BAND OF MERCY - Veganocracy

Ugly and Proud Records - Hardcore - USA - 29 Juillet 2016 - 23 titres – 55 minutes

« Call us whatever you want, vegan fascists or terrorists
Just know that we are everywhere, and the animals will have deliverance.
....and if you oppose us then you will be
Crushed by the fist of Veganocracy!! » 

Avec ça, les choses sont mises au point dès le départ. Oui, les BAND OF MERCY sont un groupe de Hardcore, c’est un fait, mais ils sont avant tout de fervents défenseurs de la cause animale. La quête n’est pas nouvelle, beaucoup d’artistes s’en revendiquent, militent, agissent, mais il faut admettre que la conviction des BOM est admirable. Alors après, libre à vous de vous concentrer sur la musique et d’occulter le message. Mais pas certain que ça leur convienne…

Les BAND OF MERCY viennent de Houston, Texas, ont déjà sorti deux EP (Vegan Power en 2010 et Conquest deux ans plus tard), et vous proposent en ce mois de juillet une nouvelle sortie déclinée en plusieurs versions. La digitale, dispo sur leur Bandcamp, mais aussi en version vinyle via Dead Truth Recordings aux USA et Ugly and Proud Records en Europe, ne contient que les nouveaux morceaux, au nombre de six. Par contre, une future sortie en CD vous attend aussi, celle que je chronique aujourd’hui, qui outre ce nouveau 7’’ contient l’intégralité des deux EP mentionnés, ainsi que quelques bonus tracks, ce qui vous permettra en une seule fois d’acquérir toute l’œuvre de ces militants de la cause animale.

Au-delà du message, dont je vous laisse juge de la pertinence, ce qui frappe avant tout chez ces Texans, est l’énergie qu’ils investissent dans leur musique, qui donne un aperçu de leur implication dans leur croisade. De fait, dites-vous que l’ensemble est d’une cohérence rare, d’autant plus que cette dite musique est incendiaire, et révèle un Hardcore furieux, dans la plus grande tradition US du genre. Le genre justement, se situerait entre les AGNOSTIC FRONT, MADBALL, et les YOUTH OF TODAY, soit un gros Hardcore pas du tout brouillon, qui se fixe sur des riffs hautement Rock et une rythmique sobre, mais efficace. Mais pas de tape à l’œil dans les sillons creusés de Veganocracy, juste l’essentiel, pour que les mots et la musique aient le plus d’impact possible. 

Avec une production parfaite, sèche, aux graves nets et aux guitares effilées, les morceaux défilent comme autant de pamphlets jetés à la face de l’industrie carnée. C’est simple, chaque morceau peut se concevoir comme un hymne à part entière, que les quatre musiciens (Daniel : chant/guitare, Eric : basse et chœurs, Gjared : guitare et Tommy : batterie) entonnent avec force et persuasion, profitant de refrains vraiment fédérateurs pour y placer des chœurs collégiaux percutants et pugnaces. 

Vingt-trois morceaux (les six premiers font partie du simple édité en vinyle), presque une heure de musique, Veganocracy est un test d’endurance qui vous fera passer par toutes les étapes d’une course de fond. Mid tempo rageur, up tempo explosif, mélange des deux, et chansons salement accrocheuses qu’on reprend en secouant la tête dans tous les sens (« Sentimentalists »), tout est passé en revue et tout fait mouche, autant être honnête. Alors si en plus, vous êtes vous-même un ardent défenseur des droits des animaux, des textes très engagés et valides couplés à une musique vraiment violente et abrasive sauront vous séduire sans aucun doute. 

Je l’avoue, j’ai été emporté par l’efficacité et la sincérité de ce groupe qui ne cache rien. Pourtant féru de Hardcore depuis les eighties, j’y ai vu une sacrée tranche de son histoire contemporaine, qui ne rechigne pourtant pas à citer ses aînés.

Veganocracy est une tempête qui vous emporte dans un tourbillon de convictions gravées sur le cœur de musiciens qui vivent leurs passions, et ces guitares qui ne chôment pas et tronçonnent sans cesse sont vraiment au diapason de ce chant à la Roger Miret qui vitupère et fustige la cruauté que les animaux doivent subir au quotidien. 

Impossible de rentrer plus dans le détail, mais sachez que la qualité ici équivaut à la quantité. Pas de remplissage, des morceaux choc mais pas toc, et surtout la satisfaction de pouvoir posséder en un seul format l’intégralité de l’excellente production du groupe. Je vous renvoie aux interviews éventuellement disponibles sur le net pour en savoir plus sur l’engagement de BOM, mais ne le remettez surtout pas en question, ce serait une grave erreur. 

Alors, que vous appréciez plus les saillies brèves et ultra-rapides (« You Must Hate Yourself »), ou les discours qui prennent leur temps et se gavent des émanations haineuses des années 80 (« Stewards of The Earth »), Veganocracy vous offrira ce que vous attendez d’un excellent disque de Hardcore moderne. Appréciez aussi la pochette par la même occasion, elle est fabuleuse. 

Veganocracy, c’est un raid libérateur dans un laboratoire pharmaceutique pratiquant la vivisection, une gigantesque manifestation devant les portes d’un abattoir foulant du pied l’humanité d’un traitement digne. C’est surtout le cri Hardcore d’individus qui se battent pour une juste cause, dénonçant la violence et l’injustice par la violence et la justice.

Ils ne vous convertiront peut-être pas au bien-fondé de leurs idéaux, mais on ne pourra pas les accuser de ne pas avoir fait tout ce qu’ils pouvaient. 

Et si vous n’êtes pas avec eux, alors vous êtes contre eux. Bon courage.