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Metal and Oddities Reviews
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10 août 2016

WORLD EATER - The Path

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Farewell Records - Hardcore - Allemagne - 31 Mai 2016 - 17 titres – 28 minutes

Levez les poings fans de Hardcore qui frappe et frappe encore. Levez-vous et arpentez les rues de Saarbrücken, pour traquer, débusquer et y rencontrer un des groupes les plus virulents de ses rues. Vous n’aurez aucune peine à les trouver, vu le barouf qu’ils y font depuis maintenant sept ans…Une fois arrivés près de leur local de répétition, vous saurez que vous êtes arrivés à bon port. Pourquoi Saarbrücken ? Parce que c’est dans cette ville du sud-ouest de l’Allemagne qu’on trouve un des combos de Hardcore les plus mordants du pays d’Angela, qui vient de me prouver ce matin que le Core bien classique et teigneux à encore de belles nuits d’insomnie devant lui… 

Les WORLD EATER sont cinq (Alex – chant, Michael & Steve – guitares, Marc – basse et Steven – batterie), existent donc sous cette forme depuis l’hiver 2009, ont déjà sorti une démo en novembre 2010, puis un EP, avant de se lancer dans le grand combat du LP en 2013 avec Wormfest. Cet album fut d’ailleurs très remarqué par la presse spécialisée nationale mais aussi par les fans d’un vrai Hardcore de rue qui ne fait pas de chichis. Le but avoué de cette bande d’énervés ?

Prouver que le Hardcore classique joué à la sauce du vingt-et-unième siècle peut sonner frais et aussi percutant que celui des origines. Et une fois écouté ce The Path qui en effet vous emmènera sur des chemins connus, le doute ne sera plus jamais permis. 

Les WORLD EATER sont en effet un des groupes les plus efficaces et violents du lot, et Dieu sait pourtant que je bouffe du Hardcore comme d’autres des coups de docs dans le pit. Mais The Path, en l’état, est un des trucs les plus percutants et joyeusement violents que j’ai pu entendre depuis très longtemps.

 

Et pourtant, la recette n’est pas compliquée, ce qui explique sans doute ce rendement effarant. Une base traditionnelle qui se souvient des harangues des AGNOSTIC FRONT et de la scène Hardcore New-yorkaise, une pincée de Core moderne, des références à WARZONE, SHARK ATTACK, et tout ce qu’il faut pour prendre son pied sans le cogner sur la table basse.

 

Un son à décoiffer des keupons égarés, une interprétation toute en rage, des musiciens affutés et prêts à en découdre, et surtout, une sale bordée de chansons courtes et ultra efficaces qui vous frappent l’arrière du crâne avant de vous donner l’accolade amicale de rigueur. En résumé, une adaptation contemporaine du straight-edge si cher à Ian, avec encore plus d’emphase sur la pugnacité. Rassurez-vous, j’ai écouté l’album, deux fois, trois, quatre, cinq fois pour m’assurer de ne pas tomber dans le panégyrique excessif et déplacé. Mais en toute objectivité, et avec le bon recul, je crois pouvoir affirmer que The Path est l’un des meilleurs albums Core de l’année, voire…de ces dernières années. Pourquoi ? Parce qu’il a su capter l’essence des origines et l’adapter à l’ambiance d’un siècle plus exigeant en matière de brutalité virile. Le résultat, dix-sept morceaux qui sont autant de brûlots enflammant la conscience collective urbaine. Et faites-moi confiance, je pèse mes mots. 

Chaque riff a été élaboré avec une spontanéité sauvage qui les rend indispensables, chaque intervention vocale est optimale, chaque embardée rythmique vous secoue sur vos bases, et une fois l’osmose opérée, la débauche d’énergie et de saine violence vous emporte dans les rues de New-York, délocalisé dans une Allemagne de moins en moins à l’aise dans son rôle de phare de l’Alexandrie Européenne. Nos cinq amis germains ont vraiment mis le paquet pour nous convaincre de leur implication, et s’amusent à varier les tempi en se montrant à l’aise dans tous les registres. Qu’ils usent du mid, du down ou de l’up tempo, ils le font avec la même rage et la même conviction, et signent une bonne goulée d’hymnes à reprendre en cœur live, et qui vont faire exploser les scènes du monde entier.

J’ai rarement assisté à un tel déversement de Hardcore teigneux sans qu’il ne se morde la queue après quelques morceaux, un peu comme un best-of du Streetcore rageur qui passerait en revue trente ans d’histoire de la violence instrumentale crue. 

Comme l’affirme leur leitmotiv, ils veulent « nous avaler » et « nous recracher ». Et cette philosophie s’applique aussi à leur solfège du trottoir, puisqu’ils régurgitent des riffs massifs qu’un chant réellement violent et âpre met en exergue à chaque expulsion. Rythmique solide comme un marteau de forgeron qui propose des variations de bon ton, basse qui colle les guitares à la grosse caisse, production gigantesque qui renvoie en écho les graves vers les médiums de la voix, c’est un parcours sans faute qui laisse pantois. Les titres les plus rapides rappellent clairement le meilleur AGNOSTIC FRONT, mais les mid tempi sont aussi d’une redoutable efficacité, utilisant sans en abuser de ces terribles chœurs de concert qui font ressembler chaque refrain à des slogans de manifestation. 

Mais en fait, impossible de tirer une aiguille de cette meule de foin Hardcore compacte qu’est ce second album de WORLD EATER. Les vingt-huit minutes imparties sont utilisées à bon escient jusqu’à la dernière seconde, et que vous vous sevriez du lapidaire et limite Thrashcore «As Your Spirit Dies », ou de l’up tempo mélodique et sans pitié « Circles », votre soif de violence sera rassasiée. Les Allemands changent de ton jusqu’au final dantesque « 23-4-92 », qui clôture cet album de la façon la plus lapidaire et intelligente qui soit. Les chœurs prennent des proportions énormes, le chant se racle un peu plus la conscience, et le tout nous laisse au tapis, sonné pour le compte.

 

The Path, c’est un lien entre le passé et le présent, avec la rancune et la rancœur comme point de jonction. Mais plus simplement, c’est un putain de pain dans la gueule qui paradoxalement vous rend plus lucide. Et finalement, sans doute le meilleur Hardcore que vous pourrez trouver sur le marché.

Rogert Miret et Ian McKaye peuvent être fiers de leurs descendants, qui font prospérer leur héritage sans dénaturer leur discours.

 

 

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