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Metal and Oddities Reviews
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20 mai 2016

DUSTY TUCKER - The North Stone

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 Southern Rock Groove Fusion - Canada - 29 Avril 2016 - 12 titres – 51 minutes

Ah le sud des Etats-Unis…L’Arizona, la Death Valley, le Nouveau Mexique, l’Alabama chanté par les LYNYRD, Houston et Dallas, si chers aux ZZ TOP, San Diego, Austin, Johnny Cash et Jackson, Tennessee…Les highway longues comme un jour sans pluie en attendant la récolte, le bourbon, les stetsons, enfin en gros, tous les clichés et les cartes postales que vous pourrez trouver…Mais surtout, la musique…Et quelle musique…

Le Dixie, le Blues, la Country, mais aussi ce Rock qui pue le bourbon et les barbecues du dimanche, le bayou et les grandes prairies dégagées…En gros, les plaisirs simples, l’amitié, la virilité, mais surtout, le feeling, l’improvisation, juste une guitare et les filles qui tombent en pamoison… 

Tout ça, vous allez le sentir, le humer, le respirer, tout au long des douze morceaux du premier album des DUSTY TUCKER…D’ailleurs, ça ne trompe personne ce blaze qui sent bon le sud, ça vient de là-bas…

 

En fait pas du tout. Ils sont cinq, s’appellent Trav James (chant), Joel Johnson (batterie), Ryan « Coach » Kuly et Nathaniel Court (guitares) et Whitey « Matt » Furious (basse), mais ne viennent ni d’Alabama, et encore moins du Texas, sans même parler du Nouveau Mexique. Non, il faut les chercher beaucoup plus au Nord. Minnesota ? Dakota du Nord ? Non, même pas. Pire. Red Deer, Alberta, Canada. Vous savez, cette région dévastée par les incendies.

Oui, le Canada.

Pas terrible pour le cachet sudiste, je suis d’accord. Mais à croire que ces mecs ont réussi à capturer le truc en vivant à des milliers de kilomètres de l’épicentre, là où cuisent les ribs et résonnent les banjos. Et pourtant, ils sont jeunes, et pleins de testostérone. Et c’est peut-être pour ça justement.

 

Les CANCER BATS (avec lesquels ils ont abondamment tourné) ont dit d’eux qu’ils « sonnaient vraiment comme s’ils venaient de Red Deer, Alberta ». Compliment ou pas ? Je n’en sais rien, et comme je ne connais pas l’atmosphère de la ville en question, je ne chercherai pas de réponse. Allez, quelques clés. Les DUSTY TUCKER se donc formés fin 2009, ont depuis sorti deux EP, accumulé les concerts (plus de trois-cents dans leur Canada natal), et sont passés par la plateforme participative Indiegogo pour financer leur premier longue durée, qui a été lancé en grandes pompes lors d’un concert évènement le 30 avril. Ce premier LP, c’est donc ce The North Stone qui en dit plus sur les origines de ceux qu’on aurait pu prendre pour d’habiles usurpateurs. Non, le quintette ne vient pas des southern states, mais bien du continent nordique, et c’est justement ce qui joue en sa faveur et accentue sa différence. Il est bien question de Rock crade ici, de truc un peu déviant et bouseux, mais définitivement décalé, et presque fusion parfois.

Je veux dire…Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’une jam improbable entre les RED HOT et BLACK STONE CHERRY pouvait donner ? Non ?

Dommage, je vous aurais conseillé de tendre l’oreille sur le morceau éponyme qui vous prodigue un genre de réponse.

A ce moment-là de l’album, c'est-à-dire assez tôt, on a déjà avalé une intro/étrange (« Out Ranked, Out Gunned & Too Pretty »), un gros Hard-Rock in your face avec roulements diaboliques en intro et riff costaud (« Women & The Water…The Witch », un peu CACTUS mal repris par les SNOT), un genre d’hybride entre la gouaille des IWRESTLEDABEARONCE et la virilité incontestable de Ted NUGENT (« Fire On The Mountain »), et une berceuse de guingois chantée avec une voix presque parodique, pour un moment de poésie qu’on ne sait ni sincère ni sadique (« A Doll House Whore », mais vu le titre, on ne se pose plus vraiment la question).

Ce qui fait déjà beaucoup, et pourtant le chemin vers la sortie est encore long. 

Mais c’est tant mieux, parce qu’on n’a pas vraiment envie de prendre la porte.

 

Alors pour faire simple et ne pas détailler les tenants et aboutissants en macro, disons que la piste du gros Southern Rock boogie n’est pas fausse, mais pas entièrement vraie non plus. Certes, on trouve sur The North Stone de gros riffs, des binaires bien plombés, des refrains qu’on mémorise bien, mais le tout est arrangé à la sauce folie Canadienne, un peu comme une grosse pièce de bœuf cuite au barbecue jeté sur un gros plat de Poutine. Digeste ?

Bonne question, mais en tout cas, ça cale bien l’estomac, même s’il est logé dans les oreilles. 

Les DUSTY TUCKER ne font rien comme tout le monde, sont drôles, mais ne les prenez surtout pas pour des clowns, les mecs savent jouer. Ecoutez donc la ligne de basse un peu bourrée de « War Child » et vous comprendrez.

Ils manient leur instrument comme les calembours, et ne crachent pas sur un gros brin de fantaisie pour accompagner leur Rock fusionnel. 

Rock ?

 

En fait, je me demande toujours. 

Pas vraiment dans le sens ou un Texan va le comprendre, mais plutôt un machin en équilibre, entre le Hard Rock libre, le Rock fusion des 90’s, le tout interprété avec la rage Hardcore des RED HOT des débuts. Tiens, un morceau comme « Our Hero’s Memory », c’est tout à fait ça, du bon gros Rock boueux joué par des tarés sortant du CBGB à cinq heures du matin. Des tarés qui hurlent mais font parler les guitares, des tarés qui démontent une rythmique au cric et la remontent à l’élastique. Des tarés un peu sensibles et qui font attention à la marche, suffisamment pour ne pas rater une émotion qui passe (« Half The Future »), des tarés qui ont beaucoup écouté le Bluegrass et le retranscrivent comme ils peuvent, un peu à la NADA SURF ou EELS (« Too Stuborn To Die…Ol’ Witchita Green »), qui aiment bien s’amuser avec des guitares étranges pour couplets qui dérangent (« C.J’s Finest », ou comment UGLY KID JOE reprendrait du Tony Joe), et qui tout à coup se prennent pour de gros Hard-rockeurs qui en jettent et tentent le binaire interminable avec soli pas minables (« Stompin’ Grounds »). 

En fait, les DUSTY TUCKER, c’est un peu l’arnaque qui claque. Le truc vendu prêt-à-porter, qui s’avère être un bon sur mesure qui ne va pas à tout le monde.

Ils nous promettent du « Hard & Northern Groove » sur leur page Facebook, et on ne peut même pas leur en vouloir d’avoir sciemment omis la moitié des éléments.

Mais pour savoir, enfin, essayer sans être trop surpris, regardez bien leurs tronches en biais. Le regard fourbe, gentiment idiot, pas dupe pour autant… 

Gag band ? Calice, non !!! Du solide, mais juste un peu…barré. Un cocktail Jack/Soda fraise pétillant qui colle aux dents. Qui rafraichit les papilles mais vous laisse l’estomac et la tête en vrille…Sacrés Canadiens !

 

 

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