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Metal and Oddities Reviews
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26 avril 2016

PERSECUTORY - Perversion Feeds Our Force

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Hell's Hammer Music - Black Thrash - Turquie - 6 Février 2016 - 4 titres – 15 minutes

Amusant les coïncidences quand même.

La semaine dernière, je m’envoyais une pellicule Turque, intrigué par le pitch et les critiques. Le film s’appelait Baskin, réalisé par Can Evrenol, et narrait les mésaventures d’une équipe de policiers envoyés en renfort dans un bâtiment abandonné, et se retrouvant aux prises avec un genre de culte satanique qui allait leur réserver un traitement spécial. 

Le film en question n’était pas un chef d’œuvre loin de là, mais restait dans des balises gore assez appréciables, et présentait sa version d’un enfer à la Clive Barker absolument délicieux. J’étais assez fasciné par l’originalité dont il faisait preuve, et je me suis laissé embarquer dans cette réalité parallèle aussi troublante que confuse, mais néanmoins touchante dans sa naïveté cruelle…Et ce matin, je retrouve plus ou moins cette sensation, mais en musique cette fois. Et par un hasard aussi facétieux que brûlant, le groupe en question nous en vient aussi de Turquie, ce qui ne fait que renforcer cette analogie.

 

Des forces obscures sont manifestement à l’œuvre dans ce pays, qui n’a de cesse de proposer sa conception très décalée de la violence crue, qu’elle soit abstraite et filmée ou concrète et enregistrée. Et l’éveil de ce pays à la brutalité est tout à fait remarquable. Il était donc utile de le signaler via une chronique, qui en plus s’accorde très bien d’un premier EP aussi court que lapidaire dans ses intentions.

 

Oui, Perversion Feeds Our Force est donc le premier effort d’un trio aux aspirations maléfiques, PERSECUTORY.

Fondé en 2014 et s’articulant autour d’un trio de musiciens (Tyrannic Profanator – chant, Infectious Torment – guitare et basse, Seismic – batterie), PERSECUTORY jour ce qu’on pourrait définir comme une forme très crue de Raw Black, agrémentée de forts relents de Thrash bestial, à moins que l’on ne prenne le problème dans l’autre sens. Mais le chant très abrasif de Tyrannic Profanator aiguille plutôt dans la première direction…La structure est solide, connue certes, mais très stable, et repose sur des riffs tournoyants qui laminent les tympans, et une rythmique qui se répand en blasts quasi permanents, sans oublier bien sûr ce chant démoniaque qui hurle ses incantations à des kilomètres à la ronde. Efficace, la musique des Turques l’est, sans conteste. Pas originale pour un sou, mais tellement véhémente et implacable qu’elle en devient vraiment menaçante, et osons le terme, « subversive ». On retrouve bien sur trace de l’école Black Européenne mais aussi Scandinave, et il est possible de voir en ce premier EP quelques réminiscences du BEHERIT le plus délirant, couplé à des exactions d’un MAYHEM très primitif.

 

Quatre morceaux suffisent amplement à jauger le potentiel de cette horde de barbares entièrement dévoués au pouvoir du malin, d’autant que les dits morceaux sont courts, et intenses. Le trio ne se perd pas dans d’inutiles et bavardes digressions et reste focalisé sur la brutalité la plus primale, rappelant les débuts du BM nord européen, avec ce petit plus résidant dans une emphase très prononcée tirant son essence maléfique du Thrash à tendance Death bestial d’Amérique du Sud. Alors Black évidemment, mais avec pas mal d’intuition Thrash et même Core par moments, en utilisant quelques riffs bien Black N’Roll, sans tomber dans le grotesque des clowns DARKTHRONE. 

Ça joue très vite et très fort, ça évoque en substance le De Mysteriis de MAYHEM, sans parler de plagiat, loin s’en faut, et c’est en sus amplifié par une énorme production qui éloigne les Turques des mauvais tics lo-fi, dans lesquels ils auraient pu facilement plonger. On pourrait même parler en extrapolant quelque peu des premiers efforts de SEPULTURA, en version bien plus professionnelle évidemment, tant la cruauté des plans de guitare couplés aux vociférations effrayantes de Tyrannic Profanator rappellent la bestialité des sorties Cogumelo des Brésiliens.

 

Un petit quart d’heure qui dévaste tout sur son passage, comme une gigantesque tempête émergeant des enfers pour avaler la terre dans ses entrailles fumantes, une puissance manifeste, et surtout, une hargne qui le confine  à la haine la plus viscérale. Voilà comment résumer ce premier EP des PERSECUTORY, qui ont décidemment très bien choisi le titre de leur premier effort, tant celui-ci suinte en effet de perversion musicale. Pas de limites, mais pas chaotique pour autant, juste un bel exercice de style BM teinté de Thrash fatal, et inutile d’en attendre plus.

Pour trois petits dollars, la version digitale vous attend sur le Bandcamp du groupe, mais si une version physique vous tente, n’hésitez pas à passer par le label Anglais Hell’s Hammer, qui vous échangera vos deniers contre un splendide digipack, le tout pour une somme très modique. 

De la violence contre quelques pièces sonnantes et trébuchantes, voilà le deal du jour. Vous ne vendrez pas votre âme pour autant histoire d’obtenir une réduction, celles du trio étant déjà entre les mains du diable, et avec trois représentants pareils, gageons qu’il n’a pas besoin de renforts.

La Turquie, une porte vers les enfers version Fulci ou Barker ? Un peu des deux à vrai dire.

Morbide comme le premier, et décadent et sanglant comme le second. Le meilleur des deux mondes en quelque sorte. 

Mais l’issue est toujours la même une fois la porte refermée. La souffrance. Toujours la souffrance.  

 

 

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