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Metal and Oddities Reviews
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23 avril 2016

BRAINDAMAGE - The Downfall

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My Kingdom Music - Progressive Thrash - Italie - 18 Avril 2016 - 10 titres – 42 minutes

L’Italie n’aura de cesse de me bousculer, de me surprendre et de m’enchanter…Alors que je découvre au fur et à mesure les richesses de sa scène extrême, des noms se rajoutent imperturbablement à la liste, qui prend des allures de monument dédié à ses héros…Certes, ceux du jour n’ont pas commencé leur combat hier, mais je dois avouer que jusqu’à aujourd’hui, leur nom m’était juste connu, sans que leur musique ne soit parvenue à mes oreilles. Cette lacune a été réparée dès ce matin, lorsque je les ai posées sur leur dernier album, le mal nommé The Downfall qui sera tout pour eux, sauf une chute justement.

Cet album est une étape importante pour ce trio (Andrea Signorelli – basse/chant, Gigi Giugno – guitare, Alex Mischinger – guitare et Cosimo de Nola – batterie de studio), pour deux raisons bien distinctes. La première est qu’il interrompt en quelque sorte un hiatus de sept ans, période plutôt longue pour un groupe plus ou moins underground, la seconde qu’il fait montre d’ambitions particulières et révélées.

 

The Downfall est en effet un concept album basé sur une nouvelle écrite par Andrea Signorelli himself, Kahlenberg, the Queen in Red and other Tales. L’histoire nous raconte les aventures d’agents secrets se battant pour la conquête du monde depuis 1066 partout sur la planète. Le dernier de ces agents (en vie, j’imagine), va permettre à la mystérieuse reine rouge d’accéder au pouvoir, par le biais d’une petite guerre thermonucléaire. Une trame Post Apocalyptique mais aussi fantastico-historique comme vous pouvez en juger, mais qui ma foi n’est pas pire que les sempiternelles histoires de dragons, de chevaliers et d’épées de nos amis True Metalleux. D’autant plus que l’optique de la narration s’accommode parfaitement des contours musicaux de l’œuvre, qui se révèle quant à elle légèrement novatrice, sans être visionnaire.

 

Si l’histoire de The Downfall remonte donc au onzième siècle, celle de BRAINDAMAGE sans être aussi ancienne, trouve quand même ses racines à la fin des années 80, dans le Piémont, à Turin plus exactement. C’est là que s’est formée la première mouture du groupe, à l’époque quatuor ferme, dans les rangs duquel on trouvait déjà Andrea et Gigi, alors accompagnés de deux compères depuis longtemps disparus. En 2016, les deux compagnons sont toujours là, mais ont largement eu le temps d’étoffer leur répertoire et leur discographie depuis leur premier LP Signal De Revolta, paru en 1993 en plein dans la vague Grunge. Quatre longue durée ont fait le grand écart entre les débuts et ce mois d’avril 2016, et c’est donc un groupe en pleine possession de ses moyens créatifs et instrumentaux que nous retrouvons aujourd’hui, qui a bien mis à profit cette longue pause débutée juste après la publication de The Impostor, son dernier effort studio.

 

Selon les bios, la légende et l’avis commun, les Italiens de BRAINDAMAGE, bien que baptisés du même nom qu’un pathétique album de VENDETTA, ne jouent pas un Heavy à l’Allemande faisandé, mais bien un Thrash moderne et évolutif, pour ne pas dire progressif. Pour tenter d’en établir une image sonore fiable, essayez d’imaginer des morceaux créés de concert par GRIP INC et FEAR FACTORY, et vous aurez une vue d’ensemble assez proche de la réalité. La musique de The Downfall est aussi efficace que fine et futée, et a su garder ses origines analogiques tout en y intégrant une gestion assez synthétique et surtout, d’une précision redoutable.

 

Homogène dans son fond et sa forme, ce sixième LP des Italiens n’est pas à proprement parler du Thrash tel qu’on a pu le connaître dans les glorieuses eighties. Il aborde la chose sous l’angle du revival nordique des 90’s, sans toutefois trop s’égarer sur de longues fuites mélodiques qui rendent souvent cette musique crispante. Leur vision est résolument grave, basée sur des riffs simples mais efficaces, et sur une rythmique qui ne faiblit jamais, sans concasser l’espace d’interventions trop écrasantes. On pourrait même envisager la chose sous l’angle d’un Heavy particulièrement costaud, voire d’un Power tirant sur le Thrash, mais les nombreuses interventions lourdes et puissantes viendraient quand même entrer en contradiction avec ce postulat. En l’état, les morceaux sont construits sur une idée motrice, sur laquelle viennent se greffer de légères digressions ne nuisant pas à la cohésion d’ensemble. Parfois, le groupe sait partir dans des directions moins évidentes, imposant quelques guitares à la VOÏVOD (« The Shadow That I Cast Is Yours, Not Mine »), et il est tout à fait possible de voir en eux des adaptes d’un MESHUGGAH en version light, expurgée des systématismes rythmiques métronomiques. 

C’est efficace, d’autant plus que les morceaux ne jouent pas le rappel excessif. Et en version rapide et lapidaire, The Downfall est d’une efficacité redoutable, comme le démontre le monstre « You Nailed My Soul I Burned Your Flesh », qui se rapproche même des furieuses broncas germaniques de la fin des 80’s. Tout y passe, BPM, breaks ultra rapides, mais aussi précision de la frappe et pertinence des attaques de guitares qui transforment le tout en un ballet virevoltant.

Le son, absolument décoiffant permet à l’album de décoller dès son entame et de ne jamais relâcher la pression, apportant autant de clarté que de puissance.  

Mais c’est surtout le soin apporté par Andrea pour adapter sa musique au concept qui bluffe par-dessus tout. L’auteur/compositeur à vraiment permis à ses morceaux d’épouser les contours de sa narration, ce qui donne une corrélation extraordinaire entre des chansons futuristes et une histoire qui ne l’est pas moins, même si celle-ci trouve son origine dans le passé. L’ultime et épique « The Downfall Is Here to Stay, I Shall Fight Until the End » en est une preuve éclatante, avec ses sept minutes progressives, qui pourtant s’attachent à rester fidèles à un thème de départ qui grandit pour finalement exploser.

 

Mais les exemples comme celui-ci sont légion, à tel point qu’ils représentent...l’intégralité de l’album en soi. Car les Turinois pratiquent l’art de la variation à merveille, alternant des morceaux méchamment Heavy (« Queen Acadienne's Floating Mirrors and Tarots », un peu ICED EARTH dans l’esprit) et d’autres violemment Thrash (« God Granted Your Prayers Through Nuclear Warheads » symptomatique des AT THE GATES sans pour autant oublier les leçons des années 80). De là à parler de « Thrash progressif » comme annoncé, il y a peut-être une limite à respecter. Parlons plutôt de Heavy Thrash brillamment évolutif, qui refuse de rester fixé sur un motif unique, sans pour autant s’éparpiller plus que de raison. Mais cette histoire de reine rouge est bien plus crédible que celle révélée par la franchise Resident Evil, et ce concept de BRAINDAMAGE est parfaitement convaincant, révélant un groupe au somment de son art qui sonne pourtant plus frais que bien des combos récemment formés.    

 

L’Italie. Le futur du Métal ? Son présent déjà, est c’est une très bonne chose. 

 

 

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Commentaires
A
Merci beaucoup, pour ton temps et les très beaux mots dépensées pour nous :) . Andrea Signorelli
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