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Metal and Oddities Reviews
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22 février 2016

AMY LEE - Recover Vol 1

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Amy Lee Music - Alternative Metal - USA - 19 Février 2016 - 4 titres – 13 minutes

Quand on aime un groupe, je veux dire, quand on l'aime vraiment, on aime aussi avoir de ses nouvelles. Et les fans d'EVANESCENCE de ce côté là, on les sentiments mis à rude épreuve depuis quelques années. Il faut dire que leur groupe fétiche est plutôt avare en sorties et en apparitions scéniques, ce qui est plutôt dur à avaler lorsqu'on aimerait qu'il vous consacre un peu plus de temps...Or, depuis bientôt cinq ans, rien. Ou pas grand chose. Quelques concerts, des apparitions dans les médias, mais rien de plus.

Et comme Evanescence le dernier album éponyme des Américains paru en 2011 venait juste de combler le vide de cinq années de silence depuis The Open Door, le manque commençait à salement se faire ressentir. Certainement au fait de cette situation, et consciente que le silence n'est pas la plus belle preuve d'amour que l'on puisse donner à ses fans, Amy LEE a donc décidé d'offrir un petit cadeau à ses admirateurs les plus dévoués sous la forme d'un EP de reprises, disponible en version dématérialisée sur iTunes ou Amazon, histoire de leur montrer qu'ils comptent encore pour elle... 

La (très) belle Amy avait déjà lâché sur youtube quelques exemples de reprises, qu'elle a donc regroupées en un seul EP, qui au vu de son titre en annonce certainement d'autres. Et cet exercice de style, qui pourrait s'apparenter à un moyen facile de combler les trous se révèle en fait être un véritable travail de fond, opéré sur des morceaux que la chanteuse affectionne et interprète depuis des années.

Elle présente d'ailleurs l'affaire en ces termes: 

"Faire ces reprises a été un bon exutoire pour moi ces derniers temps. J'ai l'habitude de m'amuser avec des morceaux que j'adore et que je connais par coeur, mais au lieu de les chanter bêtement par dessus la stéréo, j'ai décidé de m'y intégrer totalement. Vous les avez réclamés, alors j'ai regroupé les quatre premièrs sur un EP en vente sur iTunes" 

On pourrait légitimement se dire : "Puisque ce sont des reprises, pourquoi ne pas les offrir aux fans via son site officiel?" Mais au jugé du travail accompli et du résultat obtenu, il devient évidemment qu'Amy peut se permettre de les vendre à un prix dérisoire tant le lifting est profond, et les versions proposées transfigurées par rapport aux originaux.

Et pourtant, la belle Californienne n'a pas tapé dans l'obscur ou dans les seconds couteaux, et il fallait oser s'attaquer aux montagnes U2, LED ZEPPELIN, Chris Issak et PORTISHEAD, tous des références dans leur créneau, et surtout, tous avec une identité forte et une emprunte marquée dans le coeur des fans. Mais en adoptant l'approche d'une Tori AMOS et d'un David BOWIE, Amy a fait plus que reprendre ces chansons, elle les a phagocytées e assimilées, les a intégrées à son univers et à rendu une copie tout à fait brillante et sans rature, même si évidemment certains titres sont plus adaptés à son univers que d'autres. 

Et comme souvent dans ce genre de récréation, ce sont les chansons les moins prévisibles qui s'avèrent les plus réussies et les plus captivantes. Si le "It's A Fire" des PORTISHEAD passe la rampe sans problème, le Trip Hop mélodique de Beth Gibbons admet quand même quelques points communs en termes d'atmosphère avec le Rock Pop et Gothique d'EVANESCENCE; ceci facilitant grandement les choses. Par contre, entendre la chanteuse se faire les cordes vocales sur le "With Or Without You" de U2, sur "Going To California" du ZEP ou sur le sexuel "Baby Did A Bad Bad Thing" de Chris Isaak est une surprise de taille, spécialement lorsque le résultat est à la hauteur de la dite surprise. 

Le tube dramatique des Irlandais se voit complètement déformé par le prisme Néo Gothique de LEE, et se retrouve empêtré dans les méandres d'un hybride proto Trip Hop lourd et glauque qui rappelle évidemment les sonorités du groupe d'origine de la vocaliste. Beat électronique plombé et lourd, voix éthérée, montée en crescendo occultée pour imposer une non progression très linéaire et étouffante, c'est un beau travail, mais pas le plus convaincant avouons le. Etrangement, "Going To California" de Page & Plant ne subit que peu de transformations, et garde sa délicate patine acoustique qui se retrouve sublimée par les envolées lyriques d'Amy qui a très bien joué son coup en respectant ce sublime classique qu'elle cristallise de ses intonations puissantes et délicates.   

Et c'est donc le lubrique "Baby Did a Bad Bad Thing" de Chris "50's forever" Issak qui se pose en point d'orgue de cet EP...

Avec des arrangements synthétiques très appuyés, une interprétation à la Kate Bush qui restitue très bien le stupre suintant de l'original mâtiné d'une certaine candeur, Amy a frappé très fort et nous délivre quasiment un nouveau morceau qui prouve qu'elle a encore beaucoup de choses à proposer en termes d'appropriation de classiques qui échappent complètement à son répertoire originel. 

On aurait pu penser que cet EP ne serait qu'une simple récréation destinée à satisfaire l'ego d'une chanteuse qui a depuis très longtemps prouvé ses capacités, mais le résultat en est l'extrême opposé. Moi qui déteste cordialement tout ce qu'EVANESCENCE a pu produire depuis ses laborieux débuts, j'ai été vraiment séduit par ces quatre morceaux au point de regretter que la chanteuse n'ait pas entrepris un chantier plus important. C'est du très beau travail qui ne lèsera en aucun cas ses fans, et qui risque même de lui en faire gagner de nouveaux, et qui prouve qu'elle a largement de quoi s'imposer en tant qu'artiste solo. 

Être belle c'est une chose. Avoir une belle voix aussi. Mais savoir s'en servir et surtout être capable de travailler un fond pour offrir une nouvelle forme en est une autre. 

Mais Amy en a largement les capacités. 

Alors Amy, et ceci est un appel personnel sincère, dépêche toi de nous offrir une suite, et plus conséquente. 

 

 

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