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Metal and Oddities Reviews
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1 juillet 2016

FATES WARNING - Theories Of Flight

Fates_Warning_-_Theories_of_Flight

Inside Out - Metal Progressif - USA - 1e Juillet 2016 - 8 titres – 52 minutes

Être, avoir été, ne plus être, ou être autre chose…Non je vous rassure, je ne vais pas m’égarer dans la philosophie de comptoir, puisque d’une je ne bois plus depuis longtemps, mais aussi parce que là n’est pas le propos. Mais le débat est bien plus intéressant qu’il n’y paraît cependant…

Question :

Que peut-on offrir à un public potentiel, constitué d’anciens fans et d’éventuels nouveaux, après trente ans de carrière, après avoir contribué à l’expansion d’un style, après avoir tout connu, et surtout, après s’être fait distancié sur la longue route de l’innovation ?

S’il existe une réponse, elle est ridiculement simple. Continuer de proposer ce que l’on a toujours donné, le meilleur de soi-même, et la meilleure musique qui soit.

 

Le nom de FATES WARNING fait partie du patrimoine, des incunables, depuis le début des années 80. 1984, première étape, Night On Bröcken. 1988, première pierre de rosette, No Exit. Puis deux albums impeccables et cultes, Perfect Symmetry et Parallels. Respectivement 1989 et 1991. Pardonnez à l’auteur de ces lignes une grosse bouffée de nostalgie. J’étais un fan absolu de ces deux volets, et des années plus tard, je le suis toujours. Une ligne fine dessinée entre le progressif et le Heavy Metal de luxe, agressif, élaboré, finement ciselé, mais suffisamment puissant pour vous faire tourner les neurones et la nuque. Vous savez quoi ? Sans FATES WARNING, je doute que les rois autoproclamés du genre auraient un jour publié un album comme When Dream And Day Unite.

Oui, DREAM THEATER, voilà bien la catharsis de ce douzième album de FATES WARNING. Eux, et quelques autres, qui ont depuis repris les choses à leur compte, et les ont fait évoluer à des hauteurs insoupçonnées. Mais le groupe de Ray Alder, Jim Matheos, Bobby Jarzombek et Joey Vera n’en a cure. Car ces quatre là se contentent de poursuivre leur route, sans regarder en arrière.

 

En le faisant, ils verraient Darkness In A Different Light, l’album de la réunion de 2013, que beaucoup ont trouvé juste acceptable, au regard du pédigrée de ces musiciens. Theories Of Flight va t’il corriger la trajectoire un peu descendante ?

Je n’en sais rien, mais il propose des théories. Et s’il plane parfois un peu en pilote automatique, il n’y a aucune chance qu’il se crashe ou qu’il soit abattu en plein vol.

 

Oui, vous avez raison d’avance. Ce douzième album ressemble à ce que faisaient les DT sur Images And Words ou Awake. Ou au QUEENSRYCHE des derniers albums pré split en plus ténu. Un peu à SHADOW GALLERY aussi, moins à SPIRAL ARCHITECT, et de temps à autre, à RUSH.

Rien de nouveau dans le ciel.

 

Il offre son lot de prouesses techniques, comme d’habitude, mais pas de celles qui en mettent plein la vue (quoique…), plutôt de celles que l’on remarque lorsqu’on manie soi-même un instrument, à la TOTO par exemple. Mais je ne les compare pas, même si quelques plans de batterie auraient pu être fantomisés par feu Jeff Porcaro. Notamment sur l’introduction de l’introductif « From The Rooftops ». Une fois de plus, ce sont sans doute les morceaux les plus longs qui convaincront les plus sceptiques. « The Light And Shade of Things », et « The Ghosts of Home », qui bousculent tous les deux les six cents secondes et quelques, et proposent en effet des vues développées et quelque peu osées, créent des climats tangibles ou impalpables, et se montrent plus téméraires en termes de construction et de puissance. Mais est-ce pour autant que les titres les plus courts sont dénués d’intérêt ?

Certainement pas.

