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Metal and Oddities Reviews
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25 mars 2016

FLESHGORE - Denial of the Scriptures

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Xtreem Music - Brutal Death Gore - Ukraine - 19 Février 2016 - 10 titres – 39 minutes

Il n’y a pas de mal à se faire du mal. C’est cette maxime biaisée que j’ai dû embrasser au moment de choisir la chronique de FLESHGORE…Moi, le gros allergique au Brutal Death par excellence qui aime trop les pâquerettes et les petits lapins pour me repaître d’exactions bruitistes Gore…Et pourtant, je suis là, et vous savez quoi ?

Rien. Rien de rien.

Je ne regrette rien.

Alors, FLESHGORE. Avec un blaze pareil, les Ukrainiens ont toujours joué la franchise, et ce cinquième LP ne dérogera pas à cette règle. Après tout, on ne reprend pas un hymne à la tripaille tel que le « S’étouffant sur du Mucus et de la Bile » de PYAEMIA pour que dalle…Le trio est là depuis un bail d’ailleurs, et a toujours su ce qu’il voulait. Jouer un Brutal Death hyper carré et méga puissant, et de ce côté-là, je reconnais que plus les années passent plus ils sont performants. On les imagine bien entre deux tournées bossant dans un abattoir et désossant les carcasses par paquets de cent, mangeant leur sandwich au carpaccio de bœuf saignant, les pieds posés sur la croupe d’une pauvre bête entièrement dépecée.

 

Ça rigole sec en Ukraine, mais reconnaissons que depuis sa formation en 2000, et malgré des changements de line-up incessants, FLESHGORE a abattu (sic) un boulot de dingue et s’est affirmé comme le leader de la scène Death brutale locale, sans contestation possible. Entre Killing Absorption et Defiance To Evil, presque dix ans de présence/absence sur les scènes Européennes, mais un savoir-faire qui atteint aujourd’hui le stade de la précision chirurgicale. Car le Death des Ukrainiens est épais certes, mais incroyablement précis et pointu, et je me dois d’être franc…j’ai adoré.

Moi pourtant qui déteste cordialement ce style qui tourne en rond depuis sa création, je me suis laissé happer par ces rythmiques compressées qui virevoltent comme des giclées de sang sur le sol du labo du boucher, par ces riffs qu’on connaît pourtant par cœur depuis le premier SUFFOCATION, et par ce chant ultra caverneux que Chris Barnes a un jour popularisé après s’être gargarisé avec de la javel. C’est vous dire le tour de force accompli par Denial of the Scriptures

 

C’est l’arrivée du printemps, pourtant ce beau temps ne me rend pas plus clément. Le soleil à beau briller comme jamais, mon objectivité n’est pas remise, et c’est bien elle qui me pousse à déclarer que ce cinquième effort des Ukrainiens pourrait bien se poser en acmé d’un genre pourtant salement usé. Même les cadors du genre, SUFFOCATION, DYING FETUS, SEVERE TORTURE en tête de gondole peuvent toujours s’accrocher pour suivre le rythme imposé par ces neuf nouveaux morceaux qui tiennent une cadence incroyable et dégagent une énergie folle. La raison de mon euphorie passagère ? Cette démence qui émerge de ces morceaux construits comme autant d’odes à la brutalité la plus outrancière, mais qui sont élaborés par de vrais orfèvres du genre qui mettent leur technique pointue au service d’accords charnus. C’est dodu certes, souvent convenu, mais tellement efficace et transcendé par une production gigantesque qu’on se fait avaler tout cru par cette gymkhana qui ne montre aucun signe de faiblesse. 

Pourtant…Rien d’inédit, et c’est bien ça qui me chiffonne. Non seulement ce dernier né n’a rien pour se démarquer de ses aînés, mais il ne fait en outre que confirmer leur influence. Alors qu’en sais-je…Sont-ce les vocaux de Rus qui m’ont à ce point séduit de leur grave profondeur, ou bien les parties incroyables de Lev derrière son kit ? Les riffs implacables et découpés au hachoir d’Igor ? La combinaison des trois ? C’est sans doute un peu de tout ça, mais surtout le fait que FLESHGORE a trouvé un équilibre parfait entre la violence crue de DYING FETUS et la technique millimétrée de MORBID ANGEL. Les morceaux défilent, sont pratiquement tous les mêmes, et pourtant, on ne se lasse pas. C’est tellement intense, dense et puissant que le ballet ininterrompu de blasts, de double grosse caisse et d’atermoiements de plantigrade vous emporte dans sa démence et ne vous relâche pas. 

Et même lorsque le trio devient déraisonnable et prend en charge une progression de plus de cinq minutes, la sauvagerie reste stable, et la créativité prend même le dessus. Plans qui se chevauchent, parties purement Thrash qui reboostent la dynamique, batteur qui abat seul le boulot de trois percussionnistes, c’est une chute dans le vide dont on ne se réveille pas (« New Ordeal Comes Into The World »).

La reprise de PYAEMIA, bien sûr éminemment fidèle à l’originale vient conclure le dépeçage avec une classe toute primaire, mais il faudra d’abord passer par le morceau éponyme qui confirme tout le bien que l’on peut penser de cette réalisation, en amplifiant encore plus ses qualités. Patterns de batterie improbables et en équilibre, chant qui cette fois ci renonce à toute humanité et éructe plus avec son colon qu’avec son larynx, c’est d’une violence presque choquante, comme une éjac’ faciale qui interviendrait au moment le moins opportun (lorsque la belle s’étouffe déjà avec le membre bien enfoncé dans sa gorge par exemple…) 

C’est con, mais c’est bon. Lapidaire comme formule, mais étant encore tout ébaubi de tant de véhémence, je n’ai su trouver plus pertinent. 

Avec Denial of the Scriptures, FLESHGORE accomplit plusieurs prodiges. Le premier étant de se placer désormais en chef de file d’un mouvement pourtant surchargé, le second, de m’avoir ramené dare-dare vers des rivages que j’avais abandonnés il y a très longtemps. Ce cinquième LP est une charge sans pitié, une série de coups de masse dans ta face, qui te laisse à terre, et qui en plus marche sur ton cadavre. Comme une drôle de party donnée dans une chambre froide, et qui dégénère en orgie nécrophile sans capote. Et qui laisse tout propre avant de partie, sans même un sourire. 

Il n’y a pas de mal à se faire du mal. C’est la conclusion la plus évidente que je puisse vous proposer.   

 

 

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