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Metal and Oddities Reviews
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3 septembre 2016

ALEA JACTA EST - Dies Irae

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Useless Pride Records / Dooweet Agency - Hardcore - France - Septembre 2016 - 11 titres – 28 minutes

Paris, Paris…A force de parler de la capitale, on en oublie que « la province » est aussi un sacré réservoir de musique…C’est simple, on dirait d’ailleurs que personne ne pense à fermer le robinet. Alors ça coule, mais c’est plutôt cool…Facile la rime, mais j’en ai la chanson. Plusieurs même.

Lesquelles ?

Les onze qui forment le bloc qu’est le troisième album à venir de nos amis Toulousains d’ALEA JACTA EST. Et si le sort en est effectivement jeté depuis plus de dix ans, leurs dés continuent de rouler et de cumuler les 421. On ne change pas une équipe qui gagne ? A Toulouse comme ailleurs, la rage se déguste en équipe et lorsque le temps est venu de fêter l’anniversaire d’une bande, on ne plaisante pas avec les préparatifs. 

Oui, dix ans. Donc, bilan sans doute ? Comme le dit si bien leur agence de promo, « Trois albums, un split, des tournées européennes, en Russie, Indonésie, Maroc, Turquie ... la programmation au sein de festivals de renom comme le Hellfest, l'XtremFest mais aussi la création de sa propre structure, Useless Pride Records, qui progressivement a mis son talent au service d'autres groupes comme Get the Shot ou Parisian Walls ». Ça fait promo écrite comme ça, pourtant ça ne fait que décrire des faits. Oui, Vincent, Eric, Laurent, Pierre et Olivier sont toujours là, et même un poil plus revanchards qu’avant. Ils n’en ont pas pour autant dilué leur humour dans la fierté déplacée, et manient toujours aussi bien l’ironie. Ironie qui elle-même se retrouve fondue dans un mélange d’acier et de lave en fusion, et qui coule le long de nos oreilles comme le vent soufflant sur des jours de colère.

La leur est intacte, restituée avec férocité mais détachement, comme si les mecs savaient que de toute façon, les choses ne bougeront que si elles sont poussées par le cul.

 

D’ailleurs, les samples qui parsèment cet album nous rappellent que le sérieux absolu n’est pas pour eux. Ces dialogues de films connus (je vous laisse la surprise sinon, c’est comme laisser le trognon, c’est gâcher), interrompent une rude charge dentaire et stomacale qui vous laisse hébété, la gueule en vrac et les tympans ric-rac. Dies Irae est à l’image de son titre, et frappe fort, ne fait pas dans la dentelle mais reste finement ouvragé, beaucoup plus en tout cas que bien d’autres combos de Hardcore confirmés. Un son à décapsuler les canettes sans y toucher, profond, mat, puissant, avec une basse en infra qui pulse dans les frimas, bien que la canicule du mois d’août n’ait pas vraiment besoin de ça. La somme des parties ? Pas de grosse surprise, le tout reste dans la continuité du travail de sape du quintette, avec d’énormes riffs, des breaks concis, un phrasé vocal dentu et fourchu, et bien évidemment une cohésion globale époustouflante. 

Alors Hardcore, bien sûr, les ALEA JACTA EST n’ont jamais été autre chose. Mais si on remarque clairement le fil rouge qui lie toutes leurs sorties, cette dernière destinée à célébrer dix années marque un net regain de puissance, et une inspiration rauque et rude qui fait la différence. Alors que nombre de so-called fans continuent de se palucher sur les pseudos merveilles des artificiers US qui ne font que répéter les recettes de leurs glorieux aînés, les Toulousains s’en cognent et ne négligent pas leur propre culture pour autant. Si leur boucan sonne bon le Core New-yorkais des eighties et celui plus Anglais des années 2000, le fond reste bien frenchy, but not chic, et pique le derme au plus sensible. Et je vous assure qu’une toute petite demi-heure en leur compagnie passe pourtant très, très vite. 

Alors pour prolonger un peu le plaisir, et dans l’attente de la sortie officielle du skeud (septembre les amis, oyez oyez, mais en vinyle et en CD avec plein de goodies), un clip vous est offert sur un plateau pour illustrer la boucherie « Decem » qui justement ouvre de ses deux minutes et vingt-deux secondes la tuerie féconde. Ne le manquez pas, c’est votre seule chance encore estivale d’estimer la cavale, et croyez-moi, il vaut largement vos mirettes pour quelques instants.

Mais les dix autres morceaux auraient aussi pu se voir flanqués d’images, quoi que celles qu’ils évoquent mentalement et viscéralement ne sont pas dénuées de sens. Alors on y va, on lâche du « fuck », du « yeah », mais on le fait avec les tripes en étendard, et avec un son bonnard. Si les deux premiers pamphlets vous avaient ralliés à la cause, vous ne lui serez que plus fidèle à présent. 

Si parfois le groupe flirte avec le Downtempo, c’est pour mieux repartir allegro, tout en gardant sous le coude ce mid tempo qui donne des fourmis dans les poteaux. Un coup de double, un break qui trouble, et un max de chœurs qui déroulent, pour parfois atteindre un résultat si orgiaque que votre cœur en restera tout patraque (« Fall And Rise »).

Toujours à l’aise dans les hymnes immédiats (« Furia », pour le coup MASS peut trembler et les regarder de biais), ou dans les plans préparés avec patience et maestria (« Tell Them », intro bien lourde, entrée en matière collégiale qui bourdonne pour des percussions qui tonnent), enfin, en gros, un survol de leur propre passé et de celui des initiés, ceux pour qui le Hardcore se vit mais jamais ne se lit. 

Un genre de straight-edge musical qui refuse le trop tout en acceptant les excès, et qui se contente de ce que le style peut proposer de mieux.

Mais…

Sans pour autant se contenter du minimum. Alors dix ans les mecs ? Vraiment ? Et en plus une tournée qui nous attend ?

 

En colère ou pas, vous faites plus jeunes que jamais. Et vos jours ne sont pas comptés. Ceux de la concurrence et de sa suffisance par contre….Et n’essayez pas de les baiser, parce que sinon, ils vous mettront dans un tel état qu’il faudra desserrer votre col pour…

 

 

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