Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Metal and Oddities Reviews
Archives
10 août 2016

SECT - Sect

a0010855555_10Reflections - Hardcore - USA - 5 Aout 2016 - 10 titres – 16 minutes

Passons aux choses sérieuses avec ce cas relativement à part.

Pour faire simple, les SECT viennent de deux pays et de quatre villes différentes, sont constitué d’anciennes figures fameuses de la scène HC des années 90, qui ont laissé tomber leurs anciens comparses pour unir leurs forces au sein d’un projet commun. On retrouve dans leurs rangs James Chang, Chris Colohan, Scott Crouse, Ian Edwards et Andrew Hurley, qui se sont configurés aux alentours de 2015 avant de décider de s’unir dans une pulsion unique. Leur vision est en effet similaire, ils partagent le même goût pour le HC violent et lourd, mais s’unissent aussi autour d’une cause qui leur tient à cœur, le véganisme, ainsi qu’un solide sens de la réalité sociale des injustices.

 

Leur leitmotiv ? Outre le fait qu’ils vont vous arracher votre hamburger des mains si vous les croisez, ils semblent vouloir démontrer que la force du Hardcore n’a pas été atténuée par les années, et qu’il est toujours possible de ressentir ce sentiment d’urgence, qui traverse les époques, la politique, et de transformer le désespoir en débat et en action. Et à l’écoute de cet EP éponyme, il n’est pas difficile de croire en la pertinence de leur action. Leur musique est à l’image sonore de leur message, et ces dix morceaux vont vous retourner la tête pour vous obliger à réfléchir à cette question. Le HC peut-il encore secouer les consciences et rester cette musique dangereuse et efficace que nous avons toujours connue ?

La réponse semble évidente, et le devient encore plus entre leurs mains leurs notes et leurs mots. OUI.

 

Du Hardcore d’accord, mais pas n’importe lequel. Celui des SECT est très compact, très agressif et très épais. Ils citent dans leurs accointances les TORSO, AXIS, HIVE, CONDITION, ce qui vous indique un tant soit peu le créneau dans lequel ils évoluent. N’oublions pas au passage que le groupe est constitué d’anciens SHUT THE FUCK UP, mais que ceux-ci évoluent aussi au sein de formations actuelles comme OLD. Alors autant les prendre au sérieux avant d’aborder l’écoute de cet EP. Sect, l’album, est plutôt du genre violent et oppressant. C’est souvent très lourd, parfois à la limite d’un Sludgecore terriblement suffocant (« Rendition »), subtilement mélodique et vénéneux quand il le faut (« Sinking », final horriblement moite qui lâche un point final qui laisse légèrement mal à l’aise), mais surtout, versatile et convaincant. 

La production est un modèle du genre, parvenant à synthétiser des guitares purement Hardcore et une rythmique Metal sans trahir aucun des deux genres, mais en les unissant sans tomber dans le Crossover. Le HC de SECT et très puissant, mais reste accroché à ses racines, et fait parfois penser à une hybridation entre la rudesse des EXPIRE et à la violence urbaine des UNSANE. On peut aussi parler d’une version très contemporaine des AGNOSTIC FRONT, sans le côté bas du front.

Mais les révoltés savent aussi manier l’ultraviolence comme le démontre leur couvre-feu initial (« Curfew »), qui se répand en blasts et parties de double grosse caisse qui mettent les pendules de la conscience à l’heure dès l’entame de l’album. 

En gros, la musique est en parfaite adéquation avec le message. Selon ces activistes, les milices/polices d’état décrites par Orwell et les catastrophes écologiques pointées du doigt dès les années 70 sont déjà en train de frapper à nos portes, et le temps est venu d’agir, concrètement. Respecter notre monde et ses libertés individuelles, les droits fondamentaux des animaux, le libre arbitre, et trouver des alternatives au consumérisme suicidaire ambiant. Eux ont choisi de le faire au travers d’une musique extrêmement provocante et violente, et il est clair que leur philosophie s’en accorde très bien. Plus concrètement, Sect propose un nombre conséquent d’idées, de changements de tempo, de riffs qui se bousculent ou au contraire s’imposent par la force, et d’un chant viril qui n’a pas oublié ce que le terme « éructer » veut dire.

En gros, une solide dose de colère HC qui ne refuse pas quelques soli bien sentis (« Seventh Extinction »), des accélérations haineuses fatales qui s’écrasent soudain sur la réalité (« Interference », un des plus explosifs du lot), et des bourrasques striées de feedback qui adoptent une cadence infernale (« Total Void »). 

Je le disais, il est temps de passer aux choses sérieuses. Les SECT roulent leur bosse dans le milieu depuis suffisamment longtemps pour savoir ce qu’ils veulent et ce qu’ils disent, et Sect, le EP, provoque les neurones et les sens pour les remettre sur le droit chemin. Plus efficace que des slogans éculés lâchés dans la rue, les dix morceaux de ce brûlot sont disponibles en format physique dans le monde entier (Reflections Records en Europe, Alliance Trax au Japon, Caustic au Brésil, Damage Done Records en République Tchèque, Cactus en Malaisie, Resist Records en Australie, le tout en tape ou vinyle), alors inutile de fermer les yeux et dire que vous n’avez rien vu ou entendu venir. 

Et oui, en effet le Hardcore est de plus en plus d’actualité. Et tant qu’il trouvera des porte-paroles comme les SECTS, son message n’est pas prêt de mourir.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Metal and Oddities Reviews
Publicité
Publicité