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Metal and Oddities Reviews
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4 septembre 2015

CAIN - The Ravaging

CainThrash - USA - 12 Juillet 2015 - 8 Titres, 39 Minutes

 

Les affinités, ça ne se discute pas...Lars et James vénéraient la NWOBHM, Dave Lombardo livrait des pizzas dans le quartier de Kerry et Jeff, et Paul a impressionné John en lui jouant "Twenty Flight Rock" à la perfection. C'est comme ça, les amitiés naissent parfois d'un petit détail qui rapproche, et dans le cas de CAIN, ce sont les jeux vidéo, RUSH et le Thrash Métal qui les ont conduit a unir leurs forces. CAIN vient de Buffalo, New York. Formé en 2010 autour des deux lascars gamers en question, Eareckson Murray (guitare, chant) et Bryant Morrison (Batterie, choeurs), ils ont sorti une démo en 2011, se sont vu rejoindre par Zack DeMarzio à la basse, et ont participé à un split consacré à la scène locale, avec leurs potes de Maximum Oversatan, malicieusement intitulé Unholy Triumvirate. Si l'on en croit leur bio, en sus des trois passions déjà citées, ils aiment Dragonball Z, les 90's, le Rock, la bière, les nichons, et jouer live en compagnie de leurs frères d'armes de la scène de Buffalo. En gros vous l'aurez compris, ils sont comme vous et moi, aiment s'amuser, faire de la musique qui fait du bruit, et rendre hommage aux légendes du Thrash et du Death, puisqu'en sus des icônes usuelles, ils citent volontiers VADER et DEATH comme influences notoires.

Et sous une pochette qui fleure bon les productions de la fin des années 80/début des 90's, se cache en effet un effort plaisant, qui ranime l'esprit de certains ensembles de l'époque concernée. A première oreille, The Ravaging propose un Thrash rageur, frondeur, puissant, et sans concession. L'organisation en trio, la rythmique, le chant geignard mais hargneux m'ont aussitôt fait penser à une version plus carrée d'INCUBUS, les héros responsables des séminaux et brutaux Serpent Temptation et Beyond The Unknown. Même propension à se baser sur des riffs costauds et saccadés, rythmique nucléaire, passages médium qui écrabouillent tout sur leur passage, la référence semble valide, mais le surplus d'agressivité de certains morceaux peut aussi rattacher CAIN à cette vague de combos à cheval entre Thrash et Death qui envahissait les bacs au tournant des deux décades déjà citées.

Première constatation, et bonne de surcroît, même sur l'ensemble d'un LP, CAIN ne lasse pas. Beaucoup de groupes ont du mal à faire la transition entre des EP's, démos et splits et un album entier, ce qui n'est pas le cas du trio. Sans doute sont ils aidés en cela par une production parfaite, qui colle à merveille à leur style, et leur offre le son sec indispensable à ce genre de déflagration. Batterie mate, basse qui claque et largement mise en avant, chant un peu en retrait, et guitare sans écho, directe et tranchante. Un peu à la façon des Hard Core Bands métallisés des années 90, CAIN aborde son Thrash sans refuser les influences extérieures, tout en restant complètement Métal. Et le fait qu'ils soient aussi à l'aise sur des tempi rapides que sur des passages plus Heavy n'est pas non plus étranger à la qualité de The Ravaging. Les trois musiciens ne semblent pas privilégier un format particulier, et les morceaux oscillent entre les trois minutes règlementaires et les plus longues digressions dépassant les sept minutes, passant de l'un à l'autre avec une grande aisance.

Ainsi, le lapidaire "Rotten Revelation" et ses deux minutes et quelques ne fait pas grand cas d'une empathie quelconque, et fonce tête baissée dans un Thrash aussi influencé par SODOM qu'INCUBUS, qui reste carré, rebondissant de break en break, sans jamais paraître redondant. D'un autre côté, le long et épique "The Ravaging" propose un étalage conséquent de riffs solides, rebondit de plans sauvages en fausses accalmies lourdes et profondes, sans que l'ennui ne s'installe jamais. Même conclusion pour le long final "Killing Time", qui laisse une basse à la Dan Lilker planter le décor, avant que la guitare ne prenne quelques libertés Core/Indus, le tout s'achevant dans un Thrash mordant, autant chaperonné par le PROTECTOR le moins débridé que par un VADER particulièrement calme.

Et lorsque juste avant, le trio s'autorise une visite sur les contrées d'un jeune SEPULTURA, la machine tourne à plein régime, et la double grosse caisse donne tout ce qu'elle a dans le ventre, se permettant quelques contretemps dynamiques à la KREATOR pas content du tout ("Earth's Extinction", et son break limite Black).

Somme toute, The Ravaging, sans jamais tomber dans le chaos ou l'approximation bruitiste propose une belle énergie condensée, qui se retient constamment de verser dans l'outrage gratuit, sans pour autant être timoré, loin de là. Se basant sur des qualités rythmiques indéniables, des riffs solides et éprouvés, et un chant qui va de l'avant, c'est un album qui tronçonne intelligemment tout en gardant ce charme sauvage typique de la fin des années 80, lorsque les frontières entre le Thrash, le Hardcore et le Death devenaient plus floues. Par contre, inutile de chercher la moindre trace de RUSH dans cette explosion de rage, car mis à part quelques progressions légèrement symptomatiques de la bande à Geddy Lee, vous ne trouverez rien qui puisse affilier CAIN à l'autre trio Canadien précieux et délicat.

Non, les affinités, ça ne discute pas. On peut aimer les jeux vidéos, le Hard Rock progressif et Dragonball Z et faire de l'excellent Thrash, ça n'est pas incompatible. Après tout, les mecs d'EXODUS vénéraient Madonna, et Lars Ulrich vouait un culte à George Michael et Oasis. Quoiqu'il en soit, CAIN n'a pas besoin d'Abel pour instaurer une hargne convaincante, et saura vous démontrer qu'en 2015, le Thrash aux doux relents de Death est encore pertinent.

Et qu'ils sont largement capables de tout ravager proprement, et sans l'aide de personne!

 

 

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