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Metal and Oddities Reviews
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10 janvier 2016

GREEN DENIM - Green Denim

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Hard Sleaze - USA - Octobre 2015 - 15 titres – 66 minutes 

Quand j'étais ado, j'avais un pote qui avait un jean rouge. Oui, rouge. On se foutait copieusement de sa gueule pour ses goûts douteux, mais finalement, nous n'étions pas mieux que lui avec nos vestes en jean bardées de patches et de badges. Alors imaginez un peu s'il s'était pointé avec un jean vert...Là, c'était le massacre verbal, l'humiliation orale avec prise à témoin de pauvres quidams qui n'auraient sans doute rien demandé. Mais ri aussi. Sur même. Et ne voila il pas que ce matin, je vois débarquer une bande de rockeurs hirsutes avec des jeans verts. Je prépare l'artillerie lourde, les meilleurs calembours, j'avertis mes voisins, mais par acquis de conscience, je balance leurs chansons dans le pick-up.

Et après quelques tours de piste, pas en 33 et un tiers puisque le Pc tourne en Bt/s, je range mes blagounettes dans ma musette, et j'écoute. Tout. Et à la fin de l'album, je me félicite d'avoir fermé ma gueule parce qu'il n'y a franchement pas de quoi rire. Et avec un album pareil, ils peuvent bien revenir la semaine prochaine en salopette mauve, je leur ouvrirai ma porte.

GREEN DENIM? Pourquoi pas, mais genre quoi, un jean normal moisi, ou passé aux radiations de déchets toxiques, genre la Troma? Non, un jean vert comme les dollars, comme le soleil de l'Illinois tiens, puisqu'ils viennent de Saint Charles et qu'ils se sont expatriés à Chicago. 

C'est sous l'impulsion de Bad Blair Alexander que tout à commencé. Guitariste et chanteur, il galérait pour se la jouer solo, sans section rythmique, pendant que Samantha Granrath s'agitait, peinte en tigresse, genre performance. Les deux se sont vite entendu, et après quelques anicroches (un accident, etc...), Alexander persuada Sam de tenter le coup à la batterie, puisqu'elle avait déjà quelques notions de musique. L'alchimie prit de suite, et Sam fit de gros progrès, à tel point que leur répertoire s'étoffa très rapidement. Ils jouèrent, jouèrent, attirant un public de plus en plus conséquent, et un jour, ils virent le groupe de Chip Z'Nuff sur scène et ce fut le déclic. C'était ça qu'ils voulaient, et rien d'autre. Jouer du Rock direct, et enregistrer avec ce mec, ex Enuff Z'Nuff, s'imprégner de son background pour étoffer le leur, et proposer un Rock teinté de Hard Sleaze, de Punk, et signer des chansons immédiatement accrocheuses, et faire...la fête. 

Party all night long pourrait être leur devise, sauf que leurs morceaux sont beaucoup plus que de simples chansons à boire. Elles sont bulles de champagne, cotillons fluo et sourires de circonstances, et citent dans le même élan les NEW YORK DOLLS, les CRAMPS, ENUFF évidemment, mais aussi tout le répertoire trash Américain de ces trente dernières années. En tendant bien l'oreille, vous percevrez même des échos de Chris Isaak, des DEAD MOON, de FASTER PUSSYCAT, en gros, le meilleur des groupes qui allaient à l'essentiel. Un riff porteur, une mélodie simple, une voix gouailleuse, et c'est party... 

GREEN DENIM, c'est d'abord une grosse complicité entre un guitariste chanteur/bateleur de talent, et une batteuse splendide qui cogne et va à l'essentiel. Cette fusion entre eux est patente sur ce premier album, à tel point qu'ils n'ont pas hésité à lâcher quinze titres pour le prouver. Et croyez le ou non, quinze titres, ça passe vite tellement cette musique est euphorisante et entêtante. On pourrait presque dire que chaque morceau est un hit qui synthétise l'esprit Sleaze des années 70/80, le psychobilly garbabe des CRAMPS et tous leurs suiveurs, mais aussi l'Americana le plus profond, avec cet écho sublime sur la guitare, et ces harmonies un peu dépassées qui pourtant touchent encore en plein coeur.

Lux Interior et David Johansen qui fricotent dans l'arrière salle d'un bar, pendant que Taime Downe se fout de leur gueule avec son pull angora. Et puis, comme un cheveu sur la soupe, URGE OVERKILL et Mike Monroe débarquent pour un duo impromptu ("Howl at The Moon"), et ça devient surréaliste, mais bon enfant. 

Et moi aussi je me lâche. Green Denim est un putain de très bon album de Rock à la gouaille Sleaze, mais qui n'oublie pourtant pas d'être carrément Rock. Alexander et Samantha connaissent leurs classiques par coeur, et les restituent à leur sauce, comme des STONES plus fans que jet-set ("2x4"), un peu Iggy en vadrouille avec Marc Bolan aussi ("Straight Razor 78", piano bastringue offert par la maison), mais aussi HANOI ROCKS plus jeunes que jamais ("Rollin' To The City"), ou BAY CITY ROLLERS qui virent Punk sans pour autant oublier le Top of the Pops ("Green Denim").

C'est immédiat évidemment, mais parfois plus intimiste, comme ce "Sugar Friend" à la mélodie si BEATLES que même Johnny Thunders se laisserait avoir. Bien sur, on pense à FASTER PUSSYCAT, celui du premier album, à HANOI ROCKS parce que de toute façon tout vient de là, mais l'énergie dont fait preuve GREEN DENIM est tout bonnement si contagieuse qu'on a envie de ressortir ses fringues des 80's pour partir en vadrouille downtown. ce qui ne les empêche nullement d'évoquer le patrimoine national en se fendant d'une reprise nickel du "Going Up The Country" des éternels CANNED HEAT. Et tout comme eux, ils se retrouveront sur la route, encore... 

Guitare Rock, clean ou sale, chant qui peut se montrer sensible, et on shoote quand même dans les poubelles parce que l'Amérique est devenue trop propre. D'ailleurs, ils le chantent eux mêmes, sur ce "Rollin' To The City", leur kif, c'est d'être dans un bar, sur la scène, pour jouer leurs morceaux sans se prendre la tête. Et cet album vous la libèrera d'ailleurs, plus efficacement qu'une boite entière d'aspirine. Ces quinze morceaux sont autant de cocktails alcoolisés certes, mais qui vous laissent grisé, pas bourré. Une fête de samedi soir, lorsque la nuit ne veut pas finir et s'éternise d'un solo qui l'inspire. 

Et ils veulent tellement rester qu'ils se refusent à nous dire au revoir ("Don't Say Goodbye" avec ces choeurs géniaux qui explosent comme des bulles de savon)...Mais comment dire au revoir à une bande pareille et rentrer chez soi seul? 

Qu'ils ont bien fait de se mettre à la colle artistiquement. Franchement, je les vois comme des potes maintenant, Alexander et Sam, des potes qui viennent vous chercher dans une vieille Chevrolet, pour vous emmener au pays des rêves Rock N'Roll qui vous gardent jeune à jamais.

Green Denim, ou comment avoir envie de porter des lunettes de soleil alors que la nuit est tombée. Mais que la nuit est belle avec eux...

 

 

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