HOLISPARK - The Harvest

Dooweet Agency - Power Rock - France - 29 Janvier 2016 - 6 titres – 20 minutes

Ben non, en fait, les colonnes d’un webzine Metal ne sont pas uniquement réservées aux gros bourrins qui se vautrent dans le Thrash ou le Heavy Allemand comme les catcheuses dans la boue. On a parfois besoin de les ouvrir aussi à des choses plus légères, des musiques moins agressives et plus mélodiques, histoire de rétablir un équilibre somme toute assez instable. C’est dans cette optique que régulièrement, je traite des cas de groupes un peu «  à part » ou disons…à la limite du Metal, et même au-delà il faut bien l’avouer…

Mais faute avouée justement étant à demi pardonnée, je suis excusé depuis longtemps, alors je vous entretiendrai aujourd’hui du cas d’un trio bien de chez nous, qui marche sur la ligne assez ténue qui sépare le Rock musclé de la Pop Rock engagée, et croyez-moi, une fois vos oreilles posées sur cet EP, vous n’allez pas les décoller de sitôt.

Les HOLISPARK se veulent trio, dans lequel Kévin Stahl et Roch Deroubaix entourent Manon Hollander, jeune chanteuse à la voix délicate et puissante. La bande s’est formée l’année dernière, et depuis, encadrée par la très efficace agence Dooweet, a multiplié les bons coups, se retrouvant à partager l’affiche avec des valeurs sures de la scène Française comme le vétéran Louis Bertignac toujours pendu à son téléphone, ou même notre cher et théâtral M lors d’une tournée en Corse.

Voilà qui vient salement étoffer un jeune CV et qui permet de se faire remarquer bien comme il faut. Les trois amis ont en outre multiplié les passages télé, ce qui a sans doute permis à leur EP en version physique d’être épuisé le jour même de sa mise en vente dans certaines enseignes. Tout ceci est bien joli, commercialement viable, mais artistiquement, l’affaire mérité elle d’être soulignée et surtout, relayée ?

Les six morceaux de ce joliment packagé The Harvest sont là pour vous donner la réponse à cette question, réponse affirmative vous le devinez très bien, sinon, j’aurais fait l’impasse sur les quelques signets consacrés à une chronique éventuelle. 

Alors, pas de Metal à l’horizon, là n’est pas par contre la question. Leurs chaperons aiment évoquer la Pop Rock pour définir les contours de leurs horizons, ce qui n’est pas entièrement faux, mais pas totalement vrai non plus. Si certains collèges les ont comparés aux SUPERBUS, je me dois de me porter en faux face à cette affirmation, la musique de HOLISPARK étant bien plus solide et moins bassement commerciale. Certes, leurs mélodies sont chatoyantes, les guitares sont rayonnantes, mais on navigue plus dans les eaux du College Rock US mâtiné d’un soupçon de Rock harmonique Anglais, que dans un marigot de Pop française trop dégoulinante de gimmicks. A vrai dire, la musique de cet EP est à l’image de sa pochette. Colorée, au trait fin et séduisant, légère mais plus profonde qu’elle n’en a l’air, et qui fricote même à l’occasion avec le Rock un peu boosté des NO DOUBT (« Light », qui mérite bien son titre et qui colle des fourmis dans les jambes et les oreilles).

Si la voix de Manon semble être le point de focalisation du trio, il serait injuste de passer sous silence l’énorme travail fourni au niveau des guitares, qui savent carillonner comme celle de Peter Buck des REM, ou jouer les trouble-fête ludique à l’instar des interventions juvéniles et rebelles de Graham Coxon (BLUR). Les HOLISPARK proposent un joli éventail d’ambiances, du Rock de fin d’après-midi qui lâche tout ce qu’il a dans les boomers (« Further », un peu MADINA LAKE qui boeufe avec les SUPER HAPPY FUN CLUB et Avril Lavigne), à la ballade intimiste de soirée, lorsque les langues délient les secrets et les confidences (« Slippery Slope », finesse, tendresse, arpèges et accords acoustiques, LONE JUSTICE et Michelle Branch qui tiennent la chandelle), pour finalement dresser un tableau de la jeunesse moderne qui n’a pas oublié dans les tiroirs les témoignages de ses aînés. 

Pour faire simple et imagé, The Harvest est à l’image des photos promo du groupe. Exubérant mais sincère, humain, sans esbroufe et qui parle du cœur aux oreilles sans passer par des chemins détournés. Certes, les chansons du trio n’ont rien de novateur en soi, mais elles sont efficaces, travaillées sans être trop sophistiquées, bourrées d’idées sobres et discrètes mais efficaces. La production est clean sans être aseptisée, lisse les guitares sans trop les polir, et place en avant la voix de Manon sans pour autant l’imposer de force. Les qualités des trois musiciens s’imposent par elles-mêmes, et finalement, ces six titres sont autant de hits qui donnent envie de croiser le groupe sur scène. 

Notez bien le nom de HOLISPARK sur vos tablettes, ils n’ont pas fini de faire parler d’eux. Ce qui sera amplement mérité au vu de leurs qualités immenses et de leur honnêteté. Se pourrait-il que notre beau pays se soit trouvé un digne représentant dans un créneau à haut risque ?

Seul l’avenir nous le dira, mais The Harvest est déjà un solide indice.