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Metal and Oddities Reviews
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8 décembre 2015

LEWIS AND THE STRANGE MAGICS - Velvet Skin

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Soulseller Records - Vintage Rock - Espagne - 21 Août 2015 - 8 titres – 41 minutes 

Avec une pochette qui rappelle étrangement les films à tendance érotique des années 70, actrice/modèle à la moue boudeuse et au regard éteint, lit arrangé pour l'occasion à la blancheur douteuse, on était en droit de s'attendre à un vinyle estampillé Stoner, au Hard Rock 70's un peu crade, mais pourtant, tout n'est pas justement résumé à ça, et même pas vraiment en fait. LEWIS AND THE STRANGE MAGICS a vu le jour en été 2014, sous le soleil brûlant de Barcelone, et s'est rapidement fait signer par le label Soulseller Records, sur la foi d'une démo assez enthousiasmante. 

Depuis, premier LP en poche, et huit morceaux pour convaincre le public de la validité de la rapidité de l'affaire. Si leur maison de disque se plaît à situer les musiciens entre BLACK SABBATH et les BEATLES, l'affaire est bien plus complexe que ça. Bien sur, le choix des thèmes les affilie presque d'office avec la bande à Ozzy, mais musicalement, les débats ont cours sur un autre niveau, moins foncièrement Heavy et plus volontiers Garage et Fuzzy. Sans aller jusqu'à citer les maîtres de l'Occult Rock des 70's, COVEN ou BLACK WIDOW en tête, il n'est pas interdit de voir en Velvet Skin des réminiscences du BLUE OYSTER CULT, de CACTUS, mais aussi de la vague scandinave de ces cinq dernières années, pour cette approche Rock un peu Hard gorgée d'orgue et de guitares râpeuses mais clean. 

Nous sommes même parfois très loin du Hard Rock mais plus proche d'un Rock vintage pur et dur, comme le montre "Suzy's Room", au groove diabolique, qui cite les YARDBIRDS les plus enthousiastes ou même les KINKS en version ludique. Ou même pourquoi pas, une version Pop sautillante d'URIAH HEEP, moustaches offertes en cadeau...Mais restons loin des galéjades, car sous des atours chatoyants, ce premier album est loin d'être une petite affaire expédiée pour le fun en passant. Alors que les doigts chatouillent avec délice les ébènes et ivoires, le chant gouailleur de Lewis P chapeaute le tout de textes évidemment emprunts de mysticisme du début des 70's, et rappelle même parfois un croisement entre DEVO et Nick CAVE ("Golden Threads" et ses couplets sautillants mais sombres).

LEWIS AND THE STRANGE MAGICS distille des ambiances très pesantes dignes des meilleures BO de cette époque bénie, et laisse une basse rampante et chaloupée nous mener droit dans la gueule du loup ("Nina (Velvet Skin)", sensuel et inquiétant, qui dessine le portrait d'une femme fatale en musique, entre SHAFT et les soundtracks italiens des mid 70's). 

Dans sa globalité, Velvet Skin est une entreprise dénuée de défaut, et son écoute est fort plaisante. On se retrouve plongé en plein dans un Pulp d'époque, genre de film noir traversé par des créatures aussi sexy que vénéneuses, et les instruments parviennent sans mal à nous faire respirer l'air vicié de cette époque. Les soli sont travaillés et précis, et tissent un canevas dont les mailles s'étendent d'un style à l'autre, que l'on passe par la case presque Funky Rock ("Female Vampire") ou l'arrêt de bus déglingué de Hard bien rouillé et lourd ("How To Be You", au riff gras et au binaire qui plombe les guiboles). 

Le talent du groupe est d'avoir su retrouver le cachet un peu louche des albums du début des 70's, lorsque la frontière entre les genres devenait salement floue, serpentant entre le Rock Hard, le Progressif et l'Occult Rock tendu comme un Nécronomicon en plein hiver ("Cloudy Grey Cube", Blues noir et progressif qui ondule au ralenti sous les vagues d'un orgue vicieux). Mais LEWIS tient quand même à mettre les choses au point, et termine son premier effort par une longue suite totalement symptomatique de l'état d'esprit d'il y a quarante ans, en se permettant huit minutes de délire musical qui passe par toutes les ambiances possibles. "Your Evil Trip", s'il ne dévie pas des obsessions lucifériennes, se lâche dans un long propos qui part de la naissance d'un Hard Rock qui avait encore gardé ses racines Bluesy, mais qui ne reniait pas pour autant l'héritage encore frais des 60's, celui que les STONES d'Altamont n'avaient pas encore tué.

Riff à la ZZ TOP/CACTUS, orgue à la Jon Lord, chant soft aux textes malins, mélodie futée qui s'insinue, et surtout, longues improvisations pleines de feeling entre des musiciens en pleine communion spirituelle. 

Avec une production light, qui n'en rajoute pas, mais fuzze les guitares à fond tout en laissant la caisse claire mâte répandre ses échos dans l'espace, Velvet Skin est une sacrée odyssée qui passe sans vergogne de concepts harmoniques personnels à la ZOMBIES, au Hard Rock presque progressif du PURPLE, tout en piochant allègrement dans les carnets de note de LUCIFER'S FRIEND, SORCERY ou même des injustement oubliés THE 31 FLAVOURS. Occulte certes, mais plus dans les thèmes que dans l'approche musicale, qui elle résume parfaitement ces années charnières entres des 60's agonisantes d'un rêve de paix enterré et des 70's déjà prêtes à tous les débordements.

C'est en tout cas un album qui sonne plus authentique que ce que j'ai pu entendre depuis longtemps, qui s'amuse à jouer à cache-cache avec une affiliation trop précise, restant dissimulé derrière un sofa Rock pendant que les invités du jour festoient sur de la Pop un peu louche et pas forcément recommandable aux enfants. 

Un truc à l'image de sa pochette, sexy mais pas séduisant, mais attachant. Profond mais futile. Et pour le moins, un sacré flashback vers des années où le seul moteur était la liberté de créer sans se soucier de se mettre à la colle avec un genre bien précis.  

 

 

 

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