 

J’ai parfaitement craqué sur l’un des plus courts de l’ensemble, le très Heavy « SOS », qui, s’il replace des plans déjà entendus, parsème de finesse technique une trame très agressive et smooth à la fois. Un peu à la DREAM THEATER évidemment, mais comment éviter la référence à part en précisant que les FATES WARNING jouaient déjà comme çà alors que les Portnoy et Petrucci étudiaient encore à Berkeley ? Le mordant de « White Flag », bien que plus classique, permet au quatuor de se répandre lors d’un refrain très fédérateur, même si le staccato du riff pourra sonner un poil dépassé pour les plus jeunes d’entre vous. Les intonations si spéciales de voix de Ray étant ce qu’elles sont, il est aussi possible de leur trouver un charme un peu suranné…qui n’est rien d’autre que l’ADN d’un groupe aux multiples décennies d’existence.

Le constat est aussi valable pour le soft « Seven Stars », un peu à cheval entre Hard Rock mélodique, Heavy radiophonique, comme si les KING’S X, SHADOW GALLERY et QUEENSRYCHE s’y mettaient à trois pour pondre un tube intelligent et précieux, apte à faire craquer les programmateurs du début des 90’s. Sans doute le plus basique du lot, mais le plus immédiat aussi, avec son pattern syncopé et son riff délicieusement délié. 

Heureusement, FATES WARNING se souvient parfois qu’il a toujours dansé à la lisière du Thrash, un peu à la mode ANNIHILATOR ou ARMORED SAINT, et « Like Stars Our Eyes Have Seen » d’augmenter un peu la chaleur et de proposer des thèmes un peu plus hot. Sans se départir de son instinct mélodique, le quatuor aiguise ses lames, et juxtapose lyrisme et violence dans une poussée plus fiévreuse que la moyenne de l’album.

Nous restent donc les deux grosses pièces de Theories Of Flight.

 

Je n’en traiterai qu’une dans ces colonnes, la plus ambitieuse des deux, « Ghosts Of Home ». Nous savons tous qu’un groupe à vocation dite « progressive » ressent ce besoin atavique de dépasser les bornes temporelles en s’incarnant dans un format évolutif long, et que parfois, cette tendance perd les plus complaisants sur la route de la digression stérile. Ce n’est assurément pas le cas des FATES WARNING qui brillent de mille feux sur cette composition épique, qui visiblement à très bien retenu les leçons du RUSH des seventies. Entame douce subitement interrompue par une cavalcade technique truffée de plans aussi violents que fluides, guitare qui fait feu de tout bois, et section rythmique aux aguets. Le thème vocal principal intervient enfin, et se développe jusqu’à l’inévitable break, assoupli par une symbiose entre distorsion et arrangements synthétiques, qui finissent d’ailleurs par dominer. La voix de Ray prend son envol, et l’appareil décolle enfin… 

Mais avec FATES WARNING, l’atterrissage est souvent particulier…Et Theories Of Flight propose une conclusion assez étrange, un peu onirique, lorsque l’acoustique du morceau éponyme final envahit la cabine. Choix abscons de terminer ce douzième LP par un instrumental hybride, qui confronte le nylon à l’inox, scindé en trois parties (intro/cassure/outro identique), mais qui surtout se termine de la façon la plus abrupte qui soit, dans la veine de la coda brisée en pleine ascension du « I Want You » de Lennon. Abscons, mais finalement…idoine. Paradoxe quand tu nous tiens…

 

Alors, non. Ne réfléchissez pas, avec ce nouveau disque FATES WARNING ne fait que…du FATES WARNING. Je ne me répandrai pas en dithyrambes eut égard au passé/passif du groupe, mais nonobstant les palmes obtenues et les défis relevés, Theories Of Flight n’en reste pas moins un excellent album, bien meilleur que Darkness In A Different Light, mais pas si différent que ça dans le fond. Les Américains jouent toujours la même musique, plus ou moins riche selon les étapes, et ce nouvel épisode ne déroge pas à la règle. Technique, mélodie, agressivité, croisement des routes entres les chemins Heavy, Progressif et Metal, tels sont les bases, et elles ne changeront jamais.

Les plus nostalgiques iront réécouter Awaken The Guardian, les plus exigeants Perfect Symmetry, et les autres, ceux qui savent, se contenteront de ce qu’on leur offre. 

Mais je pense qu’après plus de trente ans de carrière, on commence à savoir qui on est et ce qu’on veut. 

 

 

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