Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Metal and Oddities Reviews
Archives
10 août 2016

HEGEMONY - Demo MMXVI

a2291279862_10

Goatprayer Records - Black Death - USA - 29 Mars 2016 - 3 titres – 12 minutes

Avons-nous fait le tour de la question du Black Death, dans sa forme la plus underground ?  Il serait tentant de répondre à l’affirmative, les innovations se faisant de plus en plus rares. Mais comme le proverbial village gaulois, il reste encore des irréductibles qui de par le monde continuent de saper les fondations à leur base. 

C’est, je crois, le cas des Américains d’HEGEMONY, originaires de Birmingham, Alabama. Le groupe existe depuis l’année dernière, mais à patiemment attendu 2016 pour offrir aux oreilles d’un monde plus si médusé que ça le résultat de ses efforts de violence musicale. Cette démo est disponible en version digitale sur leur Bandcamp, mais aussi par l’entremise du label Goatprayer Records, qui a réédité la tape d’origine en version ultra limitée de cent exemplaires qui seront visiblement les derniers physiques. 

Et suivez mon conseil, pour cinq petites livres, elle en vaut la peine. Et puis depuis que l’Angleterre s’est offert une sortie pas si royale que ça de l’Europe, chaque penny compte.

 

Musicalement, l’affaire HEGEMONY n’est pas vraiment complexe, mais multiple. Sous cet artwork minimaliste un brin guerrier se cachent trois morceaux diablement bien construits, qui répondent à une logique de progression plus riche qu’elle n’en a l’air. Certes, les racines sont Black, et les branches solidement Death. Le son est très compact et sombre, et l’instrumentation cohérente et soudée dans la haine. Mais on sent en filigrane un désir chez les trois Américains de proposer autre chose qu’une énième digression plate et consensuelle (si tant est que ce style puisse l’être, tout du moins chez les fans d’extrême), et d’être un peu plus inspirés dans la bestialité que la moyenne. 

Leurs attaques soniques ont la franchise des courants qui les ont influencés, mais les nombreux breaks, les idées pas si basiques que ça nous aiguillent sur une autre direction, indiquée par une boussole qui tourne un peu en bourrique dans sa recherche du nord.

 

Le chant caverneux reste dans les pas des grands chanteurs/grogneurs Death, tandis que la bande instrumentale en arrière-plan hésite à avancer droit devant, piochant dans la noirceur du FROST, celle du Black scandinave des origines, tapant de temps à autres la folie Grind de plein fouet, pour un résultat Ô combien dévastateur, mais plus réfléchi qu’on aurait pu le penser. De ces trois titres, aucun n’émerge en leader, et tous sont complémentaires. Feedback, sous accordage, rythmique à l’unisson, coups de cymbales en avertissement funèbre, c’est ce que propose l’intro de l’entame « No Throne Left to Topple » avant de s’affoler dans un beat forcé qui aligne les doubles croches sur fond de lignes vocales blindées d’écho. Plus qu’un premier morceau, c’est une promesse, celle que les choses vont vite dégénérer et offrir un spectacle bruitiste assez prenant. 

Sans parler de mimétisme, les trois entrées sont liées par des points communs, et abusent toutes de changements de tempo brutaux, de guitares qui souffrent de ne pas pouvoir utiliser la mélodie, et de vocaux mort subite qui s’accommodent fort bien des multiples cassures et accélérations ambiantes. Un peu Doom parfois, souvent très Death à la SOLSTICE avec cette patine BM qui enrobe le tout, cette première démo est une sacrée plongée dans les abysses de l’underground Américain, qui tente le tout pour le tout pour se réinventer sans renier ses bases. Un peu de formol AUTOPSY pour embaumer le corps, un brin de Death scandinave pour l’ambiance glaciale, et le résultat vous attend, livide, putride, mais finalement, assez vivant.

 

Une maquette qui aurait pu être enregistrée il y a vingt ans aux Sunlight Studios, et qui pourtant sonne plus US qu’un coup de caisse claire de Chris Reifert. Mais passé, présent, peu importe. La mort est intemporelle et universelle. HEGEMONY le prouve une fois de plus.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Metal and Oddities Reviews
Publicité
Publicité