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Metal and Oddities Reviews
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16 juin 2016

REVOLT - Torture To Exist

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Kernkraftritter Records - Thrash - Allemagne - 10 Juin 2016 - 10 titres – 57 minutes

A force de chroniquer des artistes Colombiens, Argentins, Polonais, Roumains, Canadiens, Hongrois ou Brésiliens, on en avait presque oublié que le Thrash était né presque conjointement aux USA et en Allemagne…Il est vrai que leur domination sur la scène était totale dans les 80’s, mais que depuis ces deux pays se sont cruellement fait rattraper par des cousins plus ou moins éloignés. Certes, les cadors sont toujours vivants, mais moins actifs, ou alors, peut-être avons-nous trop pris l’habitude de les voir et les entendre.

Alors, pour rétablir un peu l’équilibre, back to the origins.

J’aurais pu, et peut-être dû choisir un groupe ricain pour la peine, mais le hasard des sorties m’a fait tomber sur la case Allemande, et je ne m’en plaindrai pas. Ce, pour plusieurs raisons.

 

Mais d’abord, un peu d’histoire et quelques présentations. Les REVOLT viennent donc de Wolfsburg, en Basse-Saxe, et ont vu leur aventure débuter à l’orée des années 2000, après avoir navigué quelques années sous le pavillon LIVING FORCE. Il leur a fallu ronger leur frein pendant six ans avant que leur premier EP ne voie le jour, Exit Life, Reborn In Hell, et quatre années supplémentaires pour accoucher d’un premier LP, le tonitruant Bloodventure qui avait recueilli des échos très positifs dans la presse spécialisée. Et c’est encore six ans de plus qui auront été nécessaires pour donner une suite à cet album, avec ce Torture To Exist distribué par le label local Kernkraftritter Records, en version digitale et physique, disponible depuis…aujourd’hui.

Mon timing n’est-il pas parfait ?

 

REVOLT, c’est avant tout un quatuor, constitué de Marc Baumstark (Guitare rythmique et chant), Simon Visser (Guitare lead, chœurs), Manuel Baumstark (Basse, et sans doute frère de Marc), et Tobias Püschner (Batterie). Mais ce sont aussi des influences, aussi disparates que finalement logiques (KREATOR, SLAYER, EXODUS, mais aussi Joe SATRIANI et DRAGONFORCE), qui une fois assimilées débouchent sur un Thrash de très haute volée, qui place au même niveau brutalité, intensité, finesse, mélodie et fluidité. En gros, et malgré une identité germanique indéniable, on peut affirmer que les REVOLT sont une sorte de Crossover géant entre le Thrash US incisif, son pendant Allemand décisif, et la mouvance Néo Thrash mondiale qui agite nos esgourdes depuis la fin des nineties.

Si à l’époque les groupes étaient concis et sommaires, leurs héritiers n’hésitent pas à donner dans les heures supplémentaires. Une fois encore, avec dix morceaux pour quasiment une heure de musique, les REVOLT ne jouent pas l’économie, et nous en donnent pour notre argent. Le danger, habituel, est de frôler de trop près les écueils de la redite et du roboratif, et même si certaines idées ont tendance à se rebondir dessus, Torture To Exist se montre globalement impeccable et inspiré.  

 

Pourtant, avec quatre morceaux d’une durée déraisonnable, dont deux frisant les huit minutes, le pari était osé. Il se trouve pourtant que ces compositions sont parmi les plus riches du lot, avec leur subtil mélange de violence instrumentale et de délicatesse harmonique. Faisant preuve d’une extrême aisance dans l’enchaînement de plans parfois antagonistes, les REVOLT signent avec ce second album une véritable synthèse du Thrash de ses origines à son revival actuel, et passent par tous les courants et toutes les ambiances. Ils peuvent en outre se targuer d’une pratique instrumentale de haut vol, ce qui garantit aux morceaux une percussion immédiate, et un savoir-faire précis et diabolique. 

D’une vélocité raisonnable, Torture To Exist rappelle bien des figures du style, de FORBIDDEN à EXODUS, en passant par XENTRIX, SLAYER évidemment pour ces quelques riffs millimétrés et lapidaires, et bien sûr KREATOR, dans sa version la plus récente et imperfectible. En excentrant un peu les débats, on pourrait aussi parler d’une légère patine MACHINE HEAD dans les instants les plus sombres (« Kill The Rapist »), ou même de GRIP INC pour cette solidité de ton et cette voix rêche et affirmé. Il n’est pas non plus inconcevable de citer la référence parmi les références, METALLICA, spécialement lorsque le quatuor Allemand se laisse dériver le long d’un mid tempo très prononcé Metal.

Quoiqu’il en soit, et malgré ce petit jeu des comparaisons, REVOLT existe en tant que tel, et peut revendiquer une identité ferme. 

Ne serait-ce que pour cet art du contrepied qui consiste à proposer des pistes très courtes, qu’on aurait pu penser expéditives et radicales, et qui se montrent au contraire pesantes, éprouvantes et dominées par un Heavy trouble et glauque (« Dark Turned Face », la plus brève mais aussi la plus oppressante, malgré un break solo explosif). A l’exact opposé, « Deliverance » et ses huit minutes démarre dans un déferlement de blasts inattendu, avant de se stabiliser autour d’un thème virevoltant que les RIGOR MORTIS applaudiraient sans doute. Il est tout à fait concevable de voir en cette longue suite épique un parfait survol des théories de REVOLT, puisque tout est passé en revue, avec en bonus cette petite note contemporaine qui les a sans doute poussés à évoquer les DRAGONFORCE dans leurs influences. Break Heavy mélodique digne de la NWOBHM, accélérations foudroyantes, soli incendiaires, couplets virils et refrains fédérateurs, c’est une synthèse idéale pour appréhender l’histoire du Thrash depuis sa genèse. De l’excellent travail… 

Il serait pourtant malvenu de voir en REVOLT une simple réunion d’élèves appliqués. Ils savent aussi se montrer légèrement rebelles sur les bords, et proposer des choses plus teigneuses et aventureuses, comme ce « Stalked ! Catch ! Bondage ! » qui s’autorise des libertés, et une double grosse caisse concassante qui dérive vers un Techno Thrash sauvage et affranchi.

Ils se lâchent même sur le final qui propose une digression sur le riff de « Necrophobic » pour un dernier carnage pur Thrash qui cette fois-ci ne s’embarrasse pas d’une quelconque politesse. Et quelques blasts au passage pour un surplus de violence instrumentale, c’est cadeau.

 

Oui, le devoir de mémoire a parfois du bon. Le Thrash Allemand n’a pas perdu la main, mais ne se contente pas de suivre les enseignements de ses aînés. Il pioche dans l’héritage, mais le fait fructifier, et des groupes comme REVOLT portent encore très haut l’étendard national. Malgré son titre, ce second album est tout sauf une torture, et vous propose une heure de Thrash incisif, créatif et vif.

Et par la même occasion, envoie de la part de son pays un message clair au reste du monde. « Nous sommes toujours là » 

 

 

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