ALCHEMY a sorti son premier EP Rise Again en 2013, à participé à plusieurs festivals et autres battles, a aussi assuré les premières parties d’artistes prestigieux (Don Airey, Headless), ils ont ensuite publié un second Extended Play, D.A.R.E.D., leur permettant d’asseoir leur réputation grandissante. Mais c’est aujourd’hui en conquérants qu’ils reviennent, et avec un tel atout dans leur manche, la partie semble gagnée d’avance. 

Nous savons tous que la scène Metal Italienne est en pleine mutation depuis quelques années. Les combos originaux et talentueux se succèdent dans les colonnes des zines, privilégiant les efforts excentrés et la différence d’approche. Mais après tout, il reste encore des musiciens là-bas qui n’ont pas oublié que le Hard Rock et le Metal pouvaient aussi rester des musiques simples et sincères, ce que prouve sans insister ce Never Too Late, au titre un peu étrange pour un groupe aussi jeune et acclamé dans son pays natal. On comprend assez vite pourquoi les ALCHEMY ont rencontré un tel succès intramuros, et pourquoi ils ont gagné haut la main tant de concours. Leur musique est puissante, mélodique, inspirée, de tradition, mais avec ce petit plus les poussant au métissage des genres sans en avoir l’air. Tout ça en gardant une solide base Rock, et sans se renier. Un joli tour de force…

Mais ALCHEMY, c’est d’abord une magie qui repose sur le nom même du groupe. On sent derrière ces chansons délicatement ouvragées une réelle osmose entre les membres du band, dont aucun ne cherche à tirer la couverture à lui.

C’est donc une victoire d’ensemble que fête ce premier album, qui a su trouver un équilibre fabuleux entre des guitares vraiment incisives et un clavier pas si discret qu’il n’en a l’air, mais pas envahissant pour autant. Alors, à l’écoute des neuf titres de Never Too Late, on voyage, dans le temps et l’espace. On se souvient des groupes flamboyants des années 80, mais aussi de ceux qui à notre époque n’ont pas oublié leur racines.

Et si le disque débute par deux chansons qui présentent des similitudes flagrantes, chacune se mouvant sur un mid tempo solide mais chaloupé, dès « Never Too Late », le quintette change d’optique, durcit un peu le ton, et laisse un up tempo emporter la musique un peu plus haut.

 

Evidemment, comme tout bon album de Hard & Heavy qui se respecte, deux vecteurs ont été privilégiés, la puissance et la mélodie. A ce petit jeu, ALCHEMY bat son pavillon avec une morgue tout à fait justifiée, et superpose une guitare agressive mais fluide et une rythmique détonante. Le chant de Marcello est tout à fait adapté à l’optique de composition et nous enchante de son timbre chaud qui peut se faire caressant lorsque l’ambiance se tamise. Pourtant, le choix de morceaux longs n’est pas l’optique la plus simple lorsqu’on évolue dans un tel univers. Mais croyez-le ou pas, ALCHEMY n’a cure du timing et propose ses idées sans se poser de questions, et surtout, sans devenir irritant à force de répétitions.

Et même lorsqu’ils feignent de céder aux sirènes de la ballade imposée, ils savent le faire avec conviction, et nous gratifient d’un refrain hyper puissant qui leur permet de virer la barre avant de heurter les récifs de la mièvrerie (« Blessed Path »).

 

Toutes ces constructions d’orfèvre ne les empêchent nullement de pratiquer l’art de la compo directe et franche, comme le démontre le percutant « End Of The Line », pur bijou de Hard Rock à tendance Heavy mélodique, sur lequel la voix incroyable de Spera fait encore merveille, soutenue par des chœurs discrets mais intelligents, et une ligne de basse en ondulations hypnotisantes. Si « Rise Again » et son intro acoustique nous refait le coup des briquets à sortir rapidement, le Hard reprend vite ses droits, même si le riff plutôt convenu en fait un des morceaux les plus faibles du lot. 

Mais l’album se termine par un épilogue assez ambitieux, qui effraie quelque peu par sa durée excessive et ses dix minutes et quelques qui semblent un obstacle difficile à franchir. Pas d’inquiétude à avoir, c’est une fois de plus en trompe l’œil, puisque le Heavy burner qui déménage pendant quelques minutes laisse la place à un shunt, avant le vrai final, qui adopte les contours d’une très belle ballade acoustique nous laissant sur une jolie note romantique pas toc pour un sou.

 

Du Hard Rock donc, sophistiqué mais assez cru pour donner envie de bouger, une grosse dose de Heavy pur et dur, mais assez mélodique pour séduire les plus sensibles, une force de frappe indéniable, et des allusions progressives discrètes qui enrichissent des thèmes de départ assez classiques. Des musiciens au top niveau, et finalement, un album qui contourne tous les poncifs pour proposer une version contemporaine d’un Metal torride mais subtilement sucré. 

Voici sans doute ce qui m’a poussé à prendre mon clavier pour parler de ce Never Too Late des Italiens d’ALCHEMY, qui avec une musique aussi fouillée mais spontanée n’ont pas fini de faire parler d’eux. Alors non, il n’est jamais trop tard en effet pour se souvenir que le Hard est avant tout une musique de passionnés, qui se contentent de jouer, et de composer avec le cœur.

 

Et tant que des musiciens s’en souviendront, l’alchimie prendra.

 

 

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