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Metal and Oddities Reviews
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20 juillet 2016

AFTER ALL - Waves Of Annihilation

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 NoiseArt Records - Thrash - Belgique - 10 Juin 2016 - 10 titres – 43 minutes

Un groupe pur Thrash, en activité depuis la fin des eighties, qui n’a jamais lâché l’affaire, et qui se permet de sortir son neuvième longue durée en 2016. Fantasme, délire ? Non, fait. Et en sus, dites-vous qu’il ne vient ni d’Allemagne, ni des USA, ni d’Angleterre. Vous vous creusez les méninges ?

Allez, un indice. Le quintette vient de Belgique, a officié pendant deux ans sous la bannière CRAP SOCIETY, et pendant trois ans sous le sobriquet d’AT LAST. Ça ne vous met pas plus sur la voie ? Premier EP, Dusk en 1992, premier LP trois ans plus tard, Wonder, et depuis, des EP, des Splits, et encore plus de EP et d’albums. Le dernier en date fut publié en 2012, et ce fameux groupe s’est retrouvé à partager l’affiche avec des pointures comme ANTHRAX, KING DIAMOND, SACRED REICH et même FEAR FACTORY.

Pas plus de solution qui agite vos neurones ?

Allez, je ne vous fais pas languir. 

AFTER ALL

 

Oui, difficile de croire qu’un combo Thrash ayant vu le jour il y a plus de trente ans soit toujours en activité sans avoir connu de split ni de break, et pourtant, c’est bien l’histoire d’AFTER ALL. Le line-up a bougé évidemment, mais on retrouve toujours aux postes principaux Christophe Depree et Dries Van Damme, les deux guitaristes ayant rejoint la mouture originelle du groupe après ses deux mutations, entourés de Frederic Vanmassenhove à la basse et Sammy Peleman au chant, depuis 2010 tous les deux, et le petit dernier, Bert Guillemont au kit depuis l’année dernière. Les AFTER ALL font donc figure de curiosité sur la scène Thrash Européenne, mais les réduire à leur longévité serait terriblement réducteur.

S’ils sont toujours là aujourd’hui, c’est bien sûr grâce à une ténacité et une foi sans faille, mais aussi à cause d’une musique pleine, riche, qui se présente comme un formidable point de jonction temporel et stylistique entre les glorieuses eighties et le versatile nouveau siècle.

 

Deal avec le label Noiseart Records pour trois album, l’avenir semble sourire aux Belges. Si vous ajoutez à ça le fait que Waves Of Annihilation a été produit par Dan « Everywhere » Swanö, mais aussi que le grand Ed Repka s’est chargé du superbe graphisme de la pochette, vous sentez déjà que l’affaire va être solide. Cette pochette fait d’ailleurs partie des plus grandes réalisations du célèbre graphiste (qui a travaillé pour la troisième fois avec le quintette), avec ses créatures post apocalyptiques aux prises avec un étrange vaisseau spatial très sci-fi. Mais un grand disque ne serait rien sans un grand groupe, même sous un joli emballage, et ce neuvième album de la bande de Bruges pourrait bien se hisser au niveau de leurs meilleures réalisations, et par extension, dans le top ten des Thrash acts de l’année 2016. 

Pourtant, le groupe n’a pas changé son approche d’un iota depuis l’orée des années 90. Leur principe est resté le même, et basé sur les principales qualités d’un style qui finalement, n’a jamais vraiment changé.

S’appuyant sur une paire de guitaristes originels qui ont gardé leur touche personnelle des racines tout en adaptant leur jeu aux exigences contemporaines, AFTE ALL propose donc un Thrash de très haute volée, technique mais pas trop, qui étale surtout un nombre conséquent de riffs tous aussi percutants les uns que les autres.

Dans un style HEATHEN très prononcé, au ton un peu durci, avec une grosse louche de PRIMAL FEAR pour ce côté Heavy bien méchant, Waves Of Annihilation se pose en manifeste absolu de la brutalité maîtrisée. Clairement scindé en deux parties, avec une première moitié plus portée sur les morceaux courts et incisifs et une deuxième plus encline à laisser les atmosphères se développer, ce neuvième LP des Belges se love à la frontière du Thrash et du Heavy bouillant, et lâche même quelques bombes Heavy Thrash progressives hallucinantes d’énergie mélodique (« Restore To Sanity », pourtant pas une des plus longues du lot).

 

Dans le créneau évolutif, c’est clairement le long et épique « After The Hurt Is Gone « qui se place sous la lumière avec ses six minutes et trente secondes de Heavy Thrash en fusion. On sent à ce moment-là l’importance d’une influence comme celle d’ANNIHILATOR dans l’attaque des guitares qui mordent tout ce qui passe à portée de leurs cordes, et dans les percussions d’une rythmique inventive qui s’adapte toutefois au staccato des médiators de Christophe et Dries. Un coup de basse à la Steve Harris, un break bien plombé à l’atmosphère prenante et pesante, et le voyage se déroule sous des auspices mystiques…soli précis et coulés, cheminement logique mais impulsif, c’est une fois de plus la preuve que le groupe est à l’aise dans toutes les digressions. 

Mais lorsque l’on parle de Thrash, on parle évidemment d’attaques franches et massives, et là aussi, le quintette est passé maître dans l’art de claquer de plein fouet sans ménager son auditoire.

 

D’ailleurs, c’est ce côté-là qu’ils souhaitent visiblement mettre en avant, puisqu’une entame aussi radicale que « Rejection Overruled » ne laisse planer aucun doute sur la férocité des musiciens. OVERKILL, ANTHRAX, ANNIHILATOR, autant de noms qui remontent à la surface de la mémoire, et qui pèsent sur l’écoute sans pour autant lui nuire. « Target Extinction » garde le même cap et durcit même le ton, avec son riff principal à la AGONY/HEATHEN, qui évite pourtant le piège dangereux du Speed/Thrash stérile et redondant. On peut certes être parfois agacé par les envolées un peu trop lyriques de Sammy Peleman au chant, mais il incarne le chanteur de Heavy Thrash dans toute sa splendeur, y compris dans ses tics les plus irritants. Alors autant tout prendre en bloc et passer sous silence les quelques errances suraiguës. 

Et si l’agressivité Thrash mâtinée de Heavy Speed fumant rappelant clairement les eighties bénies vous manque, jetez-vous derechef sur le torride « None Can Defy », qu’on aurait pu trouver à l’époque sur le classique Alice In Hell, si Randy Rampage avait été capable d’égaler les prouesses vocales de Rob Halford. Et si les AFTER ALL préfèrent terminer leur neuvième LP sur une note clairement Heavy, ils ne peuvent pas s’empêcher d’y glisser quelques blasts démoniaques accentués par des guitares effilées et tranchantes (« Destructive Force », genre de délire à la AGENT STEEL dopé au Guronsan). 

De fait, il n’est pas étonnant maintenant de comprendre pourquoi ces Belges n’ont jamais baissé pavillon en plus de vingt-cinq ans de carrière. Leur musique est toujours aussi fertile et convaincante, purement Thrash mais aussi délibérément Heavy, et Waves Of Annihilation, comme je le précisais, fait partie de leurs meilleures réalisations, sans aucune contestation possible. Une production énorme, un artwork de cauchemar, des musiciens capables, et des compositions classiques mais inspirées, au service d’un Thrash aussi accessible que furieux.

 

La Belgique, plat pays ? Il semblerait que certaines vallées soient plus escarpées qu’on ne veuille bien le croire.  

 

 

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