WOUND CULTURE - Demo 2016

Televised Suicide - Grind - Australie - 28 Avril 2016 - 12 titres – 10 minutes

Les Australiens commencent vraiment à devenir très dangereux en matière d’extrême. Je ne sais pas, ça doit être le climat, l’ennui, ou les énormes bestioles qu’ils sont susceptibles de croiser à chaque coin de bush. Toujours est-il que depuis quelques années, ils mettent le paquet en termes de Powerviolence, de Thrash et surtout, de Grind.

Qui aurait pu croire que ce barouf né en Angleterre eut un jour pu s’exporter jusque sous le soleil austral ? Mais ce dernier tape fort, et à tendance à faire tomber les groupes locaux dans la précipitation et la violence. Et quand je parle de violence, j’évoque plus volontiers la charge d’un razorback vraiment énervé qu’on vienne le faire chier avec ses petits qu’une bagarre dans un bar louche de Canberra.  

Pour ne pas changer une habitude que j’ai intégrée, je n’ai aucune information à prodiguer sur le combo du jour. Je n’ai trouvé qu’un Bandcamp, celui de leur prétendu label, qui bien sûr prône le DIY mais ne donne pas plus d’éléments que ça.

Alors Australie donc, Grind fatalement, mais c’est tout.

Enfin, quand je parle de Grind, pensez-le à tendance Powerviolence, et surtout, débarrassé de tout scrupule de musicalité.

Pas Gore non plus, mais salement costaud, et éminemment bordélique. Les WOUND CULTURE ne font ni dans l’artisanat ni dans la dentelle, et proposent douze tirs de barrage pour à peine dix minutes de carnage.

Pas de bio donc, mais on s’en fout, juste du Noise, et pas qu’un peu. D’ailleurs, du Noise à tous les étages, et sous toutes ses formes. Un maximum de feedback qui fait saigner les tympans (et ils en abusent les salauds), des blasts en veux-tu en voilà, des accélérations fatales, une double grosse caisse à la limite du Brutal Death (donc exagérément compressée), mais aussi pas mal d’idées sympathiques pour traumatiser ses voisins ou sa famille. Car les WOUND CULTURE ne se contentent pas de blaster comme des simples d’esprit agités. Ils savent aussi manier le fétide, le putride, et proposent souvent de savoureux intermèdes dissonants et très lourds, qui bizarrement, « aèrent » leur boucan et lui confèrent une dimension supérieure. Le chaos d’accord, mais organisé. 

Certes, les passages en bourrasques font vraiment bobo, et la vitesse est déraisonnable. Mais les riffs sont accrocheurs, le chant tout en dualité caverne/laryngite, et cette démo défile à tout berzingue sans vous laisser le temps de comprendre (mais pourquoi faire ?) ni de reprendre votre souffle. Un peu Cyber Grind de temps à autres, pas mal d’interludes Sludge ou Noisy Core, et finalement, cette tape se présente sous des auspices très professionnels, malgré la folie ambiante qui anime ses pistes.

Je ne vais pas non plus essayer de vous convaincre du bien-fondé de l’opération, puisque si le Grind vous a toujours rebuté, vous ne trouverez rien ici qui vous contredira. Mais la sauvagerie impressionnante, la débauche de décibels, de cris, de larsen et de hurlements consanguins est terrassante, et transforme cette simple exaction en arme de destruction massive. 

Loin d’être la énième sortie bourrin du mois, cette démo disponible en cassette est en quelque sorte un témoignage de l’animosité dont font preuve les combos Australiens envers toute forme de mélodie, sans pour autant se transformer en vilains mécréants de l’extrême incapables d’être inspirés. Du brutal, du cacophonique, mais du puissant, rapide et intelligent. Souhaitons que l’aventure connaisse une suite, mais d’ores et déjà merci au label local Televised Suicide pour nous avoir permis d’y avoir accès. 

Le DIY, il n’y a que ça de vrai. Et puis, croiser un Razorback ça doit être quelque chose quand même. Pour en avoir un aperçu, écoutez la musique des WOUND CULTURE. Ça doit plus ou moins s’en approcher.