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Metal and Oddities Reviews
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1 juillet 2016

DOROTHY - Rock Is Dead

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Roc Nation Records - Modern Hard Rock - USA - 24 Juin 2016 - Modern Hard Rock - 11 titres – 35 minutes

Sérieusement, combien de fois dans l’histoire de la musique populaire avons-nous entendu dire que le Rock était mort ? Des dizaines de fois ? Oui, lorsque la vague Prog Rock a envahi les salles des seventies, lorsque la New-Wave a débarqué avec ses claviers, quand la déferlante Rock Fm a pris les ondes en otages, enfin bref, les exemples d’avis de décès prématuré ne manquent pas. Certains l’ont même chanté tiens, comme une oraison qui leur a permis d’attirer l’attention sur eux. Le révérend Manson s’en est fait un hit, mais il faut bien admettre qu’en 2016, le Rock est toujours là, et qu’il se porte plutôt pas mal.

Et il nous donne régulièrement de ses nouvelles…Des fois qu’il nous manquerait. Aujourd’hui, il nous envoie une carte postale de son pays d’origine, une carte postale ensoleillée et au graphisme un peu torve d’ailleurs…Alors, back to California, sans les LED ZEP, mais en compagnie d’un nouveau groupe que les géants de Rolling Stone nous ont pointé du doigt comme étant the band to follow

 

Pour les néophytes, avertissement d’importance. Ces DOROTHY là n’ont rien à voir avec leurs homonymes Hongroises. Certes, les deux groupes envoient plus ou moins la sauce et se montrent exubérants, mais l’approche est différente et la configuration aussi. Si les mignonnes rockeuses de Hongrie restent en terrain balisé Rock mélodique gentiment party, les DOROTHY Californiens ne doivent leur féminité qu’à leur frontwoman du même prénom, et se pavanent dans un party Rock plutôt glissant et légèrement sexy aux commissures des lèvres. Mais un petit flashback dans le passé vous démontrera la différence.

DOROTHY est donc un quatuor (Dorothy – chant, Dj Black – guitare, Gregg Cach – basse et Zac Morris – batterie), dont le concept est né au début de l’année 2013. Il y a trois ans, la tempétueuse vocaliste croise la route de Mark Jackson et Ian Scott, producteurs fameux, duo auquel elle propose ses chansons et avec qui elle partage ses envies de musique collégiale. Impressionnés par la voix de la musicienne, le tandem a une révélation. Dorothy se doit d’être soutenue par un backing band sans chichis, lui taillant su mesure un costume Hard-Rock basique (SAB, AC/DC), légèrement ajusté par un groove un peu Hop.

 

L’idée sied à merveille à la demoiselle, et un ensemble est vite mis sur pied pour accoucher d’un premier EP éponyme qui leur permettra de figurer au classement des cinquante meilleurs nouveaux artistes de 2014. A la…quatorzième place je vous prie. Pas mal pour un début. Et qui dit début tonitruant, dit suite obligatoirement chauffée à blanc. Cette suite, je vous en parle ce matin puisqu’elle a pris la forme d’un LP onze titres, qui ne joue pas les prolongations, et court à l’essentiel d’une grosse demi-heure. Pochette gentiment provoc’, avec paire de ciseaux pour couper le cordon ombilical, mais pas cette langue qui dépasse et qui permet à Dorothy de chanter comme elle l’a toujours fait. Avec son âme, ses tripes, et aussi son bas ventre, qui lui donne l’impulsion.

La question est : 

Etes-vous prêts pour onze titres de Rock un  peu arrangé à une sauce relevée, qui puise dans le passé sans pour autant s’y retourner ? Si la réponse est oui, alors allez-y…

 

La recette est simple, et plus ou moins expliquée dès les deux, trois premiers morceaux. Des riffs accrocheurs, légèrement fuzzy, un beat bien chaloupé mais frappé, et surtout, la voix de Dorothy qui s’époumone et s’égosille avec un feeling indéniable et une pêche de tous les diables. On connaît ça depuis les garage bands des sixties, mais ça fonctionne toujours, et on se retrouve pris dans un tourbillon de Rock qui a la bougeotte, un tantinet vintage mais qui garde quand même prise avec l’actualité. Et si « Kiss It » ne tourne pas autour du pot mais le fait bien chauffer, avec sa rythmique qui a la bougeotte d’un Iggy Pop ou d’un JET, « Dark Nights » se vautre dans un feeling un peu Bluesy qu’on retrouvera planant au-dessus des titres suivants. Un peu d’énergie juvénile à la Suzy Quatro, les flammes de la cheminée de PRISTINE en guise de couverture pour un hiver un peu rude (même en Californie, parfois, on a besoin de se réchauffer…), mais surtout beaucoup de professionnalisme au service d’une musique épidermique qui ne fait pas semblant d’aimer ce Rock qu’elle prétend à l’agonie. 

Des hits à foison, pas forcément immédiats mais qui donnent le ton, et une authenticité qui nous pousse à croire que les pontes de Rolling Stone ont encore du nez. Certes, les titres s’enchaînent et se ressemblent parfois, mais je ne crois pas me souvenir que Chuck Berry cherchait l’originalité à tout va. Ça joue, ça chante, et jamais ne déchante, et puis, trente-cinq minutes, ça pèse léger sur la balance, alors autant se laisser bercer par ce Hard Rock un peu vintage mais moderne.

Les chœurs contagieux sont bien sûr de la partie (« Wicked Ones »), tout comme le feeling Bluegrass qui colle au palais (« Gun In My Hand »), et qui vous laisse un arrière-goût de Blues au fond de la gorge (« Medicine Man »).

 

Pas de réelle surprise, mais aucune faute de goût. Les morceaux sont taillés pour vous donner envie de vous trémousser, et savent garder un parfum authentique, comme le démontre le petit brûlot « Raise Hell », qui s’il n’a rien à voir avec l’enfer de Lemmy sait profiter d’une grosse caisse amplifiée et d’une guitare enflammée pour agiter vos oreilles et les faire chauffer. Le quatuor se la joue plutôt court, et propose même quelques interventions brèves, comme ce « Whiskey Fever » qu’on verrait bien entonné de concert par Britney Spears et Jack White, ou « After Midnight », qui enchante par son ambiance sleepover de filles qui prennent leur pied en soirée avec des guitares bien allumées. 

Mais quoiqu’il en soit, et malgré les similitudes qu’on n’évite pas, Rock Is Dead est une parfaite antithèse musicale de son titre, et ne se gêne pas pour faire la fête autour d’un cadavre présumé…qui finalement n’est pas encore bon à enterrer.

DOROTHY, le groupe, aborde plusieurs registres avec une jolie cohérence de ton, et une énergie béton, sans se poser trop de questions. Il faudra sans doute à l’avenir suivre des pistes un peu moins balisées, mais pris tel quel, ce premier LP est frais, explosif, et relativement jouissif. 

Non, le Rock n’est pas mort, il a juste changé. Ok, aujourd’hui, on l’achète numérisé, mais rien ne vous interdit de le faire vibrer quand même…

 

 

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