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Metal and Oddities Reviews
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3 septembre 2016

CASTLE - Welcome to the Graveyard

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Van Records - Vintage Occult Heavy Rock - USA - 15 Juillet 2016 - 8 titres – 34 minutes

Tu connais, tu ne connais pas, il y a quand même des indices…Tiens, regarde le clip de « Hammer And The Cross » et écoute bien la musique. La sémantique, l’iconographie, les guitares grasses…Et puis un groupe qui s’appelle CASTLE, trio, Mat Davis (guitare), Al McCartney (batterie) et Elizabeth Blackwell (basse, chant), et qui a quand même déjà sorti trois longue durée, tu ne devrais pas hésiter longtemps…On pourrait, comme ça, les qualifier de Doom, après tout, ils en trimbalent les symboles et la gravité des guitares, mais décidemment non, ils sont beaucoup plus que ça et surtout finalement…autre chose.

CASTLE, ce sont des riffs, des rythmiques évidemment, mais surtout, une attitude et une voix. Celle d’Elizabeth, qu’on n’oublie pas une fois qu’on l’a entendue. Mais vous savez tout ça si vous avez tendu l’oreille un jour sur In Witch Order, Blacklands ou Under Siege, le dernier LP publié il y a tout juste deux ans…CASTLE donc, un mari et une femme plus un batteur, genre Sonny and Cher qui traînent avec Ginger Baker ou Keith Moon, et pourtant, les réminiscences 60’s ne sont pas forcément évidentes dans leur musique…

 

« On a essayé de faire fonctionner cet album comme un tout, avec un élément Rock de base qui nous durcissait comme à nos débuts sur In Witch Order, tout en le mélangeant avec des poussées mélodiques orchestrées »

 

 C’est Mat Davis qui parle de ce dernier né, et vous pouvez lui faire confiance, il sait ce qu’il vous raconte. Welcome to the Graveyard, produit par Billy Anderson se rapproche en effet des racines du groupe, racines qui n’ont d’ailleurs jamais été déplantées mais qui avaient tendance à pousser un peu de traviole ces derniers temps. Ici, en trente minutes et quelques, on va à l’essentiel, et cet essentiel est Rock, Hard Rock, Heavy Metal, mais surtout pas Doom par pitié.

Et j’irai même plus loin. Pas forcément vintage non plus…

 

OK, le toutim l’est lui. Les textes, la façon de chanter, quelques arrangements, mais lorsqu’on tombe sur « Flash Of The Pentagram », on a plutôt le sentiment d’avoir affaire à un CACTUS ou un SABBATH qui, à l’époque bien sûr, auraient inventé le Thrash sans vraiment faire gaffe. D’ailleurs, le groupe l’admet, ils ont un gros fond Thrash. L’accordage, l’attaque syncopée des guitares, et dans des moments pareils, ça se sent clairement. Certes, le solo est bien Rock et mélodique dans la forme, presque NWOBHM même, mais le fond, man, le fond… « Black Widow », ça paraît un peu éculé comme ça vu la trame, mais la voix d’Elizabeth, couplée à ce lick qui semble exhumé tout droit des coffres blindés de Neat Records, ça fonctionne sur plusieurs niveau, comme un TROUBLE soudain énervé qui aimerait bien plagier les premiers SAXON. Alors Doom ? Mais vous êtes vraiment sérieux ? 

A propos de sérieux, certains disent que quoiqu’il arrive, CASTLE ne pourra jamais décevoir en sortant un album moyen, encore moins mauvais. Moi qui comme vous et comme eux connaît le parcours du groupe, j’abonde dans ce sens, puisque Welcome To The Graveyard est une fois de plus une sale réussite. La production un peu crade et pourtant bien percutante abonde dans ce sens, et puis ces petits passages en double, ces breaks incendiaires qui sortent de nulle part ou des enfers perdus, c’est vraiment symptomatique du trio. Ce qui l’est aussi, c’est cet amour des variations, cette tendance à refuser la linéarité sans nuire à la cohésion, ce qui leur permet de proposer des titres aussi différents que liés comme « Veil Of Death », le seul à passer la rampe des cinq minutes, et « Traitors Rune » et son atmosphère un peu trouble, subtil mélange pataud de Thrash primaire et de Heavy Metal des origines. 

Ils jouent en rangs serrés, mais en plan déliés, et c’est remarquable. Ils ne jouent jamais la montre, restent dans des limitations tout à fait raisonnables, et de temps à autres, se lâchent sur un truc un peu en marge, comme le superbe final « Natural Parallel ». Enorme riff Hard-Rock, rythmique qui tente de se décaler un peu, et toujours ce chant qui prend à l’âme comme une invocation de lune. Mais la mélodie, toujours présente, leur permet de prendre leurs distances avec ce satané Doom qui m’insupporte de plus en plus. Sans être psyché, les CASTLE parviennent pourtant à retrouver la magie des grands disques des 70’s, ceux dont les sillons répandaient une fumée un peu louche, en la traitant comme du Rock des années 80, aussi nerveux, mais largement moins surfait.

Et dans la masse grouillante des groupes revival qui sont restés bloqués sur Sabbath Bloody Sabbath ou Paranoid, ça fait tâche. Et moi, j’adore les tâches, je déteste ce qui est immaculé.

 

Tiens, j’ai même pensé à une analogie marrante. Je me suis souvenu, sans trop réfléchir,  de cet album des DEAD MOON, In The Graveyard. Et je me suis dit que si les gus à l’époque avaient joué un truc moins garage et plus Métal, ça aurait pu donner Welcome to the Graveyard. Il aurait sans doute fallu qu’ils fassent des efforts niveau technique, mais l’ambiance…Oui je sais c’est bizarre, mais ce quatrième LP du trio m’y a fait penser. Il est en tout cas à placer dans une évolution logique, entamée il y a sept ans, et qui commence à culminer assez haut. Je ne sais pas encore si ce dernier né est supérieur à Under Siege, mais il semble plus « libre », plus varié. 

Les arpèges qui sonnent nocturnes, les chœurs discrets, les effets sur la voix, et puis cette soudaine gerbe de flammes qui rend la guitare incandescente… « Down In The Cauldron Blog », c’est tout ça et bien plus, une fausse ballade qui finit mal, tard, près d’une vieille église. Encore une fois cette patine Thrash sous-jacente, et cette voix incroyablement polymorphe qui séduit et effraie en même temps. Alors en fait, vous comprenez après avoir lu tout ça que ce foutu Doom, ils s’en foutent. Mais la musique… 

Voilà, c’est une affaire de musique. Ce quatrième LP de CASTLE n’est qu’une affaire de musique, qui traverse les époques et qui s’y arrête, fugacement ou plus longuement. Il vous offre une visite gratuite, celle d’un vieux cimetière, assez mal entretenu, mais à la végétation qui commence à empiéter sur les tombes. Un paysage de fin de vie qui pourtant en sonne comme un hymne. 

Et la voix d’Elizabeth qui se pose comme une rose sur la pierre d’une sépulture qui n’a plus de nom.    

 

 

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