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Metal and Oddities Reviews
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4 septembre 2016

GOD’S AMERICA - Merge With The Infinite

God_s_America_Merge_With_The_Infinite_2016

RSR records - Dark Powerviolence - USA - 25 Août 2016 - 25 titres – 27 minutes

Avec ces conneries de chaleur estivale, de vacances, j’en avais presque oublié mon Grind sur le comptoir d’un troquet aux tarifs prohibitifs. Mais faute avouée étant à demie pardonnée, je fais mon mea culpa et j’avance en terrain connu de nouveau. Connu certes, mais qui a subtilement changé entre temps. A force de chroniquer des démos et des EP qui n’excèdent pas la poignée de minutes, j’en avais presque oublié qu’un bon groupe extrême était encore capable de proposer une sortie de durée honnête. J’étais donc grandement satisfait de constater ce matin que les Américains barges de GOD’S AMERICA dispensaient vingt-sept minutes de non savoir-vivre sur leur premier LP.

Vingt-cinq morceaux d’accord, presque une demi-heure d’abord, mais est ce que le remplissage est raccord avec le message ?

La réponse est simple : 

Ecoutez.

 

L’histoire de GOD’S AMERICA est basique, et se déroule depuis quelques années à Las Vegas, Nevada. Déjà auteurs d’un premier 7’’ paru sur le prolifique label de Baltimore A389, et d’un split aux faces partagées avec les tarés de SETE STAR SEPT (édité par SPHC), les résidents de la cité du vice ont une conception tout à fait particulière du Grind et du Powerviolence, qu’ils agrémentent selon leur bon vouloir d’une bonne dose de Sludgecore pour faire peser les débats, tout en s’autorisant quelques libertés créatives donnant la parole à une basse assez libre qui roule sur son manche comme un hérisson sur la fameuse 66. En résulte une mixture assez étrange, aussi éprouvante qu’elle n’est rapide, et aussi lourde qu’elle n’est pas du tout limpide. 

Ce premier LP fait donc la part belle à la diversité glauque, et semble divisé en miroir dont les facettes se reflètent d’un point central poisseux. Si la majorité des segments se contentent à peine de passer la barre fatidique de la minute, la césure à l’hémistiche « Recent Studies » se vautre dans les grandes largeurs de six-cent quarante-et-une secondes, pour un exercice de style symétrique en Indus Dark majeur, un peu comme si les NAILS et BRUTAL TRUTH se splitaient les neurones pour n’en retirer que les idées les plus sombres. Dissonances et feedback, c’est le recul dans l’attaque et le Heavy qui s’impose, mais harcelé et malmené pour un résultat vraiment traumatisant.

 

Mais pas d’inquiétude, le reste est tout aussi indigeste, quoique beaucoup plus fulgurant dans l’effort. Alors même que les infos relayées parlent de références évidentes à SPAZZ ou INFEST, mes clins d’œil aux NAILS ne sont pas innocents, quoique le barouf des GOD’S AMERICA semble parfois bien plus intense que celui des cadors respectés.

Alors Powerviolence dans les faits, Grind par extension, mais le tout accommodé à la sauce Indus par fusion, pour un résultat hautement radioactif. Comme dirait la réplique, « c’est du brutal », mais pas seulement. Certes, les attaques sont décisives la plupart du temps, animées par des pulsions en blasts déments, mais il semblerait que le sadisme soit une particularité importante du caractère musical des Américains. Ils n’hésitent jamais à vous exploser les tympans avec des débordements de larsen, ou à vous aplatir le marteau et l’enclume d’une basse qui défie les lois de la pesanteur.

 

Et tout au long de ses vingt-cinq morceaux, Merge With The Infinite flirte en effet avec les possibilités de l’infinie violence, pour n’en retirer que ses aspects les plus crus et déviants. Un titre comme « Sinkhole » par exemple, semble avoir été élaboré pour tester votre résistance à la souffrance, avec sa bande instrumentale qui peine à laisser s’exprimer un riff rachitique et déformé. Mais on pourrait ponter du doigt bien d’autres entrées pour étayer la thèse du sadisme, tout ça pour en arriver à la même conclusion. GOD’S AMERICA est unique dans sa conception de la brutalité, et finit par dérouter l’auditeur en le perdant sur des chemins convergents et divergents, ondulant entre Crust, Grind, Powerviolence, Indus et Noise, pour ne choisir aucun camp, sinon celui de l’inconfort et de la déstabilisation. 

Ce premier album est donc une réussite totale et fatale, qui vous coince la tête dans un étau de distorsion, de guitares corrosives et de rythmiques abusives, le tout chapeauté par un chant hurlé à l’agonie.  

Avec en sus une petite touche Punk absolument délicieuse et stridente (« Decomposition Process »), et de furieux accès Grind/Sludge à la WORLD NARCOSIS (« Charred Remains »), voire des poussées Noise ébouriffantes (« Wilderness of Shitheads »)…

Mais arrêtons là les frais qui sont plutôt bouillants.

 

Vous avez tous les éléments sous les yeux pour comprendre, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Alors toi, fan de NAILS, ou d’INFEST et tous leurs potes, achète ce disque, et en vinyle s’il te plaît. Parce que ça fait du bien de retrouver son Grind après l’avoir oublié l’espace de quelques jours d’été. Même s’il est encore plus corsé qu’avant.

 

 

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