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Metal and Oddities Reviews
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29 mars 2016

HIVE - Emergence

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Extreme Sludge Doom - Canada - 25 Mars 2016 - 4 titres – 32 minutes

Les thématiques, c’est au choix. Certains sont fascinés par la mort, d’autres par l’occultisme, certains par l’environnement, des histoires horrifiques, des scénarii pervers, le nucléaire, la religion…D’autres préfèrent se concentrer sur des points plus précis, pointus, insolites et incongrus. Alors, les sauterelles, pourquoi pas ?

Après tout, ces insectes peuvent ravager des cultures entières et mettre l’équilibre de la nature en péril…

Mais LA RUCHE ?

Va-t-on encore nous faire le coup de Resident Evil, avec virus T à l’appui et hordes de sauterelles zombies encore plus dévastatrices ? Non, pas vraiment, mais le propos de ce groupe nous venant de Guelph, petite ville de l’Ontario, Canada, reste relativement obscur…

La vie d’une sauterelle, de sa naissance à son trépas, pourquoi pas…Ça nous change des dragons de DIO ou des sempiternelles histoires de haine de Jonathan Davis…

 

La structure de cet ensemble étrange (musicalement, et conceptuellement) m’a clairement fait penser à nos amis de GHOST, avec ce relatif anonymat qui instaure un climat étrange et délétère, bien qu’au niveau des univers, les deux ensembles soientt aussi différents que peuvent l’être un papillon et une bordée de lombrics. Loin du Vintage assumé par les prêtres défroqués, HIVE évolue dans un monde aussi sombre que peut l’être notre terre nourricière dans ses profondeurs les plus abyssales, et pratique un genre de Doom/Sludge avec une forte emprunte Black qui ne laisse que rarement filtrer la lumière de la vie.

Ce quintette, formé d’un maître de cérémonie/druide/gourou sobrement surnommé « Brood Mother » (la mère de la couvée en version FR, pour comprendre, regardez de nouveau le sublime The Brood de Cronenberg), et accompagné de quatre « Acolyte Drone » sans réelle identité autre que les qualificatifs se juxtaposant à leur rôle (Solitary, Entomophagus, Titus et Carrier), nous propose une musique assez novatrice dans le fond, et quelque peu dans la forme. 

Si le Doom semble dominer les débats du riff gras et de la rythmique pachydermique, il semblerait que les quelques poussées de violence qui parsèment ce premier EP/LP puisse l’affilier à une hybridation extrême avec le Sludge le plus poisseux, le tout traité avec une approche nihiliste foncièrement Black. Quatre morceaux, dont une intro, pour plus de trente minutes de musique, l’effort est dilué, mais les thématiques concentrées. Elles suivent donc le cycle de vie de la sauterelle, famille dénombrant plus de six mille et quelques espèces, autant dire que le choix était vaste dès le départ. Mais quelles sont donc les caractéristiques fondamentales de cet insecte qui puissent s’appliquer de facto à ce Emergence qui ne fait pas dans le léger ni le primesautier ? Le mimétisme environnemental de la bestiole en question, qui dans le décor se fond ? Sa capacité de destruction de masse ? 

Un peu des deux je pense… 

Plus simplement, disons que les trois morceaux véritables de ce premier effort font preuve d’une gravité absolue, à peine mâtinée d’une légère couche de puissance qui empêche le tout de sombrer dans une énième exaction Doom stérile d’avance.

Loin du statisme morbide d’ENCOFFINATION ou de la dépression chronique d’INCANTATION, le quintette Canadien sait de temps à autres aménager quelques passages pseudo mélodiques qui les rapprochent du CATHEDRAL le plus empirique («Volitation (They Hover Above In Endless Droves) »), même si la plupart des axes n’arrivent pas à se détacher du cycle perpétuel lenteur/lenteur écrasante/légère évolution/lenteur que l’on connaît déjà par cœur. 

Mais la sauterelle à de la ressource, n’en doutons point. Elle est d’ailleurs habillée d’une production dense, qui bien sûr fait la part belle aux graves, gommant pratiquement tous les médiums pour laisser les cymbales bénéficier des fréquences les plus aigües. Les riffs sont efficaces à défaut d’être novateurs, mais ont au moins le mérite de ne pas singer pour la millième fois les accords ténébreux de Iommi, et le chant de Mother Brood, bien profond et sépulcral assure la cohésion d’ensemble sans problème. Il faut pourtant attendre le dernier chapitre pour voir la symphonie dédiée à l’insecte sautant varier ses modulations, et « Swarming (A Liturgy of Salt and Sulfur) » décide enfin de mettre l’emphase sur toutes les caractéristiques de sa personnalité musicale.

Harmonies plus déclarées, ténèbres plus impénétrables, structure plus heurtée, et litanie plus appuyée, qui sombre cette fois ci dans les limbes du Funeral Doom le plus éprouvant, tout en autorisant à sa rythmique quelques libertés bienvenues. Les contrastes sont plus marqués et on pense même parfois à un joli mélange entre un NEUROSIS en état critique et un ISIS assez éprouvé par le voyage, le tout chapeauté par la baguette d’un CETUS raide comme un cadavre bouffé par des bestioles volantes. Ce même dernier morceau se permet même quelques blasts conclusifs absolument barbares et délicieux, qui permettent de refermer la porte du conte horrifique sur une impression de violence patente.  

Outre un design « vintage tape » pour la sortie CD, Emergence a bénéficié d’un traitement soigné pour sa sortie physique, avec une pochette assez absconse, ce qui en fait au final un album tout à fait recommandable pour tout fan de Doom extrême qui pioche quelques éléments dans le chaudron Sludge et le tonneau Black. Pas forcément innovant, mais pas non plus désolant de conformisme.  

De quoi attendre la prochaine récolte la peur au ventre de voir débarquer une nuée de sauterelles voraces prêtes à tout ravager sans le moindre remord.

Si possible, à la fenêtre d’une ferme isolée, n’ayant ni l’eau courante ni l’électricité.                       

 

 

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