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Metal and Oddities Reviews
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31 juillet 2016

HAMMERS OF MISFORTUNE - Dead Revolution

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Metal Blade - Progressive Metal Rock - USA - 22 Juillet 2016 - 7 titres – 46 minutes

Lorsqu’on parle de Metal Progressif, on pense souvent à l’écurie Magna Carta, aux DREAM THEATER bien sûr et leurs milliers de projets annexes. En gros, des musiciens qui recyclent des plans de RUSH en les intégrant à un contexte METALLICA, avec beaucoup de complaisance et de répétitions pénibles. Mais le terme « progressif » a réussi à se faire une place différente en déformant des genres qui étaient à priori hermétiques à la base, parlons entre autre du Black Metal, du Post Rock, et même du Blues parfois pourquoi pas. Ceci étant dit, il y a d’autres écoles, qui ne passent pas non plus sur les bancs de Canterburry. Qui n’ont pas usé les manuels de GENESIS et tous les bricoleurs théâtraux, et qui préfèrent utiliser des bases pour rédiger leurs propres postulats, tranquilles, dans leur coin.

C’est plus ou moins le cas de ce groupe à part, HAMMERS OF MISFORTUNE, qui depuis une bonne quinzaine d’années développe son propre univers, assez hermétique aux influences externes.

 

Avant toute chose, précisons d’emblée que HAMMERS OF MISFORTUNE est plus ou moins le vecteur d’expression de son guitariste et créateur John Cobbett. On retrouve le nom de ce type dans le défilement de quelques génériques connus, LUDICRA, le super projet VHOL, mais aussi GWAR, avec quelques caméos fameux. L’homme connaît la et sa musique, et mène sa barque, racontant ses histoires, principalement focalisées sur son San Francisco d’adoption, bien loin des turpitudes solitaires des chevaliers, des dragons, et des sociétés secrètes. L’homme regrette l’embourgeoisement de sa ville, de son quartier, et consacre des albums entiers à ce phénomène, qu’il explique musicalement d’une drôle de façon.

Alors Progressif, c’est indéniable, mais surtout pluriculturel et ouvert à toutes les possibilités. Mais avant tout, Metal, Hard Rock, et surtout, loin du tape à l’œil et du pompeux qui nous ruinent les esgourdes de leurs ambitions déplacées et de leur vacuité de ton.

 

Pour ceux d’entre vous qui ne connaitraient pas ces Marteaux de la Malchance, sachez qu’ils sont six assis en tailleur (John Cobbett: guitare, Will Carroll: batterie, Sigrid Sheie: orgue, piano, chant, flute, Leila Abdul-Rauf: guitare, chant, Joe Hutton: chant, et Paul Walker: basse), et qu’ils sortent justement leur…sixième album, Dead RevolutionComme son prédécesseur, il se focalise donc sur cette tendance d’embourgeoisement à Frisco, qui gratouille un peu l’intégrité de Cobbett, au point qu’il y consacre toute son attention et sa créativité.

Celle-ci n’a pas changé et se base toujours sur les mêmes principes. Un Hard Rock/Heavy Metal bouillonnant de créativité, qui ne se refuse aucune allusion, et qui est capable d’un accord à l’autre, d’une couleur au monochrome d’évoquer METALLICA, BLACK SABBATH, JUDAS PRIEST, JEFFERSON AIRPLANE, les DOORS, KYUSS et même HAWKWIND parfois, sans jamais citer ses sources, mais en les laissant en évidence sur les partitions pour que personne ne soit dupe. 

Dead Revolution prolonge donc le travail entrepris sur 17th Street, paru il y a cinq ans déjà, sans changer grand-chose à son concept et à son optique. Tout au plus noterez-vous un léger durcissement de ton, et encore, pas sur toutes les interventions.

Le line-up n’a pas changé, mis à part la place de batteur qui revient maintenant à Will Carroll, c’est donc pratiquement la même équipe que l’on retrouve derrière John, ce qui permet à Dead Revolution d’être cohérent dans la continuité, même si quelques éléments de çà et là, viennent nous aiguiller sur un futur potentiellement différent. Mais comme sur tous les albums antérieurs du groupe, la première chose qui frappe est cette capacité de Cobbett de composer des morceaux alambiqués mais logiques, riches, versatiles, ce qui fait de lui un artiste vraiment à part sur la scène Metal. Indépendant, aussi fan de QUEEN que de ST VITUS, ce qui expliquerait sans doute cette appropriation bizarre en fin d’album.

 

On y retrouve en effet le classique « Days Of ‘49 » de Bob Dylan, celui-là même qui ornait le Self Portrait du baladin, et qui se voit ici offrir un nouveau reflet, à mi-chemin entre un Stoner vraiment poisseux et un Doom progressif light comme le SAB’ aurait pu nous offrir au début des seventies. Petit parfum celtique engoncé dans un costume Heavy un peu étriqué, mélodies à plusieurs voix qui s’entremêlent, cette reprise, malgré sa place finale sur l’album en représente un point fort en illustrant la liberté de ton de ce groupe décidemment unique. Mais avant d’en arriver là, d’autres pièces conséquentes vous attendent, et qui utilisent le clavier de Ray Manzarek, la main droite de James Hetfield, le sens de la combinaison au rasoir de JUDAS PRIEST, et les volutes de fumée de la scène lysergique de Frisco des late sixties. 

Tout commence d’ailleurs par un gros melting-pot agressif et pointu, qui se lance dans la mêlée comme le MAIDEN de Powerslave s’enfonçait dans les cryptes des pharaons en 1984. « The Velvet Inquisition » valide des années de culture musicale, pioche dans la réserve Heavy des eighties, trempe le butin dans le nectar enivrant du progressif des 70’s, pour finalement proposer une pièce hors du temps, qui coule du souvenir de GENESIS autant que de celui de la NWOBHM.

A contrario, « Here Comes The Sky » se délecte du GRATEFUL DEAD, du Harrison le plus contemplatif, des AIRPLANE, développe une jolie ambiance cotonneuse et lance un mantra hypnotique, avant de tout ruiner d’un Post prog à l’Italienne, qui déchire les nuages de ses riffs un peu doomy. La voix traîne un peu dans les couloirs de la conscience, la rythmique s’emballe, et…on s’évade, loin, très loin.

 

« Sea Of Heroes » s’accommode fort bien d’un riff traînant à la Mustaine, et sonne d’ailleurs comme une jam entre Dave le teigneux rouquin, Jon Lord, et Josh Homme, au détour d’une soirée Stoner Metal un peu développé et pas si anarchique que ça. Mais tout ceci ne sont que des exemples, puisque comme d’habitude, chaque titre semble prolonger le précédent tout en contredisant certaines de ses prises de positions. N’en restent pas moins des mélodies enchanteresses, des accélérations de staccato surprenantes, et surtout, une science de la mise en place, exacte, mais libre.   

 

Dead Revolution parle de Frisco, et aurait pu être enregistré dans une faille temporelle et spatiale entre le Haight-Ashbury et Londres, avec une étape à Rome. C’est un sixième album enregistré en sextette, qui prolonge une œuvre dense et riche, celle des HAMMERS OF MISFORTUNE que personne n’est encore parvenu à classer.

 

 

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